Libre, déjà passé par le club comme joueur et le Luxembourg comme coach, Stéphane Leoni avait le profil idoine pour succéder à Pedro Resende à Differdange, où il s’est engagé mercredi.
Le timing était serré, mais Fabrizio Bei a tenu sa promesse. Alors qu’il s’était engagé, mardi matin, à trouver un successeur à Pedro Resende «dans les 24 heures», le président differdangeois s’est mis d’accord mercredi en fin de matinée avec Stéphane Leoni, libre depuis la fin juin et son départ du voisin du Progrès Niederkorn.
L’information avait déjà filtré depuis quelques heures chez nos confrères du Wort, ce qui a eu le don de surprendre un Fabrizio Bei qui n’avait, il l’assure, pas encore signé le technicien. Mais en même temps, combien étaient-ils à être disponibles, expérimentés, rompus aux joutes de la BGL Ligue et supposément compétents pour le poste?
Assez peu, et à ces prérequis, qui ont d’emblée exclu les nombreuses candidatures émanant de l’étranger, Leoni ajoute un avantage non négligeable compte tenu de l’urgence de la situation du FCD03, neuvième à 16 points du leader dudelangeois, 14 du dauphin hesperangeois et déjà battu quatre fois en neuf journées: il connaît la boutique, pour y avoir évolué à la fin de sa carrière de joueur, entre 2010 et 2012.
De 2011 à 2022, l’Europe en fil rouge
Son adjoint, Chadli Amri (2017/2018), qui le secondait déjà à Niederkorn, aussi. Les deux hommes se sont engagés jusqu’en juin, avec une option pour une saison supplémentaire conditionnée à leurs résultats et leur capacité à guider Differdange à la troisième place, son objectif avoué à présent que les deux premières sont totalement hors de portée. Voire à «gagner la Coupe», se prend à rêver Fabrizio Bei déterminé à rejouer l’Europe dès la saison prochaine.
On a parlé trois heures de football, et deux heures de financier
L’Europe, Leoni l’a connue avec le FCD03 en 2011, année d’une épopée qui a vu Differdange passer deux tours préliminaires de Ligue Europa puis tomber en barrages contre le PSG. Mais plus que ces «grands moments» ou l’«amitié» qui lie les deux hommes, c’est la détermination affichée par le technicien qui a fait mouche auprès de Fabrizio Bei en début de semaine, quelques années après de premières discussions finalement infructueuses.
«Il avait vraiment envie de venir à Differdange, je l’ai senti, expose le président differdangeois. Quand tu sens ça, c’est tout de suite plus facile.» Notamment au niveau des négociations, résumées façon Kylian Mbappé par le dirigeant : «On a parlé trois heures de football, et deux minutes de financier.»
«Très bien préparé» pour l’entretien
Et certainement pas du récent passage du Leoni au Progrès (2020-2022). Bei l’assure, il n’en tient aucune rigueur au technicien, dont il juge d’ailleurs qu’il a «fait du bon boulot» à Niederkorn. «Ce n’est plus comme il y a 20 ans, replace le dirigeant. Il voulait une opportunité de venir au Luxembourg, il l’a eue, c’est passé. À présent, on pense au futur.»
Un futur que le président differdangeois veut croire radieux tant son nouvel entraîneur lui est apparu «très bien préparé» mercredi matin, à l’heure de signer son contrat. «Il a vu presque tous les matches et connaît nos joueurs par cœur, les adversaires aussi, apprécie le président differdangeois. Il va imposer son coaching au fil des semaines.»
En attendant, c’est l’état d’esprit des joueurs et leur «volonté de gagner» que Fabrizio Bei scrutera particulièrement, dimanche contre Käerjeng. En ce qui concerne Leoni, ça ne fait déjà plus l’ombre d’un doute : «Il est chaud bouillant pour prendre Differdange et le ramener là où il doit être.»
Stéphane Leoni : «Ça commençait à être long»
Resté attentif au football grand-ducal durant ses quelques mois de chômage, Stéphane Leoni attendait impatiemment de replonger en BGL Ligue. C’est chose faite.
Au niveau familial, ne plus entraîner a évidemment du bon. Stéphane Leoni, beaucoup plus présent à la maison depuis juin et la fin de sa mission au Progrès, ne dira pas le contraire. Il n’empêche qu’une certaine impatience commençait à se faire ressentir chez le technicien, un sentiment accentué par la reprise, aussi bien sportive que scolaire.
«Ça commençait à être long, sourit le natif de Saint-Mihiel (Meuse). La compétition me manquait.» Mais pas n’importe laquelle, et c’est d’ailleurs pour cela que l’ancien latéral du FC Metz a refusé les U19 du club grenat, «car j’avais envie de coacher des seniors».
De préférence en BGL Ligue, un championnat resté «dans un coin de (sa) tête», dont il a regardé «beaucoup de matches» depuis août, en streaming comme au stade, et où il se doutait que son nom circulerait, au même titre que «d’autres profils intéressants comme Sébastien Grandjean», dès lors qu’interviendrait un licenciement.
Pour le coup, l’alignement des planètes était parfait : parmi les trois bancs qui se sont libérés ces derniers jours figurait celui de Differdange, un club où il a «vécu de bons moments en tant que joueur» et où il «retrouve des personnes» qu’il apprécie, mais qui a connu «un peu plus de difficultés» ces derniers mois après le «bon travail» de la saison dernière.
«Faire le maximum jusqu’en décembre»
Mais l’heure n’est ni à dresser le bilan de l’ère Resende, ni à évoquer les vieux souvenirs, plutôt à se donner les moyens d’en écrire de nouveaux. Le plus tôt étant le mieux : «Il faut créer un électrochoc et obtenir des résultats tout de suite, répondre immédiatement présent et vite donner du plaisir aux supporters.»
Si possible dès dimanche contre Käerjeng, «une équipe assez solide, avec un coach (NDLR : Marc Thomé, un autre ancien de la maison differdangeoise) qui fait du bon travail», mais que le FCD03 ne craint pas, car «quand on est Differdange, on ne craint personne. On jouera tous les matches pour les gagner».
Et ainsi «prendre le plus de points possible» d’ici à la trêve hivernale, où Leoni «fera le point avec les joueurs et les dirigeants». Ces derniers lui ont demandé la troisième place, une mission légitime à ses yeux et qu’il aborde «en compétiteur, avec beaucoup d’envie». Et avec une certaine pression?
«Tout ce que je veux, c’est tirer le maximum de mon équipe, match après match, sachant qu’il n’y a aucun match facile en BGL Ligue, évacue-t-il. Mais on est ambitieux. On va faire le maximum jusqu’à décembre avant de commencer une nouvelle préparation. L’objectif, c’est de se rapprocher le plus possible du haut.» C’est-à-dire du podium, qui n’est encore aujourd’hui qu’à 4 points.