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Automobile : le leasing privé fait son apparition au Luxembourg


Près de 10 000 personnes en Belgique ont déjà opté pour une formule de leasing opérationnel contre plus de 100 000 aux Pays-Bas. (Photo : archives lq)

La formule du leasing automobile à destination des particuliers est déjà largement adoptée aux Pays-Bas. Chez nos voisins belges et français, la tendance commence également à faire ses preuves.

Avec une progression de 40 % en un an en Belgique, le leasing automobile privé connaît une belle progression alors que cette formule n’a été lancée qu’à la fin de l’année 2015. Statistiquement parlant, on parle chez nos voisins belges d’environ 10 000 personnes ayant opté pour le leasing automobile privé, pour le plus grand bonheur des sociétés de leasing, qui semblent avoir trouvé un nouveau marché porteur après celui des entreprises et des véhicules de société

Concrètement, le leasing automobile privé, ou «private leasing», est une solution où l’automobiliste, le particulier, souscrit un contrat de location avec une société de leasing. Chaque mois, l’automobiliste paie un «loyer» comprenant l’amortissement du véhicule, l’assurance, les entretiens, les pneus, l’assistance, la taxe routière, etc. Mais attention, l’automobiliste n’est qu’un utilisateur du véhicule qui reste la propriété de la société de leasing. Bref, c’est comme pour une voiture de société, mais pour les particuliers.

«Le particulier règle chaque mois son loyer»

«Ici, on parle d’un leasing opérationnel et non d’un leasing financier. Dans le premier cas, le particulier règle chaque mois son loyer comprenant tous les services inclus dans son contrat par rapport à une durée et à un kilométrage déterminé. À la fin du contrat, il n’y a pas la possibilité pour le particulier d’acheter la voiture, contrairement au leasing financier, tout comme il n’y a pas d’acompte au départ. Il s’agit d’une formule de location et non d’un moyen de financement en vue d’une acquisition», explique Pierre-Yves Meert, chargé du marketing, de l’innovation et de la stratégie au sein d’ALD Luxembourg, une société de leasing importante sur la place qui va très prochainement lancer cette formule au Grand-Duché. Ce n’est d’ailleurs pas la seule à vouloir attaquer ce marché puisque les sociétés LeasePlan et la banque BGL BNP Paribas (en collaboration avec Arval, spécialisée dans le leasing automobile et faisant partie du Groupe BNP Paribas) sont en train de lancer des solutions similaires dites de «leasing automobile aux particuliers».

«Nous avons fait des études de marché et nos clients demandent ce type de solutions. Il y a en Europe une réelle tendance à privilégier l’usage à la propriété. D’ailleurs, le succès d’entreprises comme Airbnb ou Netflix montre que l’usage d’un service importe davantage que la propriété du bien. Le leasing de voitures s’inscrit pleinement dans cette tendance», explique Joël Fernandes, le directeur de LeasePlan Luxembourg.

La question est de savoir si les particuliers, autrement dit Monsieur et Madame Tout-le-monde, vont adhérer à cette nouvelle formule lors de l’acquisition d’un véhicule. Car si, effectivement, la digitalisation de nos sociétés, entre autres, a fait émerger une mouvance économique privilégiant l’usage sur la propriété, est-ce que le résident luxembourgeois, traditionnellement attaché à la propriété, va suivre le mouvement?

Du côté des professionnels, la réponse est clairement oui. «Cette solution offre un confort aux particuliers. Le concept consiste à regrouper les coûts réels liés à la détention et à l’usage d’une voiture dans un loyer. Pour le particulier, plus besoin de se soucier du prix de l’entretien, de l’assurance, encore moins de la revente de la voiture. Qui est capable aujourd’hui d’estimer réellement ce que sa voiture va lui coûter dans son ensemble sur deux ou trois ans? Personne. Avec cette formule, le loyer est fixé, ce qui facilite la gestion du budget du particulier. Ici, nous allons offrir un service « all-in » avec un interlocuteur unique. Le particulier n’aura qu’à prendre les clés et rouler», précise Dominique Roger, manager général d’ALD Luxembourg.

Un frein : le choix du véhicule

Mais un frein risque de gripper l’optimisme des professionnels : le choix du véhicule. Car il faut bien comprendre le modèle d’affaires de cette formule. La société de leasing achète un véhicule choisi par le particulier. Ce dernier règle chaque mois un loyer jusqu’à la fin du contrat (généralement 36 mois). Ensuite, à la fin de ce contrat de location, la société de leasing récupère le véhicule et le revend en espérant, comme pour un particulier, récupérer le maximum d’argent sur la revente.

Pour cela, comme c’est le cas pour les véhicules de société, il n’y a que très peu de place pour les couleurs vives ou exotiques pouvant faire diminuer la cote du véhicule au moment de la revente, réduisant donc le choix pour le particulier au moment de passer un contrat de location avec une société de leasing. Un argument balayé par les professionnels, tant chez ALD Luxembourg que chez LeasePlan Luxembourg, qui offrent «la possibilité aux particuliers dans le cadre d’un leasing automobile d’opter pour un large choix de véhicules, de motorisations, de personnalisations et d’équipements».

Compromis sur la couleur

Pourtant, en début d’année, Frank Van Gool, directeur général de Renta, la fédération belge des loueurs de véhicules, a déclaré à nos confrères du journal Le Soir sur ce même sujet : «Le choix est plus limité. Au niveau de la motorisation, de la couleur ou des options, la société de leasing proposera uniquement des modèles qui lui assurent la meilleure combinaison pour la revente de la voiture.»

Du côté de BGL BNP Paribas, qui va lancer cette formule lors de l’Autofestival, on se veut plus prudent : «Oui, la liberté de choix sera possible, même si un particulier vient avec une offre pour une voiture rose fluo. Mais il faudra tout de même être conscient que le loyer va prendre en compte cette particularité et sera donc évidemment plus cher, car un véhicule de couleur atypique n’est pas le plus facile à revendre. C’est aussi notre rôle de conseiller notre client et de peut-être lui suggérer d’opter pour le même véhicule avec une autre couleur ou avec plus d’équipements afin de faciliter la revente. Cela jouera à la baisse dans le loyer du particulier», souligne de son côté Roby Thill, directeur banque de détail de BGL BNP Paribas.

Pour être complètement objectif sur cette nouvelle formule, il est certain qu’elle ne pourra pas convenir à tout le monde, mais, d’un autre côté, elle pourra séduire les particuliers optant pour le confort et la simplicité, quitte à faire, par exemple, un petit compromis sur la couleur.

Jérémy Zabatta

 

Une solution pour trois profils

Pour Roby Thill, directeur Banque de détail au sein de BGL BNP Paribas, cette solution devrait séduire les particuliers, même s’il s’attend à un démarrage en douceur avec une centaine de clients sur 2018. La banque et Arval ont sondé le marché luxembourgeois et ont identifié trois types de particuliers susceptibles d’opter pour une formule de leasing opérationnel. «Nous avons identifié trois profils pouvant opter pour le leasing automobile privé. Le premier est le jeune qui ne souhaite pas faire un crédit personnel pour sa première voiture et qui est susceptible de changer de véhicule dans les deux, trois prochaines années pour diverses raisons. D’autant plus que le jeune qui paie généralement cher son assurance pourra bénéficier dans une formule de leasing privé d’un loyer comprenant déjà une assurance calculée sur le risque moyen de toute la flotte. Le second est, a contrario, une personne plus âgée arrivant en fin de carrière pour aller en pension. Il était peut-être habitué à avoir une voiture de société et arrivant à la retraite se demande s’il doit acheter une voiture alors qu’il n’a pas forcément envie de s’embêter. Il optera donc peut-être pour cette formule qui, finalement, sera très proche de sa situation précédente avec une voiture de société. Enfin, le troisième profil : il y a des clients qui ne veulent plus être confrontés à la problématique de la revente à un garage ou à un particulier ou encore des démarches administratives. Le particulier est face à beaucoup d’incertitudes, à savoir quelle sera la valeur de la voiture après quelques années, sa fiabilité, son coût d’entretien, etc. Avec cette formule, le particulier n’a plus besoin de se poser ces questions. Les profils ont en commun la recherche du confort et de la simplicité. Après, c’est aussi une question au cas par cas en fonction du budget de chaque client. Notre force est également dans la connaissance du particulier et de ses interrogations. Notre expérience au niveau du conseil est donc clairement un atout.»