Manou Hoss est la nouvelle présidente de la section locale de Luxembourg de la Croix-Rouge. Pour la première fois, elle organise le traditionnel Bazar de l’association.
Vous présidez la section locale de Luxembourg de la Croix-Rouge. Est-ce un aboutissement de votre engagement auprès de l’organisation ?
Manou Hoss : C’est une consécration. Enfant, j’accompagnais ma maman quand elle allait faire la quête pour la Croix-Rouge. Ma maman était très active dans la section locale de Luxembourg. Elle l’a aussi présidée. Être actif à la Croix-Rouge est en quelque sorte une tradition familiale. Je n’ai jamais arrêté. J’ai aidé ma maman sur son stand au Bazar avant d’avoir mon propre stand. Le bénévolat a toujours fait partie de mes activités de loisir.
Mais mon rôle au sein de la Croix-Rouge ne se limite pas à la section locale, je fais partie du conseil d’administration et du comité d’audit de l’organisation. Mes compétences professionnelles y sont requises davantage qu’au cours de mes activités bénévoles. Personnellement, je trouve intéressant d’être active dans différents domaines. Être sur le terrain avec les bénévoles procure une tout autre sensation que faire du droit dans une entreprise ou une étude (NDLR : Manou Hoss est associée et managing partner chez Elvinger Hoss Prussen). C’est complémentaire à mon équilibre.
Vous avez lancé le bal de la Croix-Rouge.
Nous étions un groupe, je n’étais pas seule. À la Croix-Rouge, le travail se fait toujours en équipe. Le premier bal a eu lieu en décembre 1996. Nous voulions créer un rendez-vous pour les trentenaires comme nous. Nous avons organisé le bal pendant dix ans avant de passer le relais. J’ai mis en place le dernier bal l’année de mes 40 ans. Je me suis dit qu’il était temps de laisser faire les jeunes. Le bal n’a cessé d’évoluer pour devenir l’un des principaux évènements de la section locale de Luxembourg et de la Croix-Rouge en général. La section n’a jamais cessé d’organiser des événements, celui-ci devait attirer les plus jeunes. Cette année, le bal a lieu le 17 novembre sous le chapiteau du Luxemburger Adventscircus, au Glacis.
Le Bazar est le rendez-vous de toutes les personnes qui s’intéressent de près ou de loin à la Croix-Rouge
Qu’est-ce qui marquera votre présidence de cette section locale ?
J’aimerais pouvoir maintenir la tradition du Bazar tel que nous le connaissons tout en le rendant plus attirant, entre autres pour les jeunes familles. Le Bazar est le rendez-vous de toutes les personnes qui s’intéressent de près ou de loin à la Croix-Rouge, des bénéficiaires aux sponsors en passant par les employés de la Croix-Rouge. Il donne à chacun les moyens de participer car il s’agit d’un évènement ouvert à tous et où chacun trouve son compte. En ce qui concerne la section elle-même, nous allons chercher des pistes pour diversifier nos membres et proposer des activités pour toutes les catégories d’âge. J’aimerais aussi intégrer les personnes intéressées par ces activités au comité.
Comment allez-vous le moderniser ?
Cette année, nous essayons de mieux présenter les activités de la Croix-Rouge, les personnes qui s’engagent et la manière de s’investir. Il est impossible de présenter tous ses nombreux services dans un espace aussi réduit mais pourquoi ne pas présenter un service différent chaque année? Les visiteurs doivent penser à la Croix-Rouge car nous profitons du Bazar pour lever des fonds.
Nous avons revu l’organisation de la salle et son aspect. Le but était de mieux localiser les différentes parties du Bazar. Nous proposons par exemple plus de stands d’alimentation que les années précédentes, et nous les avons regroupés à un même endroit. Nous avons essayé de rendre cette portion plus dynamique. Nous avons également développé la partie consacrée aux enfants et nous aurons un petit carrousel qui nous est prêté par des forains. Saint-Nicolas viendra deux fois, cette année, à 11 h et à 15 h.
Nous avons aussi travaillé sur l’aspect de la halle Victor-Hugo pour la rendre plus lumineuse, en installant des panneaux et des voilages blancs.
300 bénévoles cette année
Combien de bénévoles vous aident à préparer le Bazar ?
La plupart des bénévoles – toutes sections confondues – travaillent toute l’année à la préparation du Bazar. Cette année, ils sont 300. Ils récupèrent des marchandises et les remettent en état ou créent eux-mêmes des produits qui seront vendus, comme du jus de pomme ou de la confiture. D’autres récoltent des produits que des commerçants nous donnent pour organiser notre tombola. Certains bénévoles trient les vêtements et accessoires qui pourront être vendus au public. Ils font de belles trouvailles « vintage » ou décalées. Ces vêtements viennent de dons spécifiques ou de notre collecte de vêtements.
Vous ne regrettez donc pas d’avoir succédé à Rita Krombach ?
Elle a organisé le Bazar pendant vingt ans. Je n’en suis qu’à ma première fois et je réalise la charge de travail que cela représente et combien elle a dû faire preuve de patience. Je ne le ferai pas pendant vingt ans, alors je ne vais pas attendre dix ans avant de commencer à moderniser le Bazar. Rita Krombach fait toujours partie du comité d’organisation et elle n’hésite pas à nous conseiller. Je souhaite continuer à porter son héritage. Tout ce qu’elle a mis en place ces vingt dernières années m’impressionne.
Vous êtes la quatrième femme consécutive à prendre la présidence de la section locale de la capitale. La charité est-elle davantage une affaire de femmes que d’hommes ?
Un de mes souhaits est d’attirer plus d’hommes dans notre section. Il y en a, beaucoup d’entre eux sont des quêteurs. Dans la vie, je rêve de parité donc j’aimerais l’obtenir dans le comité de la section. Mais j’aimerais aussi y voir plus de résidents d’origine étrangère, à l’image de la population de la capitale. C’est pourquoi nous avons décidé de collaborer avec la section internationale de la Croix-Rouge. Le Bazar et le bal sont des vecteurs pour les attirer, mais nous faisons également de la publicité dans les entreprises.
Les gens doivent réaliser qu’il existe des personnes qui ont froid
Le thème de cette édition du Bazar est le logement. Pourquoi l’avoir choisi ?
Avoir un logement fait partie des besoins primaires des individus. Avoir un nid est la chose la plus importante. En cette période de fin d’année, les gens doivent réaliser qu’il existe des personnes qui ont froid ou qui vivent dans des conditions déplorables, même au Luxembourg. Sur le plan international, c’est aussi un gros problème, que ce soit pour les réfugiés, dans les zones de guerre ou la conséquence de catastrophes naturelles. Outre l’accès à l’eau potable, le logement est l’une des premières choses dont il faut se soucier. Que ce soit ici ou à l’étranger, le besoin est le même. La Croix-Rouge est même spécialisée dans la mise en place de logements, principalement à travers le Shelter Research Unit de la Croix-Rouge, qui travaille sur le logement d’urgence.
Le thème englobe de nombreux services de la Croix-Rouge…
La Wanteraktioun, le service Perspectives, le foyer Zoé pour les jeunes filles et les mamans de 13 à 17 ans, le centre de premier accueil et les foyers pour les migrants et les réfugiés, les maisons de repos… Ce sont tous des « chez-soi » pour des personnes aux besoins différents.
Que retiendrez-vous de cette première organisation du Bazar en tant que présidente ?
Sans hésitation, l’enthousiasme des bénévoles. Personne ne râle alors qu’ils prennent tous sur leur temps libre pour nous aider. Cela me donne foi en l’humanité. Leur attitude positive m’impressionne. Idem de la part des sponsors. Cette bonne ambiance nous facilite le travail et ces personnes sont heureuses de pouvoir participer à quelque chose. Les bénévoles s’aident eux-mêmes en aidant les autres. Beaucoup de gens ont ce besoin. Notre section locale les aide à l’assouvir. L’un de mes buts est de permettre au plus grand nombre possible de bénévoles de faire du bénévolat efficace. J’ai choisi de rester bénévole dans ce domaine car j’y expérimente des sensations différentes de celles que je vivrais si je m’occupais des actions juridiques.
Sophie Kieffer