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BGL : «La tendance est au moratoire» en matière de crédit


Seulement 16 % des effectifs de la BGL sont physiquement à leur poste et 33 % sont en télétravail (photo : Alain Rischard/archives LQ).

Selon la BGL BNP Paribas, qui a présenté ses résultats jeudi, face à la crise actuelle, les entreprises semblent privilégier le report des crédits en cours aux nouveaux crédits.

La présentation des résultats financiers annuels est presque une tradition printanière pour la banque BGL BNP Paribas. Mais avec cette crise sanitaire, la banque a fait passer ses bons résultats au second plan. «Pour paraphraser le ministre des Finances, les banques doivent faire partie de la solution à cette crise. Le rôle de la banque est donc de fournir les liquidités nécessaires pour surmonter les difficultés financières en lien avec cette crise sanitaire», lance Étienne Reuter, président du conseil d’administration de la BGL BNP Paribas, lors d’une conférence à distance.

Véritablement nerf de la guerre pour les entreprises, grandes et petites, les liquidités sont au cœur des préoccupations. Si le gouvernement a annoncé des mesures d’aides comme une garantie bancaire de 85 % des nouveaux crédits pour une enveloppe totale de 2,5 milliards d’euros, les entreprises ne se tournent pas encore vers cette solution. D’autant plus que dans les faits, la loi n’est pas encore votée et les banques ne peuvent pas encore accorder un crédit adossé à cette garantie bancaire.

«La tendance est au moratoire, effectivement. Les entreprises, dans un premier temps, sont venues vers nous afin de demander un moratoire sur leurs crédits. C’est une chose tout à fait attendue dans ce genre de situation en attendant d’en savoir plus sur leur situation de trésorerie et la durée de la crise sanitaire», explique la directrice Banque des entreprises de BGL BNP Paribas.

Des milliers de moratoires

Anne-Sophie Dufresne précise : «Nous avons mis en place des moratoires, d’une durée maximale de six mois, un très grand nombre même.» Impossible pour le moment de  sortir un chiffre exact, mais l’établissement financier assure les compter par «milliers». La banque, située au Kirchberg, souligne avoir renforcé ses équipes et avoir mis en place une procédure «fast track» afin de répondre très vite aux demandes de ses clients, dont un grand nombre d’entreprises.

Pour autant, même si la situation est exceptionnelle, la banque n’entend pas faire n’importe quoi et accorder des crédits à tour de bras tout en endettant aveuglément les entreprises. «Il est effectivement important de ne pas endetter encore plus des entreprises qui ne pourront pas supporter une dette importante à la sortie de la crise. C’est pour cela qu’il est nécessaire de regarder chaque demande au cas par cas», a souligné Yves Nosbusch, économiste en chef de la banque.

Cette réflexion est partagée par Anne-Sophie Dufresne : «Évidemment, nous regardons au mieux chaque situation. L’essentiel pour nous est de faire en sorte de mettre en place des mesures progressives et adaptées aux entreprises. En premier lieu, nous privilégions les moratoires, puis des besoins de trésorerie à court terme, ensuite l’on s’ajustera avec les entreprises sur ce que leur a coûté la crise en termes de liquidités et nous verrons comment elles pourront l’amortir sur la durée pour que cela pèse le moins possible sur le rebond d’activité qu’elles pourraient connaître après la crise. Nous sommes vigilants de ne pas faire peser un endettement trop important.»

En télétravail et opérationnels

«En tant que grande banque luxembourgeoise, nous avons une responsabilité importante dans le cadre de cette crise sanitaire sans précédent. Notre rôle dans la situation actuelle est d’être au plus proche de nos clients pour les accompagner et les soutenir tout au long de cette période difficile. Je remercie les nombreux collaborateurs de notre banque qui font preuve d’un engagement et d’une énergie collective formidable pour assurer un service ajusté à tous nos clients», déclare Geoffroy Bazin, président du comité exécutif de BGL BNP Paribas.

La crise sanitaire a également chamboulé l’organisation du travail au sein de la banque qui compte 2 400 salariés. «Nous avons réussi à mettre en télétravail 800 collaborateurs tout en garantissant la sécurité de nos données et de nos opérations», précisé Geoffroy Bazin avant d’ajouter : «Physiquement, il reste 450 personnes dans nos différents bâtiments. Nous avons séparé les équipes et nous avons réparti notre personnel sur plusieurs bâtiments afin de respecter les mesures barrières. Deux cents collaborateurs sont en congé pour raison familiale et 200 autres collaborateurs sont en congé déjà prévu ou en maladie. Nous avons décidé de ne pas recourir au chômage partiel.»

Des gestes de solidarité

Enfin, 700 collaborateurs «sont en dispense, à la maison, mais ils restent en astreinte. Cela concerne des fonctions non essentielles.» La banque entend tout de même leur trouver un rôle : «Comme ils restent rémunérés par la banque, nous les invitons à faire du mécénat de compétences pour venir en aide à de petites entreprises ou des associations. Nous sommes d’ailleurs en train de monter un programme dans ce sens.»

Autre mesure mise en place par la banque, l’exonération de charges et de loyers pour les start-up hébergées dans son incubateur au Kirchberg. «C’est un petit geste, mais cela montre là aussi que nous sommes à leur côté», a souligné le président du comité exécutif.

De plus, la banque a décidé de soutenir des initiatives diverses pendant cette crise afin de venir en aide aux personnes les plus fragiles. Elle a notamment décidé de doubler les dons que feront ses collaborateurs. «Nous avons également donné nos 5 000 masques FFP2 aux organismes de santé et nos 30 000 masques chirurgicaux, car je pense qu’ils en feront un bien meilleur usage», a terminé Geoffroy Bazin.

Jeremy Zabatta

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