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Belgique : la question migratoire fait tomber le gouvernement


Le premier ministre a remis sa démission mardi soir au roi, constatant une absence totale de consensus sur la question migratoire (Photo :AFP)

Le pacte mondial de l’ONU sur les migrations, dénoncé par les nationalistes flamands, a eu raison du gouvernement belge : le Premier ministre libéral Charles Michel a jeté l’éponge mardi soir, faisant le constat de l’absence de soutien pour son gouvernement.

A cinq mois des législatives prévues pour le 26 mai, la démission présentée mardi soir au roi Philippe ne va pas déboucher forcément sur son départ ni sur des élections anticipées.

L’option « la plus probable », selon une source proche du pouvoir, est que le roi demande au gouvernement démissionnaire d’expédier les affaires courantes jusqu’à l’échéance électorale.

Charles Michel a annoncé sa démission après un débat au Parlement au cours duquel il avait appelé l’opposition à le soutenir au coup par coup, sur plusieurs thèmes-clés (pouvoir d’achat, sécurité, environnement), pour permettre au gouvernement de continuer à travailler.

L’appel à cette « coalition de bonne volonté » n’a « pas été entendu », a déploré le Premier ministre devant les députés.

Il s’est rendu chez le roi « immédiatement »

« Je prends donc la décision de présenter ma démission et mon intention est de me rendre chez le roi immédiatement », a-t-il affirmé.

Au cours d’une suspension de séance, socialistes et écologistes venaient de convenir du dépôt d’une motion pour renverser le gouvernement, traduisant le refus de cette « main tendue ».

Depuis le 9 décembre, date du départ des ministres nationalistes flamands de la N-VA, Charles Michel était à la tête d’un gouvernement privé de majorité.

Son refus d’organiser un vote de confiance qui paraissait risqué l’exposait à des « motions de méfiance » de la part de l’opposition.

Record mondial de crises

Mardi soir, après avoir reçu Charles Michel, le roi a annoncé qu’il mettait sa décision « en suspens ». Il devrait mener des consultations avec les chefs de partis avant de trancher.

La Belgique détient un record mondial en matière de crises gouvernementales.

Entre mi-2010 et décembre 2011, le royaume de 11 millions d’habitants avait tenu 541 jours sans gouvernement de plein exercice. Cela n’avait toutefois pas empêché la prise de décisions importantes comme celle de l’intervention militaire en Libye.

« Les affaires courantes n’empêchent pas le gouvernement de fonctionner, il doit simplement le faire de manière prudente », a commenté le député écologiste Georges Gilkinet sur la chaîne francophone RTBF.

La coalition au pouvoir associant depuis octobre 2014 libéraux et démocrates-chrétiens aux nationalistes flamands de la N-VA s’est effondrée sur le dossier de la migration.

L’Alliance néoflamande (Nieuw Vlaamse Alliantie, N-VA) avait retiré son soutien à Charles Michel à la veille de son déplacement pour approuver le pacte de l’ONU au nom de la Belgique, le 10 décembre à Marrakech.

Une attitude dénoncée par le chef du gouvernement comme « une volte-face » de la N-VA, alors qu’un consensus s’était dégagé sur ce texte au cours de l’été.

AFP