Les fouilles sont désormais terminées sur le site de Bascharage : les paléontologues ont mis au jour plus de 250 fossiles !
Après deux semaines intenses de fouilles dans la zone industrielle de Bommelscheuer à Bascharage, les paléontologues du musée national d’Histoire naturelle (MNHN) ont présenté mardi le résultat de leurs trouvailles.
Si aucun monstre marin d’une dizaine de mètres n’est sorti de terre, les recherches ont cependant permis de mettre au jour plus de 250 pièces, tant des fossiles de végétaux, que d’insectes, de poissons ou de reptiles marins datant du Toarcien, au Jurassique inférieur, c’est-à-dire il y a quelque 183 millions d’années.
«On est vraiment très content de ces trouvailles !», a commenté le paléontologue Laurent Garbay, qui collabore avec le MNHN dans le cadre de l’exposition «Lost Ocean». L’une des plus exceptionnelles d’entre elles est incontestablement cette tête d’ichtyosaure, un reptile marin qui s’apparente au dauphin et qui pouvait mesurer deux à trois mètres, voire 10 mètres pour les géants. On distingue même aisément l’orbite de l’animal. «Les yeux des ichtyosaures étaient parmi les plus grands de tous les êtres vivants ayant existé», fait savoir le paléontologue.
Sur une autre pièce, on peut distinguer sa mâchoire tandis qu’une de ses vertèbres, reconnaissable par sa forme de sablier, s’est fossilisée sur une autre pierre. «Les plésiosaures, une espèce éteinte dont les nageoires font penser à celles des tortues, avaient eux des vertèbres en forme de disque, bien circulaires», montre Laurent Garbay, fossile à la main.
Une autre pièce encore dévoile des côtes ventrales de l’ichtyosaure au-dessous desquelles des traces sombres indiquent la présence de restes de bélemnites, des mollusques, soit l’estomac du reptile !
Une ammonite bien visible sur cette même roche permettra de dater avec précision l’âge de ce qui s’apparente à un bébé ichtyosaure, car, comme le rappelle Laurent Garbay, «les ammonites sont des fossiles index, ils sont très caractéristiques selon l’époque».
Gisement de conservation exceptionnel
Le site de Bascharage, «Lagerstätte» mondialement connu pour sa richesse paléontologique, fut déjà le fruit de trouvailles exceptionnelles dans les années 80 et 90, notamment d’un ptérosaure du Toarcien, un reptile volant. D’autres précieux fossiles seront donc à coup sûr découverts lors des prochaines fouilles désormais obligatoires avant toute construction afin de préserver le patrimoine national.
Un travail de longue haleine attend désormais les spécialistes, qui vont devoir trier et nettoyer avec précision les fossiles, au moyen de brosses mais aussi de pression d’air et de préparations chimiques. «Reconstituer des fossiles peut prendre jusqu’à 1 000 heures de travail», fait savoir Laurent Garbay.
Les fossiles seront ensuite analysés, stockés dans des conditions très particulières pour éviter toute détérioration, et feront peut-être l’objet d’une exposition à l’avenir. Quant au site de Bascharage, les constructeurs sont désormais autorisés à commencer les travaux pour ériger comme prévu en lieu et place un hall de stockage.
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