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Caméra cachée dans les vestiaires de la BEI : le procès en appel


Pas moins de 45 femmes s’étaient constituées parties civiles dans cette affaire. (Illustration : Isabella Finzi)

Pour avoir filmé ses collègues féminines dans les vestiaires à leur insu, le quinquagénaire avait écopé de 30 mois de prison ferme en première instance. Son procès en appel a eu lieu, mardi après-midi.

Pendant près de deux ans, entre mai 2014 et avril 2016, l’employé de la BEI avait installé une caméra camouflée dans un des vestiaires réservés aux femmes. Le quinquagénaire, qui a entretemps été licencié, ne conteste pas les faits. Il estime toutefois que la peine de prison ferme, à laquelle il a été condamné en mai dernier, est «inappropriée».

« J’estime que le tribunal de première instance n’a pas du tout pris en compte les efforts que j’ai pris pour sortir de ma situation», s’est exclamé le quinquagénaire à la barre de la Cour d’appel, mardi après-midi. Ce que le prévenu de 53 ans demande aujourd’hui, c’est une peine assortie d’un sursis afin qu’il puisse poursuivre sa thérapie et son nouveau travail. Les cinq mois passés en détention préventive, lui auraient servi de leçon. Dès sa sortie, il aurait engagé une psychothérapie spécialisée à Liège (B), explique-t-il.

«Condamner Monsieur à une peine d’emprisonnement ferme n’aboutira qu’à compromettre son combat qu’il mène contre sa pathologie», a renchéri son avocat. Pour Me Gilles Boileau, c’est un fait que son client a fauté et causé un sacré dommage autour de lui. La peine prononcée à son encontre serait néanmoins «contreproductive et non appropriée». Il demande à la Cour d’appel d’assortir la peine d’un sursis intégral ou probatoire. Il donne à considérer que son client a déjà été sévèrement sanctionné par la procédure de licenciement et les mois passés en détention préventive.

Outre la peine de prison ferme et l’amende de 1 000 euros, le quinquagénaire avait été condamné en première instance à indemniser 45 parties civiles à hauteur de 20 135 euros au total. Le volet civil ne fait pas l’objet du procès en appel. « Il a d’ores et déjà indemnisé la quarantaine de parties civiles pour le préjudice moral », a remarqué, mardi, son avocat.

L’ex-employé de la BEI est non seulement poursuivi pour avoir attenté à la vie privée de ses collègues féminines en installant une caméra camouflée dans leurs vestiaires, mais également pour avoir détenu du matériel pédopornographique. Une partie de son matériel informatique saisi contenait en effet des films d’une fille âgée de sept ans, qui pendant les vacances accompagnait sa mère au sport. À la différence de la défense, la représentante du parquet général estime que les premiers juges ont à juste titre retenu cette infraction : « Je suis d’accord avec la défense qui dit qu’il n’a pas cherché à filmer cette enfant. Mais il aurait pu et dû effacer tout de suite ces films. Il ne pouvait ignorer que cela tombait sous la pédopornographie. »

« Le gravissime antécédent judiciaire »

Dans son réquisitoire, le premier avocat général n’a pas manqué de revenir sur «le gravissime antécédent judiciaire du prévenu». En mars 2016, le quinquagénaire avait été condamné pour détention, consultation et diffusion de matériel pédopornographique. Lors d’une perquisition en mai 2014, 2 490 images et 3 456 films de ce type avaient été retrouvés sur l’ordinateur à son domicile. Pour ces faits, il avait écopé de trois ans de prison assortis d’un sursis probatoire, avec l’obligation de faire soigner ses tendances pédophiles, ainsi que d’une amende de 5 000 euros. « Malgré les poursuites dans cette affaire, il a eu le cran de se constituer une nouvelle collection d’images. Il a installé la caméra dans les vestiaires de la BEI, trois jours après la perquisition à son domicile en mai 2014 , soulève la représentante du parquet général. Se rendre deux fois par jour dans les vestiaires des femmes pour installer la caméra nécessite une grande énergie criminelle. »

30 mois, dont 15 mois de sursis probatoire requis

Même si le parquet général demande la confirmation de la peine de 30 mois, il est d’avis que 15 mois pourraient être assortis d’un sursis probatoire sous condition que le quinquagénaire poursuive son traitement spécifique. Enfin, il demande de confirmer l’amende de 1 000 euros et l’interdiction d’exercer une activité impliquant un contact habituel avec des mineurs pendant une durée de dix ans. Le premier avocat général estime toutefois qu’il n’y a pas lieu d’appliquer l’article 71.1 du code pénal lors de la détermination de la peine. Il n’est pas d’accord avec la conclusion de l’expert selon laquelle il souffrait d’un grave trouble mental ayant altéré le contrôle de ses actes. Il aurait ainsi toujours su ce qu’il faisait. La preuve : le prévenu aurait parlé de la «collection de ses trophées».

La Cour d’appel rendra son arrêt le 16 janvier.

Fabienne Armborst

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