L’ex-maire de Londres Boris Johnson a été officiellement investi Premier ministre britannique à l’issue d’une visite à la reine Elizabeth II mercredi. Il a d’ores et déjà promis une sortie de l’Union Européenne « le 31 octobre, coûte que coûte ».
« M. Johnson a accepté l’offre de Sa Majesté et lui a embrassé la main lors de son investiture comme Premier ministre », a écrit le palais dans un communiqué. Il succède à Theresa May qui a dû démissionner en raison de son échec à mettre en oeuvre le Brexit.
Boris Johnson était reçu mercredi après-midi au palais de Buckingham à Londres par la reine Elizabeth II pour se voir officiellement confier la tâche de former le nouveau gouvernement britannique, avec pour mission de faire aboutir le Brexit.
La « priorité immédiate » de Boris Johnson sera d’accomplir le Brexit, a déclaré Theresa May, dans sa dernière allocution, prononcée devant la porte noire mondialement connue du 10 Downing Street. La Première ministre sortante a souhaité « bonne chance » à son successeur à qui elle laisse un pays toujours profondément divisé, trois ans après le référendum de juin 2016 qui a vu les Britanniques voter à 52% pour le Brexit.
Après que Theresa May, 62 ans, a remis sa démission à la reine Elizabeth II, Boris Johnson, 55 ans, s’est rendu au palais de Buckingham. Mais des militants écologistes de l’organisation Greenpeace se sont mis sur son chemin, formant une chaîne humaine et bloquant brièvement sa voiture. L’ancien maire de Londres est finalement parvenu au palais, reçu par Sa Majesté qui fera de lui son 14e chef de gouvernement.
Plusieurs démissions suite à la nomination de Johnson
Le nouveau Premier ministre devrait s’exprimer dans la foulée puis commencer à dévoiler la composition de son gouvernement. Il y aura plus de femmes et plus de représentants des minorités ethniques, selon la presse britannique. Avant même qu’il n’arrive à Downing Street, plusieurs ministres ont claqué la porte du gouvernement : le vice-Premier ministre David Lidington, le ministre des Finances Philip Hammond, celui de la Justice David Gauke et celui du Développement international Rory Stewart, tous opposés à une sortie sans accord de l’Union européenne, un scénario auquel est prêt Boris Johnson.
En partant, ils lui enlèvent le plaisir de les limoger et montrent que Boris Johnson, défenseur passionné du Brexit, ne fait pas l’unanimité, même dans son propre camp conservateur. « La seule façon responsable d’honorer le résultat du référendum de 2016 est de quitter l’UE avec un accord et sans un tel accord, je crains (les conséquences) pour la prospérité, la sécurité et l’unité du Royaume-Uni », a expliqué David Gauke dans sa lettre de démission postée sur Twitter. Theresa May a été contrainte au départ pour n’avoir pas su convaincre les députés de valider son accord de Brexit conclu en novembre avec l’UE.
Boris Johnson a déjà nommé comme conseiller Dominic Cummings, directeur controversé de la campagne officielle en faveur du Brexit lors du référendum de juin 2016, a-t-on appris auprès d’une source proche de son équipe.
Le Brexit « coûte que coûte »
Mardi, l’ancien ministre des Affaires étrangères, a répété son objectif: « Nous allons mettre en oeuvre le Brexit le 31 octobre », date butoir fixée après deux reports. Mais sa volonté de sortir coûte que coûte à cette date, même sans accord avec l’UE, inquiète les europhiles et les milieux d’affaires qui le pressent de renoncer à ce scénario potentiellement très dommageable pour l’économie. Le Parlement européen a mis en garde mercredi contre les conséquences « économiquement très dommageables » d’un départ du Royaume-Uni de l’UE sans accord. Il a également réaffirmé la possibilité de modifier la déclaration politique, qui pose les bases de la future relation entre le Royaume-Uni et l’UE après le Brexit, mais pas l’accord de retrait, laborieusement conclu, qui fixe les conditions du divorce. Tandis que chaque partie semble camper sur ses positions, le temps presse. « Nous attendons de savoir ce que le nouveau Premier ministre Boris Johnson veut, quels sont les choix du Royaume-Uni », a déclaré mercredi à la BBC le négociateur de l’UE Michel Barnier.
Du côté de Bruxelles, « le no deal ne sera jamais le choix de l’UE, mais nous sommes prêts », a souligné Michel Barnier. Avant la prise de fonctions de Boris Johnson, la Bourse de Londres était en léger recul. « Les questions clés portent sur qui va être nommé au gouvernement et comment il va se comporter avec l’UE dans les prochains jours. Beaucoup de choses ont été intégrées par le marché mais un vrai Brexit sans accord ne l’est pas », estime Neil Wilson, analyste chez Markets.com.
Outre le Brexit, Boris Johnson aura pour mission d’apaiser les craintes liés à l’escalade des tensions dans le Golfe, après l’arraisonnement vendredi par l’Iran d’un pétrolier battant pavillon britannique dans le détroit stratégique d’Ormuz.
LQ/AFP