Ce mardi, l’élection des délégations du personnel dans le secteur privé viendra clôturer les élections sociales 2024, lancées en début d’année avec le vote par correspondance pour élire la CSL. Quels sont les enjeux ?
Les dés sont jetés ou presque. Cet après-midi, sur le coup de 17 h, le Bureau centralisateur, installé au ministère du Travail, va lancer le dépouillement des bulletins de vote renvoyés par les plus de 600 000 électeurs, appelés à renouveler l’assemblée plénière de la Chambre des salariés (CSL).
Combien d’enveloppes ont été reçues, après que le taux de participation s’est limité à 32,2 % à peine en 2019? Et quel sera le résultat qui sortira des urnes?
Voilà deux des enjeux de ce scrutin que l’on peut considérer comme le plus démocratique du Luxembourg, car contrairement aux élections législatives ou communales, chaque salarié et pensionné, peu importe son origine, peut voter.
À titre de comparaison, seuls quelque 287 000 citoyens de nationalité luxembourgeoise ont élu, le 8 octobre dernier, une nouvelle Chambre des députés.
OGBL, LCGB et ALEBA en course
«Ces élections constituent un pilier de notre démocratie au Grand-Duché, puisqu’elles permettent à tous les salariés, apprentis, demandeurs d’emploi et retraités (…) de faire entendre leur voix en élisant leurs représentants auprès de la Chambre des salariés», souligne Nora Back, la présidente sortante, dans la brochure officielle de la CSL, éditée à l’occasion de ce scrutin.
Le dernier délai pour renvoyer son bulletin de vote étant fixé à aujourd’hui, les yeux seront rivés en ce 12 mars sur l’élection des délégations du personnel dans toute entreprise de 15 salariés et plus. Le nombre de délégués peut varier de 1 (entre 15 et 25 salariés) à 21 (plus de 3 500 salariés).
L’OGBL, le LCGB et l’ALEBA – les trois plus importants syndicats du pays – vont certainement observer de plus près le top 10 des plus grands employeurs : CFL (4 790 salariés au 1er janvier), Amazon (4 570), Post (4 500), Groupe Dussmann (4 460), Cactus (4 290), BGL BNP Paribas (3 970), ArcelorMittal (3 540), Goodyear (3 540), PwC (3 310) et Luxair (2 970).
Mais, en fin de compte, chaque délégué et chaque siège vont compter, en priorité pour les deux ténors que sont l’OGBL et le LCGB.
«Nous voulons clairement rester le syndicat le plus fort du pays, en consolidant, voire en élargissant, notre majorité absolue à la Chambre des salariés et dans les entreprises. On ne se fixe pas d’objectif chiffré, mais il est clair que chaque siège et délégué de moins pour l’OGBL encouragera le gouvernement et le patronat à mener à bien leurs plans néolibéraux», souligne ainsi la présidente Nora Back, dans un entretien accordé au Quotidien.
Son syndicat aborde ce scrutin avec 37 sièges à la CSL (y compris les 2 récupérés par le Landesverband) et près de 3 900 délégués sortants. Sont en lice 60 candidats pour intégrer le «Parlement du travail» et un nombre record de 6 124 candidats dans 831 entreprises.
«Le LCGB travaille fortement pour mobiliser et motiver les gens. On défendra nos engagements et nos convictions», clamait le président du syndicat chrétien, Patrick Dury, interrogé par nos soins. Un objectif est de passer de 18 à 21 sièges à la CSL et de renforcer son effectif de 3 200 délégués, tout en continuant à «former un front syndical uni». Le LCGB s’élance également avec 60 candidats à la CSL et 4 297 candidats dans 539 entreprises, également un record.
Qui sera représentatif sur le plan national?
L’ALEBA se montre décidée à venir chambouler le rapport de force, après s’être ouverte à d’autres secteurs tels que la finance. «Nous sommes parvenus à établir des listes dans six des neuf secteurs que compte la CSL. Aujourd’hui, 531 000 électeurs ont un bulletin dans lequel ils voient des candidats ALEBA, contre 180 000 précédemment, 60 000 actifs du secteur financier et 120 000 retraités», avait énuméré le président Roberto Mendolia dans nos colonnes.
Le principal enjeu est la représentativité nationale. À la fois le résultat à la CSL qu’à l’échelle des entreprises va définir le poids de l’OGBL et du LCGB face au patronat et au gouvernement.
La représentation dans différentes entités tripartites – la tripartite nationale en tête, mais aussi les instances de la Sécurité sociale – dépend aussi du verdict des urnes.
L’ALEBA cherche à devenir le quatrième syndicat doté de la représentativité nationale, aux côtés de l’OGBL, du LCGB et de la la CGFP, qui dispose de ce statut pour la fonction publique. Il faudra toutefois au moins décrocher 20 % des voix à la CSL.
Neuf syndicats en lice, dont six à la CSL
Avec l’OGBL, le LCGB, l’ALEBA, la FGFC, le Syprolux, le SEA-LCGB, le NGL-SNEP, la CLSC et le NVGL ce sont neuf syndicats qui se présentent à ces élections sociales 2024. Tous ne sont cependant pas en lice pour le renouvellement de l’assemblée plénière de la CSL. Sur les neuf, six présentent un nombre différent de listes de candidats.
Seuls l’OGBL (35 sièges, -3 en 2019) et le LCGB (18 sièges, +3) sont en course dans l’ensemble des groupes socioprofessionnels que compte le «Parlement du travail» (lire ci-dessous).
L’ALEBA, syndicat historique de la place financière, s’est ouverte à d’autres secteurs. Pour ce scrutin, elle présente 6 listes : aux Services financiers (4 sièges à défendre) s’ajoutent les Autres services, Administrations et entreprises publiques, Santé et Action sociale, CFL et Retraités.
Le Syprolux (1 siège) est devenu le seul syndicat de cheminots à part entière après l’intégration du Landesverband (2 sièges) dans l’OGBL. Est-ce que ce changement de donne va chambouler le rapport de force dans le groupe CFL?
Le NGL-SNEP, sans candidats en 2019, est à la relance avec trois listes : Construction, Autres services et Retraités.
La FGFC (Fédération générale de la fonction communale) se présente dans la catégorie Administrations et entreprises publiques.
Les résultats ne devraient pas être connus avant plusieurs semaines.