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BD : notre best-of de l’année 2019


Notre chroniqueur BD du Quotidien a fait son best-of de l'année 2019 ! (Photo : DR).

La production est toujours aussi foisonnante : quelque 6 000 albums sont sortis cette année dans le marché francophone de la BD. Le Quotidien en a sélectionné une quarantaine qui, d’une manière ou d’une autre, ont marqué l’année. Bonne lecture.

• Ce que font les gens normaux (sortie en janvier)

gens normauxDessinateur de presse outre-Atlantique, Hartley Lin a sorti cette année son premier album sur le marché francophone : Ce que font les gens normaux. Un roman graphique épais, dense et en niveaux de gris, sur le monde du travail. Ça commence par une «womance» entre Frances et Vicky, deux jeunes femmes colocataires dans une grande ville canadienne. La première est clerc de notaire, la seconde, comédienne en devenir. Une cigale et une fourmi, pour ainsi dire. Une sorte de yin et de yang où l’une est complémentaire de l’autre.

Mais le récit principal est tout autre. Il plonge dans l’univers impitoyable des grands cabinets internationaux. Ici, un cabinet d’avocats d’affaires, mais on sent bien qu’il aurait pu se passer dans un cabinet d’audit ou de conseil. C’est là que travaille Frances. Elle est jeune, avenante et insomniaque. Ce qui fait d’elle une employée modèle, prête à passer des nuits entières sur son ordinateur sans jamais se plaindre sur sa condition. On ne la suit que depuis six cases que l’on apprend déjà que deux de ses collègues viennent d’être virés, sans ménagement, puis que son manager n’a dormi que trois heures – il faut bien remplir ses objectifs – mais comme il a déjà bu huit cafés, il se dit «en pleine forme!». Bref, un milieu de requins où il faut marcher sur les autres pour avancer. Et quand on a réussi à monter, il faut profiter ostensiblement de ses avantages acquis, aussi ridicules soient-ils ! Étrangement, Frances se fait remarquer par l’un des pontes du cabinet, Marcel Castonguay. Un géant à la fois craint et généreux. Un homme pressé, insaisissable, inabordable pour ses salariés. Un senior sans vie de famille, mais avec un coach personnel, qui vit dans un hôtel de luxe, tout près du cabinet. Un homme que Frances va réussir à rendre accessible pour ses employés.
Si le «happy end» semble excessif, le récit est néanmoins passionnant. Il parvient à résumer la difficile relation entre vie professionnelle et vie familiale. Un récit désabusé sur les grandes entreprises où les salariés perdent toute humanité et deviennent un simple rouage dans une structure complexe. Rouage que l’on change une fois usé! Une analyse au vitriol de nos sociétés capitalistes.

• L’Arche de Néo (sortie en mars)

arche noePoussé à la retraite après une fulgurante carrière de modèle, Néo – un cochon nain en pleine croissance – vit paisiblement dans une ferme, au départ, semblable à toutes les autres. Certes, les différents animaux se chamaillent entre eux pour les faveurs des humains, mais dans l’absolu la vie est un long fleuve tranquille. Jusqu’au soir où ils sont réveillés par «un grand soleil au milieu de la nuit» et que leur demeure est d’abord cernée puis attaquée par des hommes en noir, casqués et armés. Pas des terroristes ou les soldats d’une armée ennemie, mais la police.
Ce qu’on comprend alors, c’est que Néo et les siens vivent dans une ZAD (zone à défendre) et que, visiblement, la fête est finie. C’est la panique. Alors que les humains sont arrêtés et que la plupart des animaux sont embarqués, Néo parvient à s’enfuir en compagnie de quatre autres animaux de basse-cour, seuls rescapés – avec Ignoble créature, le chat noir à l’œil crevé et à la haine tenace – de cette bataille éclair. Il y a Renata la vache laitière, Bruce le bœuf des Highlands, Ferdinand la poule et Soizic la brebis bretonne. La petite troupe doit quitter le champ de bataille si elle ne veut pas finir à l’abattoir. Reste à trouver une nouvelle terre d’accueil…
Selon la loi française, «les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité». Stéphane Betbeder et Paul Frichet leur donnent désormais la parole dans une BD au dessin presque enfantin, mais au récit tout ce qu’il y a de plus adulte, sérieux et profond. Le duo propose avec ce premier tome, À mort, les Vaches!, une odyssée moderne, un récit initiatique, un manifeste en forme de fable qui fera peu à peu découvrir aux différents animaux la triste réalité de l’existence. L’aventure soudera aussi la petite équipe, qui va aller de surprise en surprise et de rébellion en rébellion.
Volontairement polémique, mettant en avant le traitement réservé par l’homme aux animaux, l’album surprend, bouscule, fait réfléchir pas mal sur notre façon de vivre, de consommer.

• Enferme-moi si tu peux (sortie en mai)

enferme moiEnferme-moi si tu peux est un roman graphique magnifique qui remet sous les projecteurs six pionniers de l’art brut.
Voilà sept ans que le duo Pandolfo-Risbjerg a débarqué dans le monde du 9e art avec Mine, une vie de chat. Depuis sont sortis Le Roi des scarabées, La Lionne, Perceval et Serena. Revoici les deux complices avec Enferme-moi si tu peux, la compilation de six destins humains et artistiques vraiment hors du commun.
Augustin Lesage (1876-1954), Madge Gill (1882-1961), le Facteur Cheval (1836-1924), Aloïse (1886-1964), Marjan Gruzewski (1898-?) et Judith Scott (1943-2005) sont rappelés d’entre les morts par la scénariste Anne-Caroline Pandolfo et le dessinateur Terkel Risbjerg, pour cet Enferme-moi si tu peux. Un album qui, telle une séance de spiritisme réussie, permet à ces six pionniers de l’art brut de raconter à tour de rôle leur propre histoire, puis de dialoguer aussi bien entre eux qu’avec un narrateur inconnu dans un «présent intemporel» proposé par les auteurs. Un espace imaginaire, certes, mais privilégié sans aucun doute pour ces artistes surprenants, tout sauf académiques, inattendus, d’époques différentes et ayant produit leur art brut à des endroits très différents – de la Pologne à la Californie en passant par la France, la Suisse ou encore la Grande-Bretagne.
Des expériences qui, malgré toutes ces différences, malgré la variété des œuvres qui en résultent, montrent justement un grand nombre de réalités communes dans ces histoires personnelles, de création, de rejet du joug social. Ne serait-ce que, comme le dit Augustin Lesage dans l’album : «pour les bourgeois, un artiste fou c’est bien plus acceptable qu’un artiste pauvre et sans culture»!
Donc, on joue sur cette folie, réelle ou simulée. Les artistes-personnages comme les auteurs. Avec un noir très présent, des cases sans bord, des contrastes appuyés et des couleurs vives à l’aquarelle, on suit la vie, le basculement et la frénésie créatrice des personnages. L’album parvient à être didactique sans jamais devenir scolaire ou encyclopédique, bref ennuyeux.

• Le Loup (sortie en mai)

loupAspirant guide de montagne dans sa jeunesse, Jean-Marc Rochette, 63 ans, dessinateur culte du Transperceneige, est de retour tout en haut du monde, comme il l’avait déjà fait dans le poignant et autobiographique Ailefroide, avec Le Loup, véritable hommage à la nature, aux hautes cimes et à leur faune. Rochette célèbre une nouvelle fois la haute montagne, sa beauté, mais aussi sa violence et l’humilité de ceux qui veulent y survivre.
Comme dans son précédent album, l’action se déroule au cœur du massif des Écrins, dans la vallée du Vénéon. Là, un berger misanthrope, excédé de retrouver certaines de ses bêtes mortes, décide, en toute illégalité, de tuer la louve responsable de ces tueries. Un coup de fusil et le tour est joué. Mais la femelle avait un petit. Le tireur décide de le laisser en vie, il lui donne même quelque chose à manger persuadé que la nature s’occupera rapidement de lui. Mais le petit survit. Et quelques années plus tard, il semble bien décidé à venger sa génitrice.
Une bataille à la vie à la mort va alors s’installer entre ces deux êtres solitaires. Un affrontement passionnel qui va emmener les deux jusqu’à leurs dernières limites, tout en haut dans les cimes enneigées du massif… L’un des deux est de trop sur ces montagnes… à moins que ces deux êtres d’une grande intelligence parviennent à trouver un terrain d’entente. Mais cela ne se fera pas sans de nombreux sacrifices!
L’homme contre le loup : sacré histoire! Jean-Marc Rochette s’efforce d’éviter tout jugement sur ce sujet toujours explosif. D’autant que l’idée de l’album lui est venue après sa rencontre avec un berger qui lui décrit «les brebis agonisantes», «la charogne en putréfaction» après une attaque de loup.
Mais la fibre écologique de l’auteur, encore plus que son amour pour la montagne, transpire de chacune des 96 pages de cet album magnifique aussi bien par son récit que par ses dessins.

• Un coeur pur (sortie en mars)

coeur purVoilà quelques mois que les adultes ont déserté la petite ville d’Alexandria désormais aux mains des seuls adolescents. Ces derniers ont donc un peu changé leur vie quotidienne. S’ils continuent à se rendre au lycée, c’est avant tout pour ses installations sportives, pour le reste, tout semble permis. Autant dire que le triptyque «sexe, drogue et rock’n’roll» a pris le dessus. Sans oublier les destructions, les incendies volontaires, les bastons ou encore les nombreux meurtres.
Une histoire ultrapunk, trash, signé Liz Suburbia. Le premier album pour la native de Washington D. C. qui a grandi pendant les années Reagan.
Trois cent sept pages d’un noir et blanc on ne peut plus contrasté et au dessin plutôt simple. Si les décors sont présents, l’auteure se concentre avant tout sur les personnages. Et ils sont nombreux. Le principal s’appelle Ben. Une fille qui aime traîner avec son pote, boire à outrance et balancer des insanités diverses. Des caractéristiques qui semblent assez répandues à Alexandria, une ville qui semble devenue une immense décharge, avec des voitures brûlées, des chariots abandonnés et des vitrines brisées.
Ça n’empêche pas les jeunes restés sur place de vivre. Pour l’heure, ni la nourriture, ni l’alcool, ni l’essence ne semblent manquer. Les journées se passent donc entre fêtes, concerts, flirts – qui se terminent pour la plupart par des parties de jambes en l’air – sans oublier une bonne bagarre de temps en temps, puis, parfois l’un ou l’autre jeune qui disparaît ou dont on retrouve le cadavre, pendu à un lampadaire ou le crâne fracassé à la crosse de hockey. Des meurtres dont seule Ben semble s’inquiéter. Un peu… pas trop non plus, hein.
Entre histoire de suspense et comic indé, le récit propose une galerie de portraits de losers magnifiques pour une satire très inspirée des années 80 et de l’adolescence.

• Orwell (sortie en juin)

orwelVoilà quelques mois que les adultes ont déserté la petite ville d’Alexandria désormais aux mains des seuls adolescents. Ces derniers ont donc un peu changé leur vie quotidienne. S’ils continuent à se rendre au lycée, c’est avant tout pour ses installations sportives, pour le reste, tout semble permis. Autant dire que le triptyque «sexe, drogue et rock’n’roll» a pris le dessus. Sans oublier les destructions, les incendies volontaires, les bastons ou encore les nombreux meurtres.
Une histoire ultrapunk, trash, signé Liz Suburbia. Le premier album pour la native de Washington D. C. qui a grandi pendant les années Reagan.
Trois cent sept pages d’un noir et blanc on ne peut plus contrasté et au dessin plutôt simple. Si les décors sont présents, l’auteure se concentre avant tout sur les personnages. Et ils sont nombreux. Le principal s’appelle Ben. Une fille qui aime traîner avec son pote, boire à outrance et balancer des insanités diverses. Des caractéristiques qui semblent assez répandues à Alexandria, une ville qui semble devenue une immense décharge, avec des voitures brûlées, des chariots abandonnés et des vitrines brisées.
Ça n’empêche pas les jeunes restés sur place de vivre. Pour l’heure, ni la nourriture, ni l’alcool, ni l’essence ne semblent manquer. Les journées se passent donc entre fêtes, concerts, flirts – qui se terminent pour la plupart par des parties de jambes en l’air – sans oublier une bonne bagarre de temps en temps, puis, parfois l’un ou l’autre jeune qui disparaît ou dont on retrouve le cadavre, pendu à un lampadaire ou le crâne fracassé à la crosse de hockey. Des meurtres dont seule Ben semble s’inquiéter. Un peu… pas trop non plus, hein.
Entre histoire de suspense et comic indé, le récit propose une galerie de portraits de losers magnifiques pour une satire très inspirée des années 80 et de l’adolescence.

• In Waves (sortie en août)

in wavesPour un coup d’essai, c’est un coup de maître. AJ Dungo fait une entrée fracassante dans l’univers du roman graphique avec In Waves, un album personnel et touchant sur le surf, l’amour et le cancer.
«Lorsque je ne serai plus là, je veux continuer à exister par ton dessin.» Bam! Une phrase qui claque. C’est ce qu’a demandé Kristen à son amoureux, AJ Dungo. Kristen n’a pourtant que la vingtaine et, selon toute logique, elle a encore toute la vie devant elle. Mais voilà, le crabe, lui, n’a que faire de la logique. La jeune femme est malade et se sait condamnée sous peu. D’abord c’est l’amputation, ensuite, de chute en rechute, le corps de la jeune femme finit par lâcher définitivement en 2016, alors qu’elle a 25 ans à peine.
Et AJ Dungo tient parole avec In Waves. Un album qui ne cache rien de la relation entre l’auteur et son amoureuse décédée, qui ne cache rien non plus de la maladie, de son évolution, de la souffrance qu’elle provoque, chez elle comme dans son entourage. Mais In Waves, comme son titre le souligne et comme sa couverture le montre on ne peut plus clairement, n’est pas un récit d’hôpital. Bien au contraire. Un récit difficile, mais sans pathos inutile. In Waves est un album plein de vie, plein d’amour et plein de surf.
Oui, de surf. Car le surf était un de ces plaisirs qui unissaient Kristen et AJ. Et comme il l’a fait pour la maladie de sa compagne, en racontant sa relation avec le surf, l’auteur ne fait pas les choses à moitié. Non, AJ Dungo va jusqu’au bout. Il propose une sorte de précis de l’histoire du surf. Des Polynésiens du début du XIXe siècle aux «beach boys». C’est documenté, précis, vaste, intéressant… Un album plein de finesse, de légèreté, tout en étant ambitieux, entre ligne claire et symbolisme.

• Les Indes fourbes (sortie en août)

indes libresQuand le scénariste de De cape et de crocs et le dessinateur de Blacksad croisent le fer, le résultat est forcément attendu. Avec Les Indes fourbes, Alain Ayroles et Juanjo Guarnido signent un ouvrage au souffle épique à travers les aventures d’une fripouille pendant le Siècle d’or.
Personnage peu recommandable, Don Pablos de Ségovie emmène le lecteur dans l’Espagne du Siècle d’or et cette Amérique qu’on appelait encore les Indes. Des bas-fonds aux pics de la cordillère des Andes, sa quête d’Eldorado épouse le modèle du roman picaresque. Une histoire rocambolesque, donc, servie par un dessin magnifique.
Ainsi, pour ces Indes fourbes, les chiffres donnent le tournis : dix ans de travail, 160 pages réalisées à l’aquarelle, une BD au format géant, et des scènes à grand spectacle dans l’Amérique du XVIe siècle… L’œuvre raconte, à la première personne, la vie d’un gueux qui va vivre d’invraisemblables aventures, servir de nombreux maîtres et côtoyer les diverses couches de la société.
Et le duo d’auteurs imagine ici un véritable récit à tiroirs, peuplé de chausse-trapes. À travers de nombreuses intrigues, des flash-back et une galerie de personnages hauts en couleur, Les Indes fourbes mène le lecteur sur de fausses pistes et des impasses. C’est vrai, il y a de quoi s’y laisser perdre, avec une langue d’époque, plutôt déstabilisante, et des planches fourmillant de vie, au point que l’action semble véritablement être prise sur le vif.

•  Happy sex 2 (sortie en septembre)

sexZep, le père de Titeuf, revient en librairie avec un second tome de Happy Sex, dix ans après le premier. Et c’est à nouveau aussi cru que drôle!

Sur 60 pages, l’album parle de sexe. Seulement et uniquement de sexe. Et malgré un style graphique tout sauf réaliste, avec des dessins on ne peut plus explicites. Mais on est loin du récit érotique ou pornographique. Ici le cul, la gaudriole, la galipette, la partie de jambes en l’air est utilisé dans un style dédramatisé, désérotisé dans le but, non unique, mais principal, de faire rire.
Et ça marche à fond avec ces saynètes sur une ou deux planches maximum. Mais en plus de l’humour, certes en dessous de la ceinture, Zep parvient également à parler de notre époque à travers notre sexualité. Une sexualité plus assumée que par le passé. Il est question de plaisir, mais aussi de lassitude. De sexe décomplexé, d’expériences (parfois ratées) à plusieurs, de sexe de parents (ou de futurs parents), de sex-toys, de sexe sans amour, de sexe qui tache, de coups d’un soir, de sexe lesbien, de Viagra, de bondage… mais aussi de sexe «remboursé par la sécu», autrement dit : frottis, dépistage du cancer du sein, toucher rectal! Sans oublier le sexe 2.0!
Zep offre là à ses lecteurs une bonne tranche de rigolade, mais aussi une occasion de réfléchir à sa propre sexualité… voire à celle des autres : ses parents, ses enfants, ses voisins. Bref, c’est direct et sans tabou, mais sans une once de vulgarité.

• Senso (sortie en octobre)

sensoAlfred, Fauve d’or au festival d’Angoulême en 2014 pour Come prima, est de retour avec Senso. Une rêverie poétique qui joue sur la rencontre, une nuit, de deux âmes solitaires lors d’un mariage dans un hôtel entouré par un magnifique jardin. Comme dans Come prima, il y a l’Italie comme décor, sa lumière, sa chaleur mais aussi et surtout un onirisme cinématographique de toute beauté et des histoires sensibles et captivantes.
Il fait chaud ce 15 août. Une de ces chaleurs accablantes qui empêchent les trains d’arriver à l’heure. Du coup, Germano a six heures de retard. À la gare, personne ne l’attend. Et à l’hôtel, faute de confirmation de sa réservation avant midi, ils ont donné sa chambre à quelqu’un d’autre. Pas de bol, c’était la toute dernière, car le reste de l’hôtel est réservé pour le mariage d’un des propriétaires de ce magnifique palais entouré d’un parc gigantesque et luxuriant. Ça commence mal! Mais c’est finalement grâce à cette situation inconfortable que l’homme, sur la cinquantaine, divorcé et totalement réfractaire aux nouvelles technologies, rencontre Elena. Il n’était pas invité au mariage. Elle n’avait pas envie d’y aller. Leurs deux solitudes vont se réunir et, d’une péripétie à l’autre, ils vont passer la nuit ensemble. Dans l’hôtel, mais surtout dans le parc.
Vers la fin de la soirée, Germano dira alors : «Nom de Dieu… on fait de ces voyages en une journée», alors que, un peu plus tôt, Elena lançait : «C’est joli ce qui se passe, là…». Cette nuit sera une parenthèse enchantée pour ces deux personnages gentiment à la dérive. À moins qu’elle ne se transforme pour l’un et l’autre en bouée de sauvetage.
Carpe diem, semble rappeler Alfred : seul le présent existe. D’ailleurs l’auteur laissera au lecteur le soin d’imaginer la suite. C’est l’instant qui compte, et l’imprévu est plus que bienvenu. Une réflexion pertinente pour un album magnifique !

Pablo Chimienti

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