La Ligue met la pression sur la FLF, qui semble prête à casser ses habitudes pour donner satisfaction… mais seulement à la Division nationale.
Y aura-t-il dix-huit joueurs sur les feuilles de match de la reprise, au mois d’août prochain, pour la première fois de l’histoire ? Ces dernières semaines, on s’est singulièrement rapproché de cette éventualité tant le front commun désormais formé par l’intégralité des clubs de l’élite semble propice à faire bouger les lignes.
Depuis que le covid est passé par là, que l’intégralité des pays européens est passée aux cinq changements par rencontre, la plupart des coaches de BGL Ligue, surtout ceux qui disposaient de ressources pour faire basculer les matches, n’ont eu de cesse de militer pour que le Luxembourg emboîte le pas à la «communauté internationale du football», sans rester sclérosé dans de vieux schémas. L’argument massue de l’administration fédérale tenait en ceci que tout le monde, à une époque pas si lointaine, n’était pas d’accord sur le sujet. Or, désormais, tous les clubs de l’élite le sont.
Il n’y aurait pas plus de sélectionnables
Ils le sont même au point de s’être mis d’accord sur ce point de détail – qui n’en est pas un – que le nombre de sélectionnables à coucher sur la feuille de match, théoriquement, n’augmentera pas. «Sinon, autant en rester à seize», murmurent certains dirigeants, qui n’ont qu’une hantise : voir le joueur luxembourgeois redevenir une rareté qui se paie cher sans que la qualité soit garantie.
D’accord sur tout, le clubs de la LFL ont donc décidé de mettre la pression sur la fédération. «On ne se laissera pas faire si on nous dit non», insistait même un président, tout récemment. Et selon les remontées, la fédération étudie actuellement la faisabilité du projet afin qu’il entre en application dès la saison 2023/2024. Exclusivement pour la DN. Peut-être plus tard pour la PH, voire les divisions inférieures, mais on en est encore loin. Un aboutissement qui permettrait enfin de tordre le cou à ce récurrent reproche qui dit qu’à Mondercange, on ne vit pas avec son temps.
Enfin la dissociation DN/divisions inférieures
Mais l’intérêt principal de cette information, au-delà même des évolutions sportives qu’elle suppose, est vraisemblablement ailleurs : si elle donne satisfaction aux clubs de l’élite, elle créera une forme de jurisprudence qui ouvre des portes pour l’avenir de la gestion du football luxembourgeois. Alors que Paul Philipp et son administration sont souvent revenus à cette évidence historique qu’ils représentent tous les clubs, sans distinction de niveau et qu’aucune différence de traitement d’aucune forme ne devait survenir, l’ère moderne est en train, lentement, de les rattraper. C’était déjà le cas avec l’installation des caméras pour les streaming, dans les stades de DN et PH. Cela risque de l’être également si le projet de VAR light voit le jour ces prochains mois.
Christian Weis, le président de Biwer, vient d’être élu tout récemment au conseil d’administration de la FLF en démarchant les clubs avec un discours qui a interpellé, justement, les clubs de DN, qui reconnaissait l’évidence : les divisions inférieures n’ont pas du tout les mêmes préoccupations que les clubs de l’élite. Cette idée-force semble faire son chemin alors que les entités de Division 1, Division 2 et Division 3 œuvrent actuellement à la fondation d’une autre Ligue, qui représenterait les intérêts qui leur sont propres.
Plus que jamais, il semblerait que le football luxembourgeois, avec ces dix-huit noms et cinq remplacements, s’apprête à passer un cap décisif. Celui de la séparation des besoins des élites de ceux de la base.