Dorian Grosber, l’un des plus grands talents du basket luxembourgeois, va évoluer à l’Alba Berlin, l’un des meilleurs centres de formation en Europe.
Son nom ne dit peut-être encore rien au grand public, mais Dorian Grosber est peut-être bien le futur meilleur basketteur luxembourgeois de l’histoire : «Bien sûr, c’est encore trop tôt pour le dire. Mais il a le physique, l’intelligence, les skills. Il a tout», s’enthousiasme Ken Diederich, l’entraîneur national qui est également «M. Head of Basketball» depuis bientôt un an.
IL DÉBUTE IL Y A CINQ ANS
Mais qui est donc ce diamant brut qui ne demande qu’à être poli? Originaire du Rwanda, Dorian a commencé par le foot et le tennis de table : «Mais à 10 ans, j’ai remarqué que je grandissais très vite et j’ai eu des blessures au genou. Ma mère et moi, on a décidé d’essayer le basket. Un copain m’a encouragé à y aller.» Il débute avec la balle orange il y a cinq ans à peine : «Au début, je jouais à Bertrange pour le fun. Et à partir de la catégorie scolaires, j’ai commencé à remarquer que j’étais assez fort pour être avec les meilleurs», indique le gamin de 16 ans, qui frôle le double mètre. Une belle taille et une sacrée envergure, surtout quand on sait qu’il joue meneur ou poste 2. Un athlète qui a effectué son premier dunk à… 14 ans : «Je me suis beaucoup entraîné pour y arriver pendant la quarantaine, car j’étais très faible sur ce plan. Et en octobre ou novembre 2020, j’ai réussi mon premier dunk, à l’Atert, à l’entraînement.»
RIGA, LÀ OÙ TOUT VA BASCULER
Pour lui, tout va s’accélérer au début de cette année. Et c’est à Riga, fin janvier début février, que sa vie va basculer : «Je connaissais Dorian. Mais à Riga, je l’ai vu faire des choses que je n’ai jamais vues chez aucun autre joueur luxembourgeois. C’est un excellent passeur, un très bon défenseur, un facilitateur pour les autres. Un peu comme LeBron James, c’est un grand meneur, superdoué, intelligent, bosseur avec des qualités humaines exceptionnelles», se régale encore Ken Diederich, présent à ce tournoi international
Et pourtant, il n’avait pas vraiment pu donner sa pleine mesure en Lettonie : «Je n’ai joué que trois matches, car j’étais blessé pour deux.» Suffisant, visiblement, pour taper dans l’œil de nombreux observateurs.
UN GAMIN TRÈS CONVOITÉ
Dès lors, pas question pour lui de le laisser végéter dans les équipes de jeunes du Sparta. Le technicien active ses réseaux et rapidement, les offres arrivent. Mais une retient particulièrement son attention, celle de l’Alba Berlin, où officie une vieille connaissance, Thomas Päch, ancien assistant de Henrik Rödl à Trèves et désormais assistant à l’Alba, grand pote de Samy Picard, le président de la FLBB. Au-delà de l’aspect amical, c’est surtout une formidable opportunité : «Avec Kaunas, en Lituanie, c’est tout simplement ce qui se fait de mieux en termes de formation en Europe. C’est extraordinaire pour les jeunes.» Ken Diederich discute avec le joueur qui est OK pour tenter l’aventure et s’entretient avec Christophe Flammang et Romain Hoffmann, du Sparta. Feu vert : Dorian Grosber va poursuivre son apprentissage du côté de la capitale allemande. «Je tiens vraiment à les remercier d’avoir agi dans l’intérêt du garçon.» Un gamin décidément très convoité : «Quelques jours après la signature, il y a même eu une offre venue de la NBA en Australie, qui était intéressée par lui.»
BERLIN, LA MACHINE EST LANCÉE
Une fois la machine Alba lancée, tout va très vite : «En février, j’ai eu un Zoom avec un directeur et un entraîneur. Ils m’ont expliqué ce qu’ils attendaient de moi et j’ai tout de suite été très intéressé. En avril, je me suis rendu une première fois à Berlin pour visiter la ville, rencontrer l’équipe. J’ai tout de suite été très à l’aise.» Il ira plusieurs fois sur place et effectuera quelques entraînements : «La différence de niveau est tout simplement incroyable. Je ne peux même pas expliquer. Ils ont tous ma taille, ils sont tous costauds», résume la pépite grand-ducale, qui a posé ses valises il y a quelques jours à peine dans la capitaine allemande après avoir renoncé à participer aux rendez-vous avec les sélections U16 et U18, histoire de passer du temps en famille.
Qu’est-ce qui attend désormais Dorian Grosber, seul étranger de son équipe? Il évoluera dans le championnat U19 allemand et pourrait même jouer avec l’équipe de Pro B, la troisième division germanique. Le tout, il faut quand même le rappeler, alors que le garçon a eu… 16 ans en mai dernier : «Normalement, je vais jouer trois ans en NBBL.» Pas impossible non plus, qu’il effectue des entraînements avec l’équipe première de l’Alba Berlin, qui évolue en Bundesliga.
LE BASKET MAIS PAS SEULEMENT
Ça, c’est pour la partie basket. Mais évidemment, Dorian Grosber va suivre des cours : «J’ai choisi maths et français comme matières principales. J’adore les maths. J’ai toujours voulu devenir architecte ou me diriger vers l’ingénierie. J’aimerais décrocher un diplôme dans l’une de ces deux matières.»
FUTUR PRO? UNE ÉVIDENCE
Mais même s’il espère avoir un diplôme en poche, son but est clairement de passer pro : «Bien sûr que c’est le but.» Et pour Ken Diederich, ça ne fait aucun doute, il sera pro : «C’est sûr! S’il n’a pas de blessure, s’il continue de bien travailler et reste concentré, je pense qu’il peut même jouer pour l’équipe première de l’Alba Berlin. Bien sûr, il doit travailler son shoot, ce n’est pas un shooteur. Mais il a le physique. Il ne faut pas oublier qu’il est encore très jeune, il a à peine seize ans. Et il a une vision incroyable du jeu et une intelligence qui m’a frappé. À lui de montrer ce qu’il sait faire.» L’entraîneur national, grand fan – on l’aura deviné – du joueur, ne devrait pas tarder à l’appeler avec la sélection seniors : «J’ai toujours envie d’intégrer les jeunes le plus tôt possible. Je ferai appel à lui dans l’année qui vient. Peut-être pour les JPEE.»
On l’aura compris, l’avenir s’annonce rose pour la jeune pépite luxembourgeoise, fan de Kevin Durant et LeBron James. On emploie souvent l’expression «Sky’s the limit», mais avec Dorian Grosber, on se demande vraiment où se situent ses limites.