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Attaque au couteau à sushi : un homme jugé pour tentative de meurtre


Le prévenu prétend avoir glissé avec le couteau dans les mains et avoir touché un autre homme. Son geste n’aurait pas été intentionnel.

Un sans-papiers chinois est accusé d’avoir poignardé un employé du restaurant de son frère avec un couteau à sushi. Il prétexte avoir été battu pendant une crise d’épilepsie.

Baosong, 42 ans, a émis une demande d’euthanasie en prison parce qu’il a «perdu la face». Ce Chinois cumule les épisodes violents et les crises de grand mal. Une maladie à laquelle il impute ses échecs et un sentiment de honte qui confine au mal-être. Selon un expert psychiatre, l’homme, fataliste, n’aurait pourtant jamais cherché à améliorer son sort. Il ne prendrait par exemple pas régulièrement son traitement contre l’épilepsie.

C’est, dit-il, en émergeant d’une telle crise qu’il aurait attaqué, le 14 mai 2021, un des employés du restaurant de son frère à Hobscheid avec un couteau à sushi. Baosong prétend que son frère et ses employés auraient profité qu’il était inconscient pour le passer à tabac. Il se serait saisi du couteau pour faire peur à l’employé, aurait glissé et n’aurait nullement eu l’intention de le tuer. C’est tout ce dont il se souvient. La lame de 25 centimètres a pénétré dans le dos de la victime présumée. Après, c’est le trou noir.

Le casier judiciaire du prévenu, ses déclarations à géométrie variable et les conclusions d’un neurologue contredisent ses explications. Au sortir d’une crise de grand mal, il serait impossible de réagir avec une telle rapidité et une telle lucidité, explique le spécialiste. Les personnes qui en souffrent en sortent généralement désorientées. Il en a conclu, hier matin à la barre de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, que la commission d’un tel acte est incompatible avec une crise d’épilepsie. De même, une courte perte de mémoire après une crise d’épilepsie ne serait pas non plus possible.

Son geste commis, Baosong aurait saisi la lame du couteau à sushi à pleine main pour la sortir, se sectionnant au passage les tendons, les nerfs et les vaisseaux sanguins de quatre doigts. Une blessure au final bien plus importante et invalidante que celle infligée à sa présumée victime. Comme l’a constaté un médecin légiste, la lame s’est enfoncée dans les tissus mous et n’a occasionné qu’une «blessure bénigne». Ce qui n’enlève rien à la gravité de l’acte, qui reste répréhensible, a-t-il commenté. Il n’a pas constaté d’hématomes ou de blessures sur Baosong compatibles avec un passage à tabac.

Un passif de violence

Baosong reconnaît être impulsif et peu résistant à la frustration, selon l’expert psychiatre qui l’a examiné. Il aurait également du mal à mettre des mots sur ses émotions ou «à se défendre avec des mots» et laisserait alors parler ses poings. Le prévenu a plusieurs condamnations pour coups et blessures volontaires à son actif.

À Bruxelles, il a blessé un sans-abri qui fouillait dans ses affaires. En 2014, il a été condamné au Luxembourg à 10 ans de prison, dont cinq avec sursis, pour tentative de meurtre. Il avait essayé de poignarder le propriétaire de son logement en raison d’un différend. Deux ans plus tard, il écopait de 12 mois pour coups et blessures volontaires. Enfin, il aurait eu deux violentes altercations avec ses codétenus en détention préventive.

En outre, il est également jugé pour avoir frappé un ancien collègue de travail avec une pince de cuisine et pour avoir insulté et menacé de mort le patron du restaurant qui l’avait employé pendant trois jours à Echternach en mars 2020. Ce dernier venait de découvrir que Baosong était un sans-papiers et lui avait demandé de rendre son tablier. Le jeune homme aurait menacé de revenir le poignarder s’il parlait de l’incident à la police.

Baosong a quitté la Chine en 1999. Il a traversé la Russie, l’Ukraine et l’Allemagne avant de venir rejoindre un de ses frères au Luxembourg il y a quinze ans. Sans papiers, sans instruction et sans domicile, il raconte au psychiatre avoir erré d’un restaurant à l’autre, travaillant pour le gîte et le couvert, dormant parfois dehors. Une vie de solitude, de mépris et de déshonneur qui l’empêcherait, selon lui, de rentrer en Chine. Dans le box de la grande salle d’audience du tribunal, le prévenu semble accepter son sort, imperturbable.

Les autres protagonistes donneront leurs versions des deux faits demain après-midi, puis ce sera au tour du jeune homme de s’exprimer.

Un commentaire

  1. A quand l’expulsion en Chine?