« Le temps est venu d’actualiser » les règles de la concurrence dans l’UE, a estimé lundi la vice-présidente de la Commission européenne, Margrethe Vestager, face aux nouveaux défis que représentent le numérique et la mondialisation.
Cette annonce, faite lors d’une conférence à Bruxelles, intervient alors que de plus en plus de voix se sont élevées en Europe pour réviser le droit des fusions et de l’antitrust, notamment de la part de Berlin et Paris après l’interdiction par Bruxelles de la fusion Siemens-Alstom.
« Les défis auxquels nous sommes confrontés au début de cette nouvelle décennie nous obligent à réexaminer les outils que nous utilisons pour faire respecter les règles de concurrence », a déclaré la Danoise, rappelant que ces dernières datent de 1997. « Des changements tels que la mondialisation et la numérisation font que de nombreux marchés fonctionnent différemment de ce qu’ils étaient il y a 22 ans », a souligné Margrethe Vestager, gendarme européen de la Concurrence depuis fin 2014.
Des écosystèmes qui enferment les consommateurs
Margrethe Vestager a évoqué la possibilité d’une nouvelle définition du marché du point de vue géographique pour analyser les fusions-acquisitions. Sur ce point précis, l’allemand Siemens et le français Alstom avaient justement reproché à Margrethe Vestager de ne pas avoir assez pris en compte le danger de la concurrence chinoise pour les compagnies européennes dans un proche avenir.
La commissaire européenne à la Concurrence compte également se pencher sur la définition du marché pour s’adapter à l’ère du numérique. Dans son discours, elle a pris l’exemple des géants américains de la high-tech, comme Google et Apple, ultra-dominants dans leurs secteurs, ce qui réduit considérablement le choix pour les consommateurs. « Il se peut donc que nous devions à un moment donné nous pencher sur la façon dont ces écosystèmes peuvent enfermer les consommateurs », a-t-elle dit.
Margrethe Vestager, qui a infligé de fortes amendes à Google et Apple pour avoir enfreint les règles de la concurrence en Europe ces dernières années, est montée en grade dans la nouvelle Commission européenne, entrée en fonction le 1er décembre. Elle est désormais en charge de l’économie numérique, en plus de son ancien portefeuille concurrence.
LQ/AFP
Le mieux serait de faire un écosystème européen qui permette l’émergence de géants comme Amazon ou Google, plutôt que de réglementer la courbure des concombres ou les émisisons de CO2 qui sabotent l’industrie automobile européenne.