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[Basket] Un verre à moitié vide… ou à moitié plein


Thomas Grün trouve le début de campagne réussi. Même s’il garde un goût amer de la défaite contre la Norvège. 

APRÈS LA FENÊTRE FIBA À l’issue des deux premiers matches des préqualifications pour la Coupe du monde 2027, on peut tirer un premier bilan.

UN RÉSULTAT FRUSTRANT

Avant le début de cette nouvelle campagne à rallonge, Ken Diederich, l’entraîneur national, expliquait qu’il signerait pour être à 1-1 au soir de ces deux premières rencontres. Mais à l’issue de la défaite (58-72) face à la Norvège, le discours était tout autre : «C’est dommage. Je suis déçu.»

Effectivement, grâce à deux gros runs, aux deuxième (11-0) et troisième quarts (15-0), ses hommes sont restés dans le match. Mieux, ils ont même abordé les dix dernières minutes avec un petit point d’avance. Avant de s’écrouler totalement dans un dernier quart à sens unique (6-21).

Bien sûr, il y a toujours l’excuse du long voyage retour depuis la Roumanie, vendredi soir tard : «Je suis rentré chez moi à 2 h du matin», comme l’explique Sticky Gutenkauf, mais les joueurs ne veulent pas se cacher derrière cela pour autant. Ils doivent faire avec le calendrier, tout comme ce sera le cas de leurs adversaires lors des deux prochaines fenêtres : «À ce niveau professionnel, ça peut arriver d’avoir des vols annulés, mais tu dois faire le job. Et ce soir, on ne l’a pas fait», résumait d’ailleurs Clancy Rugg.

DES PROBLÈMES CLAIREMENT IDENTIFIÉS

«Dans le basket moderne, il faut mettre des tirs à trois points. Et on ne l’a pas fait. On était à 0/18 avant que Ben (Kovac) ne mette les premiers contre la Roumanie et on finit à 5/28. Et contre la Norvège, on est à 4/27. On a toujours l’objectif d’en mettre 10. Eux en mettent dix, nous quatre.»

Un constat lapidaire mais réaliste pour Ken Diederich. Tous ses joueurs sont au diapason : «On n’a pas mis un trois points en deuxième mi-temps», constatent ainsi Thomas Grün et Clancy Rugg. Qu’on le veuille ou non, le basket est un sport d’adresse. Pour gagner, il faut mettre des paniers. Et si, défensivement, l’équipe a fait du bon boulot, limitant la Roumanie et la Norvège à 72 pts, l’attaque a eu des ratés.

Outre l’adresse longue distance, tout simplement catastrophique et rédhibitoire sur le plan international, les Luxembourgeois ont également raté énormément de points gratuits. Comme des lancers francs. Si les neuf loupés contre la Roumanie sont passés tranquillement étant donné le grand nombre de tentatives (25/34, 73,5 %), les neuf échecs face à la Norvège pèsent beaucoup plus lourd (8/17, 47,1 %). Et quand on voit qu’il y a, au final, 14 points d’écart dimanche, on se dit qu’avec un tout petit peu plus de réussite, la donne aurait pu être différente. Maintenant, avec des si…

Autre souci, en tout cas face à la Norvège, une attaque monocéphale : «On a seulement Clancy qui dépasse les 10 pts», note encore Ken Diederich. En Roumanie, la marque était bien mieux répartie avec quatre joueurs qui avaient dépassé cette marque.

À la Coque, seul l’intérieur eschois réussissait à poser problème à une défense norvégienne qui savait vers qui elle devait se concentrer. En face, les Luxembourgeois sont tombés sur une machine à gérer une rencontre en la personne de Harald Frey, meneur d’une des meilleures équipes de Bundesliga. L’arrière d’1,88 m s’est montré décisif en quatrième quart, multipliant les actions positives, qui, pour délivrer des passes tranchantes à destination notamment de Chris-Ebou Ndow 4/7 à trois points, qui pour lui-même sanctionner la défense :

«On a un souci au niveau de la gestion du jeu. Hormis Clancy, on n’a pas de joueur vraiment capable de se créer son propre shot», constate encore Ken Diederich. Qui met le pied dans la fourmilière : «On se réjouit de jouer avec trois Américains ou de voir deux Américains scorer 60 pts dans notre ligue à chaque match. Mais ce n’est pas du vrai basket.» En filigrane, on comprend qu’il préférerait que les Luxembourgeois aient davantage de responsabilités et ne se reposent pas autant sur les pros, histoire de savoir comment aborder les moments clefs d’un match. Mais ceci est un autre débat. Loin d’être achevé. Dont acte.

Et comme c’est désormais une habitude, les Luxembourgeois doivent à chaque fois trouver des moyens de compenser un déficit physique. Alors qu’ils doivent se coltiner des adversaires qui font régulièrement 2,10 m et qui sont taillés comme des armoires à glace, les joueurs de Ken Diederich font avec leurs armes. Clancy Rugg rend souvent plusieurs dizaines de kilos à ses adversaires directs et doit batailler et trouver d’autres solutions. En même temps, c’est une réalité démographique : il est plus facile de trouver des joueurs de 2,10 m et 110 kg quand on a une population de plusieurs millions d’habitants que quand on est à peine 650 000.

MAIS DES MOTIFS DE SATISFACTION

Max Logelin a réalisé des débuts remarqués sous le maillot de l’équipe nationale.

Le simple fait d’être déçu est, en soit, quelque chose de positif. Cela veut dire que le Luxembourg peut rivaliser avec ses adversaires : «On est déçus car on pouvait gagner ce match contre la Norvège», maugrée Alex Laurent. «On avait la possibilité de franchir un nouveau pas en gagnant deux matches de suite. Avec un peu plus d’expérience, de meilleures décisions, on aurait pu le faire», regrettait pour sa part Thomas Grün.

Les joueurs grand-ducaux ont fait montre d’une capacité de réaction assez incroyable. Leur remontada historique (23 pts dans le dernier quart en Roumanie avant une victoire après prolongations) restera dans les mémoires des observateurs. Et des joueurs.

Et dimanche, ils ont réalisé deux énormes runs qui les ont totalement relancés : «On revient encore de très loin», notait Ken Diederich. Effectivement, quelle que soit la situation, ses hommes n’ont jamais rien lâché. Ils ont tout tenté jusqu’au bout. Et c’est tout à leur honneur.

L’autre satisfaction est de se dire que la relève est déjà bien là. Pour sa toute première apparition sous le maillot de l’équipe nationale, Max Logelin a tout simplement été éblouissant. Déterminant en fin de match, c’est lui qui a pris ses responsabilités en prolongations pour offrir un succès historique à Cluj. Beaucoup plus discret contre la Norvège, il a toutefois profité de quelques minutes à la fin pour montrer encore de belles choses en attaque.

Également déterminant en Roumanie, Malcolm Kreps a montré qu’il avait déjà progressé en l’espace de quelques mois sous les couleurs des Den Helder Suns. Alors qu’il était l’auteur de cinq steals face aux Golgoths des Carpates, sa défense et son impact avaient fait beaucoup de bien aux siens.

Si les jeunes ont pris le pouvoir face à la Roumanie, les anciens se sont largement taillé la part du lion contre la Norvège, à l’image du coup de chaud d’un Sticky Gutenkauf, à l’origine, avec trois missiles longue distance d’un 11-0 qui a relancé ses coéquipiers alors au plus mal. Au retour des vestiaires, Alex Laurent et Thomas Grün sont également sortis du bois pour aider l’équipe.

Au final, la sélection est très homogène. Ken Diederich peut compter sur une bonne dizaine de joueurs capables de rendre de fiers services sans que le niveau ne baisse trop par rapport aux cinq joueurs qui entament le match. Et tout cela, c’est une bonne nouvelle pour l’avenir.

LA SUITE ?

Il faut savoir que le temps de la FIBA est ce qu’on appelle un temps long. En effet, cette première phase de préqualifications va s’étaler sur un an. Et trois fenêtres. Qui seront en fait des soupiraux pour les Luxembourgeois puisqu’il leur reste juste deux matches : en novembre, c’est la Roumanie qui vient défier les hommes de Ken Diederich.

Et en février 2025, il faudra aller chercher un succès en Norvège, histoire de laver l’affront de dimanche. Chacun va donc retourner dans son club, terminer sa saison, entamer la suivante et jouer du mieux possible pour faire partie des joueurs retenus en sélection.