Alors qu’elle pouvait accueillir un grand chambardement interne, la trêve est allée de pair avec repos et remise en question pour le Fola et son coach Miguel Correia, opposés dimanche en Coupe à Kehlen, avant un test XXL une semaine plus tard contre le F91.
Il l’admet sans grand détour : dans «un autre club, l’entraîneur aurait déjà été viré». Mais Miguel Correia, ce sont déjà sept saisons au Fola, d’abord comme coach des U19, puis comme adjoint (ou les deux en même temps), successivement, du Français Cyril Serredszum, de l’Allemand Thomas Klasen, du Luxembourgeois Jeff Strasser et du Belge Sébastien Grandjean.
Cela n’a pas empêché le technicien eschois, dont l’équipe sort de quatre défaites avec 18 buts concédés (dont 17 lors des déplacements à Mondercange, Differdange et Hesperange), de profiter de la trêve internationale pour opérer une vaste introspection : «Je me suis posé la question « est-ce que je suis l’homme de la situation? Le fait d’être là depuis longtemps me permet-il d’avoir du recul? »»
Car si son ancienneté lui assure une certaine loyauté de la part de son employeur, elle peut aussi, pour lui comme pour ses joueurs, se révéler encombrante quand cette période de crise succède à des années d’euphorie. «Quand tu as vécu un titre (2021), l’Europe et des saisons pareilles, te retrouver là, c’est frustrant, car tu dois trouver des solutions. Or tu n’es pas habitué à ça et tu n’as plus la même qualité», avance-t-il pour justifier les difficultés connues cette saison par son groupe.
Des difficultés qui s’étendent, donc, au coach : «Comme pour eux, trouver de nouvelles idées, rester positif, c’est tout aussi compliqué.» Mais quand bien même son directeur sportif Pascal Welter, après un effondrement «incompréhensible et intolérable» à Hesperange (8-1, le 18 septembre), assurait que «toutes les options (seraient) posées», il n’a durant la trêve «jamais été question de changer le staff», d’après Miguel Correia.
Le mental, problème central
Les joueurs, eux, s’étaient vu octroyer une semaine de repos «pour se changer les idées». Le signe que le diagnostic du technicien porte avant tout sur le volet mental. C’est qu’avec les campagnes européennes, cela fait deux saisons de suite «que tout s’enchaîne», avec une reprise programmée deux semaines seulement après la fin du championnat. «Tu sentais que, mentalement, ils étaient un peu fatigués et avaient besoin de couper», observe Correia.
On a toutes les qualités pour rester en BGL, voire viser les places d’honneur
Vu l’intersaison mouvementée qu’a connue le Fola, totalement remanié et rajeuni durant l’été, ce calendrier l’a également desservi dans la construction de son collectif et d’un projet de jeu à mi-chemin entre le football offensif instauré par Sébastien Grandjean et celui, plus pragmatique, prôné auparavant par Jeff Strasser. Pour autant, s’il reste cet «équilibre à trouver», son coach en est convaincu : le club doyen ne doit «pas changer trop» de choses dans sa façon de jouer.
«C’est surtout une question de mental, d’attitude et d’agressivité, pointe le technicien. On doit être plus conquérants dans les duels, plus alertes par rapport à ce qui se passe autour de nous et meilleurs au marquage.» Mais aussi plus structurés : «À Hesperange, à partir du 3-1, les attaquants et les milieux défensifs ont voulu aller de l’avant, les défenseurs se sont repliés», et le bloc était ainsi coupé en deux.
Retrouver l’efficacité… devant ET derrière
Problématique quand on n’a pas un Manu Cabral, auteur d’une saison 2021/2022 «extraordinaire», pour rattraper le coup et masquer les «lacunes défensives». Ni, à défaut d’un buteur type Zachary Hadji, de «gars qui marquaient trois-quatre buts chacun» et qui, avec Cabral, étaient «les arbres qui cachaient la forêt». Or, «quand on ne marque pas de buts, on voit plus ceux qu’on encaisse, bien qu’on en encaisse beaucoup trop».
Passé ces questions de réalisme dans les deux surfaces, vitales s’il en est, reste donc celle du contenu, encourageant aux yeux de Miguel Correia : «J’ai regardé ce qu’on faisait de mal, de bien, et quand on fait les choses bien, c’est vraiment pas mal du tout. Pour le championnat qu’on veut faire, ce qu’on fait, c’est bien.» Mais quel championnat veut faire ce Fola, au juste?
«Il y a des équipes comme Dudelange et Hesperange qui sont dans un autre championnat, des équipes comme le Racing ou le Progrès qu’on peut toucher, et d’autres qu’on peut regarder les yeux dans les yeux, tranche l’entraîneur eschois. On a toutes les qualités pour rester en BGL ou, si ça marche bien, viser les places d’honneur.»
À condition, son groupe «le sait», de «faire preuve d’abnégation, de travail, de courses». Et, plus globalement, de «serrer les dents» et «rester patient». Premier minitest dimanche en 32e de finale de Coupe à Kehlen (D1), un adversaire que le club doyen, qui sort d’une semaine aussi studieuse que «constructive», n’est «pas en situation» de sous-estimer. Avant un test XXL, le week-end prochain, contre Dudelange en championnat.