Qu’ils résident au Royaume-Uni ou dans un autre pays de l’Union européenne, la vie quotidienne des ressortissants britanniques devrait rapidement subir les conséquences concrètes de la sortie du pays de l’Union européenne. Tour d’horizon des principaux changements à attendre de cette sécession.
VISA
L’effet le plus immédiat et perceptible du Brexit devrait se faire sentir sur la liberté de déplacement des ressortissants britanniques au sein des autres pays de l’Union européenne. Si un simple document d’identité suffisait jusqu’à présent pour se déplacer au sein de l’espace Schengen, bien que le Royaume-Uni n’en soit pas membre, la sortie du pays du bloc des 28 devrait désormais s’accompagner de la nécessité pour les ressortissants britanniques de demander un visa en cas de voyage en Europe continentale. A l’heure actuelle, seuls 44 pays sur 219 imposent des visas à l’avance aux ressortissants britanniques.
Pour les expatriés en Europe
Le Brexit s’annonce encore davantage comme un casse-tête pour les 1,3 million d’expatriés britanniques vivant dans d’autres pays européens, notamment l’Espagne (319.000), l’Irlande (249.000), la France (171.000) ou encore l’Allemagne (100.000).
RETRAITES
Ceux-ci pourraient notamment voir les revenus de leurs retraites fondre comme neige au soleil en raison de la forte dépréciation de la livre, ce qui pourrait notamment compromettre leurs investissements immobiliers dans leurs pays d’adoption.
« Moi qui touche ma retraite en livres au Royaume-Uni, je verrai, impuissant, mes revenus se réduire », prédit Brian Hinchcliffe, retraité de l’enseignement, expatrié depuis 2000 dans le Périgord. « Et je devrai me demander: qu’est-ce je sacrifie? Des vacances? La voiture? La maison et rentrer? »
ASSURANCE MALADIE
Un autre problème se pose concernant la couverture médicale des expatriés anglais, en France par exemple où ils bénéficient du système médical national mais payé par la Santé publique britannique en vertu d’un accord bilatéral. Dans le même registre, un permis de travail pour les actifs britanniques vivant dans l’UE pourrait désormais être exigé.
EUROCRATES
Le destin professionnel du millier de fonctionnaires britanniques travaillant pour les institutions européennes, notamment à Bruxelles, semble également plus incertain que jamais (lire notre article sur les fonctionnaires travaillant au Luxembourg). Certains d’entre eux ont déjà songé à acquérir une seconde nationalité européenne, notamment belge.
GÉOGRAPHIE
Conséquence plus inattendue, la sortie du Royaume-Uni de l’UE pourrait rendre ses relations avec certains de ses voisins immédiats problématiques. L’Espagne pourrait notamment être tentée de fermer sa frontière avec Gibraltar, un rocher de 6 km2 collé à l’Andalousie où vivent 33.000 Britanniques.
Plus au Nord de l’Europe, le Brexit pourrait également créer une frontière entre l’Irlande du Nord et l’Irlande, ralentissant la circulation de milliers de personnes chaque jour.
Pour les Britanniques vivant au Royaume-Uni
VOYAGES
Les ménages britanniques devraient également se préparer à débourser davantage qu’auparavant pour aller passer leurs vacances sur le Vieux Continent. Non seulement parce que la chute de la livre face à l’euro va inévitablement réduire leur pouvoir d’achat, mais également en vertu d’accords communautaires qui permettent à toute compagnie européenne d’opérer sans limite de fréquence, de capacité ou de prix dans l’espace aérien européen.
« Le marché unique a permis à Ryanair de promouvoir la révolution du voyage peu cher en Europe », rappelait mi-mai Michael O’Leary, le directeur général de la compagnie aérienne britannique à bas coûts.
Sans parler des frais d’itinérance pour les téléphones mobiles, qui ont eux aussi été harmonisés à l’échelle européenne, ou des règles européennes permettant d’obtenir une compensation financière en cas de retard ou d’annulation d’un vol.
EMPLOIS
Si les partisans du Brexit ont fait de la conservation des emplois pour les Britanniques l’un des fers de lance de leur campagne, il est toutefois probable que la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne s’accompagne de la délocalisation de nombreux postes, notamment au sein des grandes banques ayant pignon sur rue à la City.
Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan, a averti début juin que la banque américaine, qui emploie un peu plus de 16.000 personnes au Royaume-Uni sur six sites, pourrait en supprimer de 1.000 à 4.000, notamment dans les fonctions de back-office et les salles de marché. Morgan Stanley envisage pour sa part de transférer 1.000 personnes sur 6.000 en poste au Royaume-Uni vers l’UE tandis que Goldman Sachs devrait en transférer au moins 1.600.
Le Quotidien / AFP