Mené 2-0, 3-2 puis 4-3 mercredi, le F91 a renversé sur le fil le Fola et arraché son billet pour la finale de la Coupe de Luxembourg. Un scénario dingue dont peinait hier encore à se remettre son président, Gerry Schintgen, qui en a pourtant vu d’autres en 47 ans au club.
Où situer ce Fola-F91 complètement fou dans votre panthéon personnel?
Gerry Schintgen : (Il rit) C’est l’un des meilleurs matches que j’ai vus, et j’en ai vu beaucoup, pourtant, en 47 ans au club (NDLR : arrivé au F91 à l’âge de 10 ans, il en a pris la présidence en 2020). C’était un match extraordinaire de la part des deux équipes. En première période, le Fola était supérieur, mais en deuxième, les deux équipes étaient très fortes. On peut dire que c’est le meilleur match de la saison : on a fait un match très intense en quarts de finale à Niederkorn (0-2 a.p.), mais je crois que là, c’était un cran au-dessus! Mais des deux côtés : le Fola a fait un match énorme. La réussite était de notre côté à la fin du match, mais sur la deuxième mi-temps, je pense que ce n’est pas démérité.
Il est plus difficile de se fixer des objectifs en Coupe qu’en championnat. Quel était le vôtre dans la compétition?
On a toujours dit à nos joueurs et notre staff : « Faites-vous plaisir pour pouvoir jouer la finale dans ce beau stade« . D’autant que nous n’avons jamais joué à domicile : à partir des huitièmes, on est allés à Mondorf, à Niederkorn et au Fola. Si on élimine ces trois clubs chez eux, on mérite cette finale! Surtout quand on voit le caractère de l’équipe, qui n’a jamais abandonné : même après une première mi-temps compliquée, ils ont quand même tout donné pour passer.
À 2-0 en faveur du Fola à la pause, y croyiez-vous encore mercredi?
À la mi-temps, j’ai dit qu’il fallait un but très rapide pour nous relancer et c’est ce qui s’est passé : le coup franc de Kevin (Van den Kerkhof) nous a remis dans le match (2-1, 54e). Le but de Bojic (2-2, 56e), c’était extraordinaire! Ça nous a quand même fait mal quand le Fola est revenu à 3-2 (62e), puis à 4-3 (70e), mais l’équipe n’a jamais lâché, le staff a continué à motiver les joueurs et même à ce moment-là, je me suis dit : « Pourquoi pas?« . La Coupe, c’est « Do or die« , tout se joue sur un match, et c’est pour ça que j’y ai toujours cru, d’autant que l’équipe jouait bien, que Van den Kerkhof et Kirch travaillaient énormément sur les côtés et qu’on avait de la réussite devant.
Votre club a déjà réalisé sept doublés Coupe-championnat au XXIe siècle*. Mais compte tenu de vos moyens actuels, incomparables avec ceux d’il y a quelques années, un doublé cette année aurait une saveur toute particulière, non?
Absolument. Ce serait extraordinaire, mais pour nous, le premier objectif, c’est de gagner dimanche contre Hamm, de garder la tension haute chez les joueurs, la concentration. Il n’y a pas de match facile, on l’a encore vu à Rodange dimanche dernier : on a 75 % de possession mais le 2-0, qui nous a complètement libérés, n’est tombé qu’à la 83e. Mais ce serait une grande satisfaction, une grande reconnaissance si on pouvait faire le doublé. Je pense aux joueurs, au staff, mais aussi aux bénévoles et à tous les supporters, qui le méritent.
J’entends beaucoup de rumeurs, mais notre priorité, c’est de continuer avec Carlos Fangueiro et son staff. Et je pense que c’est la sienne aussi.
Une victoire en Coupe, et a fortiori en championnat, peut-elle avoir une quelconque influence sur l’avenir au club de Carlos Fangueiro, que des rumeurs ont envoyé à Pétange ou au Swift ces dernières semaines?
Non. Je crois que nous l’avons toujours dit : nous voulons continuer avec Carlos et son staff. Ils nous ont conduit l’année dernière à la deuxième place et à la Conference League et cette année, si tout va très bien, on fera le doublé, et si tout va bien, on sera champions. J’entends beaucoup de rumeurs, mais notre priorité, c’est de faire une proposition à Carlos et de continuer avec lui. Et je pense, mais je parle sous son contrôle, que c’est la sienne aussi. Si on avait perdu mercredi, notre avis ne serait pas différent : cela n’aurait rien changé à la qualité et à l’attitude qu’on a montrées en deuxième mi-temps. Et surtout, il faut regarder le tout. Nous sommes très proches du staff, nous ne parlons peut-être pas beaucoup mais nous observons bien. Il ne faut pas juger le travail de deux saisons sur le résultat d’un match épique comme celui-là.
Avez-vous vu vos joueurs à la fin du match, et si oui, que leur avez-vous dit?
Oui, je suis allé les voir dans le vestiaire, où l’ambiance était évidemment très bonne. Comme après chaque victoire, ils ont eu leur traditionnel casier de bière! Je les ai félicités et leur ai dit qu’il fallait tout faire, désormais, pour gagner dimanche. Si c’est le cas, ils auront sans doute deux casiers de bière d’un coup!
*En 2006, 2007, 2009, 2012, 2016, 2017 et 2019.