[BGL Ligue] Faire beaucoup avec très peu, un credo qui perdure au Fola

Lanterne rouge de BGL Ligue, le club doyen, qui vient de laisser partir Michael Omosanya à Thionville, doit comme l’an passé se montrer «inventif» pour se renforcer en vue de son opération maintien.

Interrogé début janvier dans ces colonnes, à la veille d’affronter le grand Olympique de Marseille en 32^es de finale de la Coupe de France (défaite 0-1) avec l’US Thionville-Lusitanos, dont il est le capitaine, l’ancien Niederkornois Adrien Ferino (31 ans, 210 matches avec le Progrès entre 2013 et 2022) disait du projet du club mosellan que «tout le monde commence à (le) prendre au sérieux».

Mais jusqu’ici, les seuls «ex» de BGL Ligue (Vincent Collet, Maxime De Taddeo, Thibaut Jacquel, Ryad Habbas, Ibrahim Baradji) s’étant récemment laissés séduire par celui-ci étaient des Français, connaissant déjà la Moselle ou la région Grand Est (ex-Lorraine et Alsace) pour y avoir grandi ou vécu, et ayant fait «un choix de vie» en rejoignant le 2^e (avec deux points en moins, mais quatre matches de moins que le leader, la réserve de Nancy) du National 3 poule I.

Mardi, cette tendance s’est rompue en même temps que la carrière de Michael Omosanya a pris une tournure inattendue : les Lusitanos ont attiré un international luxembourgeois (2 sélections, en octobre 2021 et juin 2022) en la personne de l’attaquant du Fola, dont le départ pour la France sonne sans doute le glas de ses rêves de devenir professionnel. Mais dont les statistiques récentes (aucun but en Regionalliga en 2022/2023 avec l’Eintracht Trier, un seul en BGL Ligue avec le Fola cette saison) ne lui permettaient pas de nourrir une telle ambition à court terme, cela dit.

Revenu «changé» (dixit Stefano Bensi, l’entraîneur du Fola) cet été de son prêt frustrant à Trèves, et resté à Esch faute de mieux, l’avant-centre de 24 ans espérait s’y relancer en vue d’une nouvelle expatriation dans le monde pro. Six mois, 12 matches et 2 buts plus tard (dont un en Coupe) plus tard, le voilà en 5^e division française, un championnat dont le niveau équivaut plus ou moins à celui de la DN.

Mais s’il n’a pas été la plus-value escomptée à son retour, son départ a au moins le mérite de soulager un peu les finances du club doyen, toujours aussi limitées que l’an passé à la même époque ou l’été dernier. «C’est encore très, très tendu», concède le directeur sportif eschois, Pascal Welter, contraint de se montrer «inventif» pour renforcer «un cadre qui a donné satisfaction en fin d’année» en empochant huit points sur les cinq dernières journées de la phase aller pour se relancer dans la course au maintien.

Inventif, le Fola l’a été en janvier 2023, au moment d’accueillir les Français Jordan Tawaba et Kévin Quinol. Aucun n’avait de fixe, tous deux étaient rémunérés à la prime et devaient donc bosser en parallèle du football. Le club leur versait une indemnité destinée à compenser leurs frais kilométriques et la signature de leur premier contrat au club était suspendue à un hypothétique maintien en BGL Ligue, dont le défenseur et l’attaquant ont finalement été deux des principaux artisans.

Depuis, «la situation n’a pas changé», et c’est ce qui explique pourquoi le champion 2021 ne s’est toujours pas renforcé cet hiver et n’en est encore qu’au stade des «pourparlers», dans le sens tant des arrivées que des départs, qu’ont sollicités quelques éléments peu utilisés durant la phase aller. «Pour le moment, il n’y a rien de signé, rien de concret, résume Pascal Welter. Mais il reste une semaine de mercato, ça va bouger prochainement.» Mais raisonnablement.

Difficile, puisque toute signature se fera «aux conditions actuelles du Fola», d’imaginer le club doyen réaliser de gros coups sur le mercato, comme sortir de son placard hesperangeois le Sénégalais Moussa Seydi (27 ans, 11 apparitions avec le Swift depuis sa signature à l’été 2022, la dernière début octobre), apprécié de Welter et qui a connu ses dernières saisons fastes à Esch, au Fola (36 buts entre l’été 2017 et mars 2020), puis à la Jeunesse (6 buts en 12 matches entre février et mai 2022).

«S’il joue gratuitement, on est preneur», ironise le directeur sportif du Fola avant de statuer, d’un ton plus sérieux : «Ce serait top, mais on ne peut pas se le permettre.» Les éventuels renforts seront donc certainement des profils similaires à Tawaba (29 ans) ou Quinol (26 ans) désireux de se montrer, de tenter sur le tard leur chance dans un championnat de première division, d’y performer et plus si affinités, c’est-à-dire si le club est sauvé. La formule marchera-t-elle deux années de suite?