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[BGL Ligue] Printemps 2024, l’heure de Trani ?


Trani, un (ou deux) petit(s) trophée(s) avant de quitter le pays ? (phot Mélanie Maps)

Le maître à jouer de Differdange est attendu à l’exportation cet été. Mais son niveau de jeu est tel qu’il serait injuste de ne pas le voir soulever au moins un nouveau trophée.

Regarder jouer Guillaume Trani, à l’heure actuelle, pose un problème de condescendance. On en vient à se dire que pour le Marseillais, la DN, c’est trop facile, et que les adversaires ne sont pas au niveau. Le milieu de terrain offensif est insupportable de régularité et, dans un très curieux parallèle, semble planer aussi haut au-dessus de ce championnat qu’un certain Rayan Philippe en 20022-2023. Ce dernier avait besoin de statistiques pour exister, les défenseurs le trouvant surtout d’une efficacité diabolique. L’ancien attaquant hesperangeois avait en effet terminé l’exercice précédent avec 32 buts et 24 passes décisives. Trani, lui, en est «seulement» à 8 buts et 6 passes (même s’il en revendique une septième, qui lui aurait été oubliée), mais il pointe à la première place du classement des meilleurs joueurs de la saison avec une moyenne de 6,15 quand Philippe et son implication dans 56 buts durant la saison avaient fait 6,27 l’été dernier.

«Non, ce n’est jamais facile», s’excuserait presque l’ancien Hostertois. «Disons que cela peut paraître facile, mais que cela ne l’est pas.» Se rendre insaisissable pour l’intégralité des milieux de terrain récupérateurs du pays nécessité en effet de savoir parfaitement qui l’on a en face de soi. Son souci de la semaine : savoir notamment si Schifflange, ce week-end, jouera avec un ou deux récupérateurs, et dans quel état se trouve sa pelouse. Son souci de la fin de printemps : aller chercher au moins un titre, surtout celui de champion, parce que «quand on a fait autant d’efforts et été premier aussi longtemps, c’est interdit de lâcher maintenant.»

Pourtant, il est presque déjà écrit qu’il ne profiterait alors que du simple fait de soulever le trophée sans aucune autre forme de gratification. Lui qui a déjà entendu la musique de la «Champions» au Vélodrome n’aurait finalement qu’un rêve, l’écouter en entrant, lui, sur un terrain. «Parce que ça doit faire quelque chose.» Sauf qu’on ne l’imagine plus au parc des Sports d’Oberkorn la saison prochaine pour s’offrir ce luxe. Et les bruits de couloir le confirment : Trani a reçu des offres de France, de Belgique et des Pays-Bas.

Le championnat néerlandais peut correspondre à mes qualités

Selon nos informations, que le joueur a refusé de commenter, le FCD03 serait sans doute enclin à le libérer pour (très) bons et loyaux services malgré une année en option, qui a été levée par sa direction, comme le contrat lui en laissait la possibilité. Combien vaut-il aujourd’hui? Sans doute plus que l’an passé… mais cela coûtera moins cher. Pas parce qu’il est moins bon, loin de là. Mais c’est justement parce qu’il a joué le jeu en restant avec le sourire que le bon de sortie ne sera pas trop élevé.

On l’attendait déjà à l’export après ses prestations contre Maribor, l’été dernier. Naïfi est parti. Castro aussi. Lui est resté, mais sans se plaindre, et c’est sans doute ce qui a fait la différence. «Je ne me suis pas dit « Fait chier, pourquoi eux et pas moi? » Au contraire, j’ai plutôt pensé que je finirais par trouver quelque chose de plus intéressant.» Car il y a neuf mois, les offres sont tombées sur le bureau de Fabrizio Bei. Elles n’ont juste pas été acceptées et personne aujourd’hui n’a à s’en plaindre. Parce qu’elles continuent d’affluer malgré l’anonymat encore trop évident de ce championnat qui n’arrête plus d’envoyer des garçons dans le monde pro.

«C’est forcément le marché français qui m’attire le plus», reconnaît le Méridional, éberlué de voir Van den Kerkhof (F91) puis Bohnert (Progrès) partir du côté de Bastia, encore tout récemment. «Mais chaque offre sera étudiée attentivement parce que chacune d’elle est le fruit de mon travail.» Surtout celles émanant de Eredivisie? «C’est un championnat très ouvert qui peut correspondre effectivement à mes qualités et où il sera peut-être plus facile de s’adapter. Je ne veux juste pas que ce soit une régression pour moi ou me retrouver dans le monde pro, mais sans jouer.» Tout semble écrit pour l’avenir lointain. Il y a juste l’avenir immédiat qui nécessite encore sa «totale implication», pour que le club en ait pour son argent, mais son cas à lui paraît entendu, alors qu’il disait aussi, il y a quelques mois, malgré le trèfle à quatre feuilles tatoué dans son cou, ou le mot «Hope» (NDLR : espoir) sur la cuisse, que pour le monde pro, «le train ne passe qu’une fois». Il faut croire qu’il se trompait : le Trani, lui, passe toujours deux fois…