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Au CHL, le service allergologie engorgé


(De g. à d.) Le Dr Farah Hannachi, le Dr Christiane Lehners et Ildiko Porcsin, laborantine, observent les pollens collés à la bande d’un appareil de mesure manuel posté sur le toit du CHL. (photo : Hervé Montaigu)

Surchargé de patients, le service allergologie du Centre hospitalier de Luxembourg est en première ligne face à la montée des allergies, dont le pollen, de plus en plus fort d’après les mesures.

Tous ceux qui se réveillent les yeux collés et le nez pris le savent : le pollen frappe fort depuis la fin du mois de mai. Fidèle au rendez-vous, le rhume des foins est de retour. Une expression trompeuse du XIXe siècle, puisque le foin n’est pas le responsable. Il s’agit des pollens de graminées issus du blé, des bambous ou des roseaux et que l’on respire tous, même loin des champs. «

Avec le vent, les pollens peuvent parcourir 200 kilomètres, donc on est aussi bien touché en pleine ville qu’à la campagne», fait savoir le Dr Christiane Lehners, membre du service immunologie-allergologie du Centre hospitalier de Luxembourg. En poste depuis 1991 et en âge de prendre sa retraite, elle continue de pratiquer à mi-temps, trop prise par les allergies, un «sujet passionnant».

À ses côtés, quatre personnes s’occupent du service ainsi que de la station aérobiologique, sur le toit du 5e étage du CHL. C’est depuis «le plus beau rooftop du Luxembourg» que sortent les chiffres quotidiens de concentration pollinique et de spores pour tout le Grand-Duché, consultables sur le site pollen.lu. Un outil indispensable, à l’initiative du Dr François Hentges qui, comme sa collaboratrice, repousse sa retraite en travaillant toujours à mi-temps.

Depuis sa création en 1991, la station est composée de deux appareils de mesures manuels toujours opérationnels. «Trois fois par semaine, les laborantines prélèvent et analysent les bandes où se collent les pollens.» Depuis deux ans, un automate a été ajouté afin d’alimenter quotidiennement une future application mobile. Avec un lancement envisagé au printemps prochain, cette dernière est très attendue, tant le nombre d’allergiques est en hausse, selon les allergologues. Un phénomène qui concerne aussi bien les allergies alimentaires que celles aux animaux ou encore l’eczéma.

«Il y a 50 ans, quand vous demandiez dans une salle de classe qui était allergique, seuls deux ou trois timides levaient la main, se rappelle le Dr François Hentges. Maintenant, c’est près de la moitié des élèves qui sont concernés.»

Six mois pour un rendez-vous

Entre la pollution, le tabac, la nourriture transformée, le réchauffement climatique et le caractère héréditaire, les facteurs qui expliquent l’augmentation de l’incidence des allergies, le pollen en tête, sont nombreux. D’après l’Organisation mondiale de la santé, l’allergie est la 4e maladie chronique au monde, derrière le cancer, le sida et les maladies cardiovasculaires. Au Luxembourg, 40 % des habitants sont susceptibles d’être allergiques, selon l’étude du Luxembourg Institute of Health (LIH).

«Quand on a vu ces 40 %, on a eu peur puisque l’Académie européenne de l’allergie prévoit 50 % d’allergiques en 2050, sauf que l’on va beaucoup plus vite», constate le Dr Farah Hannachi. «On ne naît pas allergique, on le devient», prévient celle qui reçoit des nouveaux patients de tous âges. «Une allergie peut très bien se déclarer à 40 ans.» En parallèle, les mesures polliniques du CHL depuis 1991 démontrent qu’au fil du temps, certains pollens ont une période plus longue et un pic plus fort. De quoi augmenter le nombre de patients du service d’immunologie-allergologie, déjà bien saturé.

«On peine à éponger, on est arrivé à novembre pour avoir un rendez-vous», confie le Dr Farah Hannachi, pas aidée par le pic actuel de pollen. Seule médecin du service à temps plein, cette dernière aimerait plus de moyens, la dizaine d’allergologues du pays étant débordés par la demande. D’autant plus que l’accueil au CHL tient à un fil : «Si les docteurs retraités décident de prendre des vacances méritées, ça sera vraiment très compliqué.»

Elle et ses collègues peuvent tout de même compter sur la collaboration des médecins généralistes afin de «faire le tri entre une allergie et une intolérance, une grippe ou le covid». Ils peuvent aussi rappeler certains conseils de base : éviter de sortir après 10 h et de faire du sport en extérieur, faire un lavage du nez, porter un masque ou des lunettes. Malgré tout cela, un traitement antihistaminique est parfois nécessaire afin de diminuer les réactions.

Si l’effet temporaire de ce dernier ne suffit pas,  «suivre une désensibilisation peut durablement atténuer la réponse allergique». Ce traitement, qui consiste à s’administrer progressivement des doses d’allergène, doit permettre au corps de s’habituer et d’augmenter sa résistance. «Pas de quoi en guérir pour autant» ni soulager le service immunologie-allergologie.

Un commentaire

  1. Il n’y a pas que l’allergologie. Pour un simple rendez-vous pour une échographie, des mois de délais!

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