Accueil | A la Une | Bagarre en marge de la fête nationale 2021: la défense plaide l’acquittement

Bagarre en marge de la fête nationale 2021: la défense plaide l’acquittement


Les deux frères et leur cousin rejettent les accusations en bloc. Ils accusent les quinze policiers d’avoir «coloré» leurs témoignages. (Photo : archives lq)

La défense a utilisé des vidéos filmées le soir des faits pour mettre en doute la probité des témoignages des policiers dans ce dossier, avant de plaider l’acquittement des trois jeunes.

Qui la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg va-t-elle choisir de croire ou de ne pas croire? Le parquet a choisi son camp mercredi après-midi en requérant des peines de 12, 9 et 6 mois de prison contre trois jeune hommes de 26 ans accusés de rébellion et d’outrage à agents, ainsi que de coups et blessures volontaires après des échauffourées survenues la veille de la fête nationale 2021 derrière le Palais grand-ducal.

Les prévenus – deux frères et leur cousin – et leur bande d’amis auraient été plusieurs fois rappelés à l’ordre durant la soirée par des patrouilles de police avant que la situation ne dégénère et que les policiers ne soient obligés de sévir et de «muscler» le ton. Les fêtards présents en auraient profité pour s’en mêler et la situation a rapidement viré au chaos, comme le démontrent des vidéos qui ont circulé dans les réseaux sociaux les jours suivant les faits. Des vidéos que Me Rollinger a utilisées pour construire sa défense.

Le trio a rejeté toutes les accusations et s’est dit victime d’incompréhension et de violences policières. Ils auraient voulu quitter les lieux, comme les policiers le leur avaient suggéré, mais n’y seraient pas parvenus assez rapidement en raison de la densité de la foule. La situation aurait ensuite dégénéré à cause d’un policier en particulier et d’un jeune homme non identifié que le trio dit ne pas connaître.

L’acquittement pour le trio

Comme souvent, deux vérités se confrontent. Pour la défense, «certains témoignages des policiers sont faux». Leurs dépositions se ressembleraient beaucoup trop, souligne Me Rollinger, qui blâme l’esprit de corps, et deux vidéos «contredisent leurs affirmations» quant à l’interpellation d’un des deux frères. «Cela décrédibilise leurs témoignages faits sous serment», affirme l’avocat. «Les policiers ont de la chance qu’il n’existe pas d’autres vidéos pour contredire leurs propos.»

La réponse des policiers aurait été disproportionnée face à «l’absence de résistance et d’opposition» de son client, qui aurait juste levé les bras en l’air au beau milieu du tumulte ambiant. Les policiers ont témoigné avoir dû se mettre à quatre pour lui passer les menottes après un refus d’obtempérer de sa part.

L’avocat sous-entend que certains policiers auraient peut-être eu du mal à «conserver leur sang-froid», étant donné la situation difficile. Ils ont essuyé des insultes et des jets de bouteilles. L’avocat cite notamment un incident survenu le même soir entre des policiers et un jeune homme qui a eu la mâchoire brisée et a été blessé à l’œil. L’affaire, encore en cours d’instruction, a fait l’objet d’une enquête de l’Inspection générale de la police et un policier avait été placé sous contrôle judiciaire.

Un argument rejeté par le représentant du parquet. «Un fait ne peut être utilisé pour tirer des conclusions sur l’autre», estime-t-il. De même, il juge «de bonne guerre que la défense se limite à un seul fait» et souligne qu’«elle fait totalement abstraction de ce qui s’est passé avant». «Les jeunes ont résisté à leur arrestation» et «le tribunal doit prendre la voie d’une condamnation». Me Rollinger demande à la 9e chambre correctionnelle d’acquitter le trio au bénéfice du doute. Dans le cas contraire, il demande aux juges d’assortir la condamnation d’une suspension du prononcé ou du sursis intégral ou, plus subsidiairement, de les condamner à des heures de travail d’intérêt général.

Les policiers n’ont pas la vie facile et il ne faut pas les insulter, reconnaît l’avocat, mais les témoignages de certains d’entre eux «sont à prendre avec des pincettes», prévient-il. Ne voulant pas céder de terrain à l’accusation, il rappelle qu’un quatrième prévenu aurait pu être condamné à tort si le parquet n’avait pas découvert qu’il était emprisonné au moment des faits, alors qu’une policière l’avait pourtant identifié comme un des fauteurs de troubles. En réponse à quoi le procureur lui a fait lecture du témoignage de la policière en question, qui a affirmé, en consultant les planches photographiques, ne pas être certaine qu’il s’agissait du même jeune homme.

Le trio sera fixé sur son sort le 13 juillet.