La liste des points positifs autour de la reprise de la Jeunesse s’allonge : Achraf Drif, déjà souvent décisif, peut-il enfin refaire une saison complète?
Il y a des choses, dans le football luxembourgeois, a priori, qui ne se font pas. Et demander à Achraf Drif de ne pas dribbler, ce serait un peu comme interdire au Wiltzois Kevin Malget de monter se placer sur phase arrêtée, lui qui aimante miraculeusement les ballons, ou au Pétangeois Artur Abreu d’arrêter d’attaquer la profondeur balle au pied : une hérésie absolue! Drif est un artiste. Mais aussi un poète maudit.
Depuis son départ de Hostert, en 2018, au bout d’une saison très complète qui l’avait vu disputer 25 des 26 matches de la saison pour un total de 80 minutes en moyenne passées sur le terrain, il n’a plus fait que des (petits) bouts de saisons. Depuis et avant son arrivée à la Jeunesse, il n’avait en effet plus joué que 43 rencontres en… cinq saisons, s’adjugeant le titre d’homme de verre en chef de la BGL Ligue. Au Fola (2018-2021), qui n’était pas en reconstruction, au Swift (2021-2023), qui avait des postes triplés, c’était gênant mais pas dramatique. Dans cette Jeunesse qui se réinvente offensivement, le sujet Drif est hautement prioritaire parce qu’il vient enfin d’enchaîner quatre titularisations consécutives, ce qui ne lui était plus arrivé depuis… 2018, qu’il s’entend magnifiquement bien avec «Gonzo» Almeida dans le couloir gauche et qu’il a délivré trois passes décisives déjà.
L’un des principaux soucis de Marc Thomé, à l’heure actuelle, est donc de faire en sorte que son prince de l’élimination reste sur ses deux jambes et s’inscrive dans la durée. Donc qu’il ne se blesse pas. Donc qu’il ne se fasse pas dézinguer par tout ce que la DN compte de défenseurs «durs sur l’homme».
Le naturel revient peut-être parfois un peu trop vite
Thomé a donc repris un conseil qu’ont donné tant de coaches au Français depuis toutes ces années : «Achraf, je lui dis que c’est sa faute avec son jeu. Il porte trop le ballon, il doit plus varier et garder ses dribbles pour les 30 derniers mètres. Pas avant! Même si des coups, il continue d’en recevoir tout le temps.» Drif a d’ailleurs eu peur que l’histoire se répète à l’issue d’un gros tampon lors du dernier amical de présaison face à Bettembourg. Son corps est passé entre les gouttes. Son moral aussi : «J’ai 31 ans et c’est peut-être la maturité, mais effectivement, je commence à jouer plus simple. Bon (il rit), le naturel revient parfois un peu trop vite et je ne vais pas me gêner si je peux éliminer un joueur, mais oui, je vais arrêter de le faire à des endroits trop éloignés du but adverse, là où les défenseurs n’ont pas peur de faire faute.»
La bonne résolution qui va le remettre dans les dispositions d’il y a cinq ans? C’est tout un club qui l’espère. Parce qu’un Drif au taquet sera bien plus important cette saison pour la Vieille Dame que cela ne l’était pour ses précédents clubs. Et qu’avec le jeu qu’elle commence à développer, il serait dommage que tout se grippe pour une simple semelle prise dans sa propre moitié de terrain, à tenter un petit pont pas loin d’être inutile…