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[BGL Ligue] Avec Selvaggi, le F91 a son (nouveau) carnet d’adresses


Un agent, c’est (aussi) un carnet d’adresses. Et il le garde quand il devient directeur sportif. (photo Mélanie Maps)

En installant le désormais ex-agent de joueurs Marco Selvaggi au poste de directeur sportif, Dudelange, qui n’a plus d’argent, s’est ouvert en grand un nouveau réseau à moindres frais. Malin ? Les prochains mercatos devraient le dire, alors que celui-là n’aura été qu’a minima.

Quand on n’a pas de pétrole, on se doit d’avoir des idées. Et installer un agent de joueurs ayant dix ans d’expérience à un poste de directeur sportif n’est peut-être pas forcément la pire d’entre elles. Si le F91 veut continuer à exister, il lui faut des réseaux. Voire mieux, un réservoir de joueurs ayant longtemps fait partie d’une écurie et qui suivraient éventuellement l’homme qui gérait leur carrière, au besoin. Bon calcul. Surtout quand l’agent en question représentait surtout des jeunes en devenir ou des garçons encore loin d’avoir atteint leur plein rendement, de Giuseppe Ferretti (Mersch) à Kenan Avdusinovic (Hostert) en passant par Alen Agovic (Strassen) ou Issa Bah (Progrès), sans oublier James Rodrigues (Venise)…

Mais au travers de l’interview qu’il nous a accordée, il semble évident que le nouveau paramètre en jeu est aussi, désormais, de parvenir à vendre. Et bien si possible. Sans plus laisser les clubs pros ou semi-pros s’en repartir sans avoir à verser une compensation. Un vrai boulot…

Comment vous êtes-vous retrouvé directeur sportif du F91 ?

Marco Selvaggi : On s’est retrouvés à en discuter en parlant avec Gigi Tallarico. Il m’a annoncé que Manou Goergen aurait moins de temps à consacrer à ce poste-là pour des raisons privées et professionnelles. Et Gigi pensait que ça pourrait m’intéresser, disant que c’était un poste pour moi. J’ai réfléchi peu de temps avant de me rendre compte que je pourrais le faire. Il fallait juste que je mette un terme à dix ans d’activité d’agent de joueurs. J’ai recasé une quinzaine de mes garçons chez Alain Fichant et d’autres avec un avocat italien, dont James Rodrigues.

Et ces garçons avec lesquels vous avez travaillé pendant des années constitueront les premières pioches du F91 sur les prochains mercatos ?

Certains sont effectivement très intéressants… mais encore sous contrat. Mentalement, ils sont prêts, je le sais. En tout cas, je sais que si j’ai l’accord du président et du comité, un ou deux pourraient nous rejoindre dès cet été.

Devenir directeur sportif du club le plus titré du pays dans ce siècle, mais avec des moyens toujours plus à la baisse, cela implique quoi ?

Ma première tâche, outre le fait que je vais faire un peu de marketing aussi, c’est d’assister Manou Goergen dans ses prérogatives quotidiennes et, aussi, d’être encore plus présent qu’il ne pouvait l’être auprès de l’équipe. J’aimerais devenir un pilier de l’organigramme, en réfléchissant à une stratégie de développement. Oui, il faut pondre un nouveau projet. Par chance, je connais ce club depuis pas mal de temps, depuis que Damon Damiani y était entré alors qu’il était mon directeur, chez Mercedes.

Les moyens financiers du club sont devenus extrêmement restreints, sans plus aucune commune mesure avec l’époque Flavio Becca. Que vous a-t-on donné comme perspectives pour faire votre boulot ?

En fait, on n’a pas parlé des moyens ! Mais alors pas du tout ! Mais c’est une évidence qu’il faut recruter léger. Oui, ça, on me l’a dit! Il faut que ça ne coûte pas cher. Il faut être malin. Et même en l’étant, c’est compliqué.

Si des offres intéressantes étaient arrivées, on aurait laissé des bons de sortie

Bref, pour conserver un certain standing à ce club, pas le droit de se tromper…

Non. Ne pas se tromper ET respecter le budget. Là, pour cet hiver, j’avais quelques bonnes infos sous la main grâce à mes contacts un peu partout en Europe. Mais on a décidé de ne rien faire sauf affaire exceptionnelle (NDLR : l’interview a été réalisée avant la potentielle signature de Diogo Monteiro, aujourd’hui, alors que le joueur est à l’essai depuis quelques jours).

Ce n’est pas frustrant d’avoir longtemps dû rester muet, pour un directeur sportif et ancien agent, lors de son tout premier mercato ?

Non, pas du tout. S’il avait fallu, j’aurais eu des idées. Mais je suis aussi convaincu que l’effectif en place peut finir à l’une des trois premières places. Ils travaillent dur et bien et je suis d’avis qu’avec ce cadre, on n’avait pas besoin d’aller sur le marché. Et si on a des besoins en cours de deuxième partie de saison, on a plein de bons jeunes qui se préparent dans l’ombre.

Et quelles étaient les consignes en cas d’intérêt pour certains garçons de votre effectif ? Puisqu’on annonçait Van Lingen ou Sidibé courtisés, par exemple…

Ah, sur cette info, je ne peux pas vous répondre. Mais je suis d’avis que si des offres intéressantes étaient arrivées, on aurait laissé un bon de sortie à quelques garçons. Mais il n’y a aucun transfert en cours.

Directeur sportif, c’est comment après avoir été agent ?

En termes d’investissement, c’est équivalent. Sauf que maintenant, je n’ai plus besoin de voyager tous les week-ends, ni de passer tout mon temps devant l’ordinateur pour des visioconférences.

Et quand un agent vient vous proposer un joueur, vous flairez mieux les bons coups ou les arnaques ?

J’en ai eu beaucoup en ligne cet hiver, mais tous recevaient la même réponse : on n’est pas intéressés. Enfin, certains profils nous auraient forcément intéressés, mais ils étaient beaucoup trop chers. On n’aurait pris qu’une vraie pépite ou un joueur en prêt gratuit.