Le nouveau défenseur du FCD03 est le fils de Francis De Taddeo, directeur du centre de formation messin entre 1996 et 2006. Le joueur le mieux formé de la Grande Région débarque-t-il au Luxembourg?
Né à Metz il y a 25 ans, doté d’un gabarit (1,93 m) qui le destine à faire la loi dans le jeu aérien au cœur de la défense differdangeoise, Maxime De Taddeo a aussi un père qui a formé le champion du monde Robert Pirès (Marseille, Arsenal…), Louis Saha (Manchester United…), Emmanuel Adebayor (Monaco, Arsenal, Manchester City, Real Madrid…) ou encore Miralem Pjanic, (Lyon, Roma, Juventus Turin), entre autres grands footballeurs passés par la Lorraine. Et il n’est sûrement pas anecdotique d’avoir grandi avec une telle figure tutélaire à la maison.
Est-ce difficile d’être le fils d’un des formateurs les plus connus de la Grande Région?
Maxime De Taddeo : (Il rit) Cela m’a apporté plus de négatif que de positif. Mon père en est conscient, mais cela fait partie de la vie. Cela dit, pour rien au monde je ne changerais quoi que ce soit. D’ailleurs, même quand je vais visiter des appartements, actuellement, on me demande si je suis son fils. Je pense qu’il a marqué la région par son travail. Il a quand même produit énormément de très grands joueurs et cela lui a créé une vraie réputation, renforcée par son passage à la tête de l’équipe 1 du FC Metz (NDLR : entre 2006 et 2008 avec une montée en Ligue 1 en 2007).
Quand vous étiez tout jeune, être le fils du directeur de la formation, pour vous, cela devait être comme être le fils du prof de la classe : un calvaire…
C’était assez particulier, mais finalement, c’est le genre de choses qui dérangeait moins les enfants que leurs parents. Entre enfants, il n’y a pas de mauvais esprit, on veut juste jouer au foot ensemble et c’est tout. C’est un peu plus tard, à l’adolescence, que cela a eu un impact.
J’avais toujours droit à mon compte rendu. Alors oui, forcément (il rit), on a toujours un peu plus parlé de ce qui n’allait pas que de ce qui allait. Cela n’a jamais été gonflant, simplement parce que c’est moi qui étais demandeur
Estimez-vous avoir été mieux formé que d’autres, puisque pour vous, la réflexion autour du football continuait à la maison?
Je pense, oui, que j’ai eu la formation la plus complète possible. Mon père a su me transmettre un savoir tactique que, j’imagine, peu de joueurs ont. J’adore parler football avec lui. J’ai de la chance de l’avoir à côté de moi. Jeune, j’avais toujours droit à mon compte-rendu. Alors oui, forcément (il rit), on a toujours un peu plus parlé de ce qui n’allait pas que de ce qui allait. J’ai eu la chance de faire beaucoup plus de séances que d’autres et cela n’a jamais été gonflant simplement parce que c’est moi qui étais demandeur. Lui n’a jamais voulu que je sois spécifiquement un joueur de foot. Il veut juste que je sois heureux et j’aurais pu l’être en étant… je ne sais pas, avocat. Non, c’est juste que ce jeu me passionne.
Vous risquez de croiser au Grand-Duché beaucoup de joueurs formés par ses soins.
Je ne sais pas encore qui joue où. Mais c’est sûr qu’au fil de la saison je vais en croiser quelques-uns. Plus d’un ont dû me voir petit au bord du terrain, j’étais un peu la mascotte. Eux se souviennent de moi. Il y a même Grégory Proment qui m’a entraîné à Caen. Tous ont leurs anecdotes et j’ai l’impression qu’ils ont gardé de bons souvenirs de mon père.
Il disait beaucoup de bien du football luxembourgeois. Vous a-t-il conseillé de dire oui à Differdange?
Je fais mes choix, personne ne les fait à ma place et je prends mes décisions seul, comme un grand garçon. Je sors de deux années compliquées. Il me fallait un projet qui me redonne confiance et un peu de stabilité. Je veux m’inscrire dans la durée. Avant de dire oui à Differdange, j’avais une offre pour une saison de Cholet, en National 1. Mais je connais bien Jean-Philippe Caillet et j’ai immédiatement vu que le président Bei est une personne de confiance.
Vous allez retrouver Ryad Habbas, un ancien coéquipier de Créteil, qui a signé chez l’ennemi, le Progrès Niederkorn.
C’est vrai? Vous me l’apprenez, je ne le savais pas, je vais lui envoyer un message tout de suite. Cela sera magnifique de le retrouver dans un derby. Ryad se présente comme un numéro 9, le revendique. Pas mal de coaches préfèrent installer des gars plus costauds en pointe, d’autant que lui a les qualités pour jouer aussi dans un couloir. Mais il se débrouille bien aux deux postes et il a une très bonne frappe de balle. Ça va faire plaisir de le revoir dans ces conditions.
Entretien avec Julien Mollereau
Sa sœur est devenue célèbre avec «l’affaire Griveaux»
Alexandra De Taddeo, fille de l’ancien coach messin et sœur du nouveau joueur differdangeois, n’est plus une inconnue pour la France entière depuis le mois de février dernier. L’étudiante a en effet joué un rôle majeur dans le renoncement à la course à la mairie de Paris de l’ancien ministre d’Emmanuel Macron, un mois avant les échéances municipales.
Compagne de l’artiste et activiste russe Piotr Pavlenski, elle a vu ce dernier publier des vidéos à caractère sexuel piochées dans son téléphone portable (il a reconnu devant la police les avoir volées, sans le consentement de la jeune fille), expédiées par l’homme politique un an plus tôt, dans le cadre d’une relation.
De nature à perturber la carrière de footballeur de Maxime, qui évoluait alors à Créteil, en National 1? «Non, pas le moins du monde, accepte poliment d’expliquer le joueur. Si j’avais perdu quelqu’un de ma famille, là oui, ça m’aurait beaucoup touché. Mais il n’y a pas mort d’homme et on n’en parle déjà plus du tout.»
Tant mieux parce qu’à l’époque le défenseur avait déjà ses propres petits soucis de son côté. Recruté par Créteil, qui venait de monter en National 1 et qui s’était montré très chaud à l’idée de le recruter, il s’est retrouvé sur le banc et n’a joué que six des vingt-cinq matches d’un championnat terminé à la neuvième place, dans l’incompréhension presque la plus totale.
«Ce n’était pas une très bonne saison. Les nouveaux joueurs de l’équipe ont eu du mal à s’intégrer dans un collectif qui avait noué des liens forts lors de l’accession, ce qui n’est pas anormal. Mais il y avait en plus un coach têtu (NDLR : le Portugais Carlos Secretario) qui valorisait surtout les joueurs de la montée, justement. Et donc les nouveaux… étaient là pour boucher les trous.»
Bref, la fin d’année 2020 ne peut qu’être bien plus calme et productive pour Maxime De Taddeo, pour peu que Paolo Amodio ne décide pas de valoriser uniquement les joueurs qui ont conquis l’Europe.
J. M.