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[Bande dessinée] Retour attendu pour Astérix sur un scénario de Fabcaro


À l’occasion d’une conférence de presse, Didier Conrad et Fabcaro ont présenté L’Iris blanc… accompagnés de leurs deux héros! (Photo : afp)

Un évènement, comme à chaque nouvelle aventure : le 40e album d’Astérix le Gaulois, intitulé L’Iris blanc, est attendu jeudi en librairie. Au scénario, l’«intérimaire» Fabcaro, connu pour son sens de l’absurde, s’amuse de la «pensée positive».

Être aux commandes d’une bande dessinée d’Astérix, c’est l’assurance de ventes sans égal. L’Iris blanc, quarantième album des aventures de l’irréductible Gaulois, paraîtra simultanément jeudi en 20 langues, avec plus de cinq millions d’exemplaires dans le monde. C’est aussi l’album qui a embarqué avec lui un nouveau scénariste, bien connu pour son sens de l’absurde : Fabcaro (Fabrice Caro de son vrai nom), auteur, entre autres, de Zaï Zaï Zaï Zaï (2018), Carnet du Pérou (2013) ou encore Open Bar (2019-2020).

C’est de l’imagination de Fabcaro qu’est sorti le nouvel ennemi d’Astérix, Vicévertus, un philosophe romain adepte de la «pensée positive», qui ressemble à Bernard Henri-Lévy et parle comme Paulo Coelho. L’«iris blanc» du titre, «c’est une école. Vicévertus s’est inspiré d’un philosophe grec pour créer sa méthode», a expliqué Fabcaro à l’occasion d’une conférence de presse au siège de l’éditeur Hachette Livres.

Et cette méthode va marcher, dans un premier temps. Chargé par l’empereur Jules César, dont il est le médecin personnel, de remonter le moral des troupes romaines autour du village des Gaulois, Vicévertus est bien accueilli par les soldats. Mieux : il va instiller la division au sein du village. Son école de pensée et de «développement personnel», qui prône bienveillance, régime végétarien et méditation, va trouver ses partisans, comme la femme du chef du village, Bonnemine, et ses détracteurs, comme le sceptique Astérix.

Séducteur
et flamboyant

Fabcaro dit s’être inspiré d’un adepte des aphorismes, l’écrivain brésilien Paulo Coelho. Ceux de Vicévertus sont diversement sensés : «Celui qui sait profiter du moment, c’est lui l’homme avisé», «Une porte fermée est une invitation à en ouvrir d’autres», ou encore «Chaque chemin est le bon puisqu’il mène quelque part». Restait à le dessiner pour Didier Conrad, qui a repris le crayon à la suite d’Uderzo en 2013 – c’est son sixième album d’Astérix. Lui se représentait d’abord un séducteur plutôt jeune. Mais, avec le scénariste et l’éditeur, le choix s’est tourné vers un homme mûr aux cheveux blancs, mi-longs. «On était parti de gens un peu flamboyants : Dominique de Villepin, Bernard-Henri Lévy…», a révélé le dessinateur. Interrogé pour savoir si ce Vicévertus était une caricature des «wokistes», Fabcaro s’en est défendu : «L’idée, c’est d’être intemporel. Moi, j’essaie de prendre de la distance avec l’actualité parce que, par définition, elle est périssable.»

Chaque nouvel album d’Astérix, malgré la disparition de ses deux créateurs (le scénariste René Goscinny en 1977 et le dessinateur Albert Uderzo en 2020), est un immense événement en librairie, tous les deux ans. «Astérix va on ne peut mieux!», a par ailleurs souligné la directrice générale d’Hachette Livre Illustré, Isabelle Magnac. Elle a également relevé le record de fréquentation du Parc Astérix, à Plailly, au nord de Paris, avec plus de 2,8 millions de visiteurs en 2022.

Les éditions Albert René, qui détiennent les droits d’Astérix, sont l’une des maisons les plus rentables d’Hachette Livre, groupe en passe d’être racheté, avec le reste de Lagardère, par Vivendi, contrôlé par le milliardaire Vincent Bolloré.

Hommage à «l’esprit de Goscinny et Uderzo»

Depuis la retraite d’Uderzo, les scénarios avaient été confiés à Jean-Yves Ferri. Celui-ci fait une pause pour se consacrer à la suite de sa série de BD parodiques sur Charles de Gaulle. «Je suis juste là en intérim», a affirmé Fabcaro. Mais tout à fait prêt à poursuivre l’aventure, a-t-il confié. «Je rêve que Jean-Yves me dise : « Moi, je suis fatigué, j’arrête… »»

Fabcaro a reçu les éloges des ayants droit, Anne Goscinny et Sylvie Uderzo, filles des auteurs d’origine. «Il me fait penser à mon père quand il disait : « Je ne lâche une case, vraiment, que quand je ne peux plus mettre de gag dedans »», a déclaré Anne Goscinny. Le titre même de l’album est, selon le scénariste, un hommage à «l’esprit de Goscinny et Uderzo», chez qui «le thème est souvent incarné dans un objet physique ou une personne (NDLR : Astérix et le chaudron, Le Bouclier arverne, Le Devin, La Serpe d’or, etc.). Ici, l’iris est le symbole de la bienveillance et de l’épanouissement, ou c’est tout du moins ce que l’on espère…».

Astérix va on ne peut mieux!

L’histoire

L’Iris blanc est le nom d’une nouvelle école de pensée positive qui commence à se propager dans les grandes villes, de Rome à Lutèce. César décide que cette méthode peut avoir un effet bénéfique sur les camps qui se trouvent autour du célèbre village gaulois. Mais les préceptes de cette école exercent aussi une influence sur les villageois qui croisent son chemin…

Le savoir-faire de Goscinny
et Uderzo exposé à Paris

L’exposition «L’Économie selon Astérix», inaugurée samedi à Paris, montre une fois de plus le savoir-faire des créateurs du personnage et de son village gaulois, René Goscinny et Albert Uderzo, génies de la parodie. C’est Citéco, un musée installé dans un ancien hôtel particulier de style néo-Renaissance, puis une ancienne succursale de la Banque de France, qui accueille cette exposition jusqu’au 26 février.

Les pièces maîtresses de l’exposition sont issues des archives de Goscinny et Uderzo et rarement montrées au public. Citéco place côte à côte un scénario, tapé à la machine par Goscinny, case après case, action à gauche et dialogues à droite, en vue de la planche 25 de l’album Le Bouclier arverne (1968) et le crayonné de cette planche par Uderzo. On voit aussi, encore plus en amont dans son travail, un synopsis, là aussi tapé à la machine par Goscinny, de plusieurs planches de l’album Astérix gladiateur (1964).

«Goscinny écrit tout à l’avance. Il décrit précisément tout ce qui se passe sur chacune des pages. Ensuite, il va voir son ami Uderzo, qui va lui dire : « Là, ça ne va pas, tu veux vingt chevaux, mais quatre suffiront. » Il y a une négociation», explique Didier Pasamonik, commissaire de l’exposition, éditeur et journaliste de bande dessinée. «Une fois qu’ils se sont mis d’accord, poursuit-il, le découpage est fait par Goscinny et Uderzo dessine, avec une grande intelligence» et une foule de détails comiques qui parlent aux lecteurs les plus jeunes comme aux connaisseurs de l’Antiquité.

L’approche économique choisie par l’exposition permet de revisiter l’«esprit gaulois» tel que l’ont imaginé les auteurs : méfiance face aux puissants, farouche volonté d’indépendance, attachement au village, mais ouverture aux autres cultures. «Plein de cases d’Astérix caricaturent l’économie, mais disent beaucoup sur elle. Si Goscinny et Uderzo n’en sont pas des spécialistes, tout comme ils ne sont pas historiens, ils posent des questions qui nous intéressent encore», estime Christian Chavagneux, conseiller économique de l’exposition.

La naissance de la monnaie, l’internationalisation des échanges ou l’importance de l’esclavage et des pillages pour l’économie impériale, faits marquants de l’Antiquité, sont ainsi évoqués dans les albums, de même que des sujets plus propres au XXe siècle : production de masse, bulles spéculatives, montée de la bureaucratie ou encore tensions entre patronat et salariés.

«L’Économie selon Astérix»,
jusqu’au 26 février 2024.
Citéco – Paris.

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