Muté dans le sud de la France, le défenseur et capitaine bascharageois Nicolas Fernandes a raccroché les crampons dimanche, à 35 ans. Avec émotion et une pointe de frustration.
Employé à la ville de Metz, c’est à Beaucaire, «pile-poil entre Nîmes, Arles et Avignon», dans le sud de la France, que Nicolas Fernandes exercera désormais son métier de maître-nageur. Une mutation effective le 1er mai et qui sonne, à 35 ans, la fin de la carrière footballistique du défenseur central et capitaine de Käerjeng. Mais aussi d’une parenthèse de dix ans au Grand-Duché, à Dudelange (2013/14), au RFCU (14/15) et surtout à l’UNK (depuis 2015), qu’il quitte le cœur gros et l’esprit un peu tourmenté, la faute au spectre de la relégation, loin d’être écarté.
Ce déménagement, c’était prévu depuis longtemps?
Nicolas Fernandes : J’aurais voulu partir en juin, mais les postes à Beaucaire étaient ouverts depuis le début de saison. J’ai réussi à faire traîner les choses au maximum mais là, soit je prenais mon service au 1er mai, soit je perdais le poste. Je prends la route samedi, et ma compagne et mes deux filles me rejoindront fin juin, à la fin de l’année scolaire. Ma compagne a fait beaucoup d’efforts pour s’occuper de la maison et des enfants, l’objectif était donc de jouer jusqu’à mes 35 ans et de refaire une saison en BGL Ligue. Mais pour qu’il soit totalement atteint, il faudrait que Käerjeng se maintienne.
Pas question, donc, de rejouer, même en amateurs?
J’arrête. J’ai besoin de passer du temps avec ma famille. En étant entre Metz et le Luxembourg, j’étais parfois plusieurs jours sans voir mes filles. Les entendre pleurer derrière ma femme au téléphone parce que papa n’est pas là, c’est dur. Et puis, je suis trop compétiteur pour jouer à un « petit niveau« . Soit je joue dans de bonnes conditions, soit j’arrête. Ça m’embête fortement de laisser le club dans cette situation, mais j’ai eu des ultimatums au travail, je n’avais plus le choix.
En ton absence, croyez-vous vos partenaires capables d’aller chercher le maintien?
Je suis un compétiteur, donc oui. Et je sais qu’on a de la qualité dans le groupe. On est vraiment dans une mauvaise passe et il faut qu’on arrive à renverser la balance (sic). On a besoin d’un déclic, on ne sait pas du tout ce qui pourrait l’enclencher, mais j’espère que mon départ va changer quelque chose dans le bon sens.
Comment expliquer que vous ayez décroché de la sorte après votre bon début de saison?
C’est souvent le cas des promus : sur l’euphorie de la montée, on fait une bonne entame, puis on manque un peu de rigueur et de constance, et les petites erreurs qui ne sont pas problématiques en PH le deviennent. On le paie cash et on a vite fait de tomber dans une spirale négative. En ce moment, on fait trop de petites erreurs, techniques, tactiques et même physiques. Et mine de rien, le championnat est dur à gérer avec cette trêve très conséquente. Si on ne reprend pas dans de bonnes conditions en février, on est en difficulté en avril.
D’autant que vous n’aviez plus l’habitude de perdre, en tant que promu.
Ce n’est pas évident : beaucoup joueurs se remettent en question mais quand on arrive le lundi, ce n’est pas du tout le même enthousiasme, le même état d’esprit et ça joue. Toutes les choses qu’on arrive à faire quand on est en confiance, on ne les tente plus. Il y a aussi une part de chance : avec une petite pointe de réussite en plus, on aurait pu se relancer. Mais c’est aussi à nous d’aller la chercher. Pour l’instant, on est insuffisant dans trop de domaines pour que ça réussisse. J’ose espérer que ça va vite changer, car ça devient critique.
Cette dernière contre le Swift, ce n’était pas forcément la sortie espérée…
Arrêter sur une défaite (0-6), c’est très compliqué. On savait que ce match ne serait pas le plus facile mais laisser mes copains dans cette situation, ce n’est pas ce que je souhaitais. Mais j’essaie de rester sur le côté positif. J’ai eu de la chance, j’étais très bien entouré. Ma compagne m’avait fait une surprise : toute ma famille et mes amis étaient présents. Et tout le club a fait en sorte que ce soit un bel adieu. Ça fait chaud au cœur.
Quels souvenirs garderas-tu de ces dix ans au Luxembourg?
Au fil des années, j’ai vu ce championnat se développer, tant dans son organisation que dans la structuration des clubs. Les clubs ont fait un gros pas en avant, ce ne sont pas encore des structures pros comme j’ai pu en connaître (Metz, Trêves) mais on s’en rapproche. Un gros travail a aussi été fait sur les jeunes, ça portera ses fruits dans quelques années. À titre personnel, commencer à Dudelange et finir champion dès ma première saison, c’est un très bon souvenir. La Coupe d’Europe aussi. Après, j’ai posé mes valises à Käerjeng, qui restera mon club de cœur. La montée, la saison passée, est l’un de mes plus beaux moments ici.
De quoi sera fait ton temps libre, sans foot?
J’ai besoin du sport. J’ai été conditionné par ça toute ma vie. Je vais sans doute essayer d’autres disciplines que je n’ai pas forcément pu pratiquer en raison du foot : les sports de plein air, de combat ou mécaniques comme le moto-cross ou le VTT.
Faut-il s’attendre à vous revoir au Um Dribbel à l’avenir?
C’est sûr que je serai toujours là pour les soutenir et les aider, même à distance. S’il y a un maintien ou, plus tard, une montée à fêter, je ferai tout ce qu’il faut pour faire le trajet et vivre ça avec eux. C’est tout le bonheur que je souhaite à l’effectif, au staff et au club.