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ArcelorMittal ne mise pas sur les architectes luxembourgeois pour son siège au Kirchberg


Le site retenu pour ce futur siège d'ArcelorMittal (en rouge) est situé le long de l'avenue J.-F.-Kennedy, bordé par la rue Galileo-Galilei et la rue du Fort-Thüngen. (photo Fonds Kirchberg)

Le président de l’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils (OAI), Pierre Hurt, est monté au créneau, mardi, dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre, après avoir constaté qu’aucun bureau d’architectes luxembourgeois n’avait été retenu pour concevoir le futur siège d’ArcelorMittal dans le quartier d’affaires du Kirchberg.

Le sujet de discorde concerne la non-présence luxembourgeoise parmi la sélection de huit bureaux d’architectes retenue par ArcelorMittal et le Fonds d’urbanisation et d’aménagement du plateau de Kirchberg dans le cadre de la conception du futur siège du géant de l’acier sur le plateau.

En effet, le 15 février dernier, ArcelorMittal et le Fonds du Kirchberg ont dévoilé le nom de huit bureaux d’architecture étrangers en lice dans le processus d’appel d’offres dans le cadre de la conception d’un bâtiment de 55 000 m², avec comme point d’orgue l’acier sous toutes ses formes, afin de refléter toutes les possibilités de l’alliage faisant la renommée du deuxième employeur privé du pays. À l’époque, Le Quotidien avait déjà demandé à ArcelorMittal pourquoi aucun bureau luxembourgeois ne figurait dans cette liste, et l’entreprise avait alors répondu «avoir privilégié des bureaux ayant déjà réalisé d’importants projets et ayant une renommée et une expertise d’un niveau international».

Une explication qui n’a, semble-t-il, pas convaincu Pierre Hurt, qui fustige le procédé du Fonds du Kirchberg et de l’État, dans la mesure où ce dernier est actionnaire d’ArcelorMittal et que le Fonds du Kirchberg est un établissement public. «Les critères de participation pour cette consultation sont largement disproportionnés au regard des caractéristiques du projet. Un effectif total minimal de 100 personnes, dont au moins 80 architectes diplômés, vise à exclure de facto les bureaux établis au Luxembourg, et non à s’assurer de la capacité à concevoir un immeuble de bureaux de 55 000 m²», a écrit le président de l’OAI dans sa lettre ouverte avant de poursuivre : «Quant à la compétence, elle n’est pas toujours fonction de critères quantitatifs de capacité. À titre d’exemple, des immeubles de bureaux récents de taille similaire ont été conçus par des architectes locaux à Gasperich et au Kirchberg. Une compétition ouverte entre bureaux étrangers et locaux aurait été enrichissante et stimulante à tous égards.»

Une double pénalité

Un autre argument de Pierre Hurt fait mouche dans sa lettre ouverte, lorsqu’il met en exergue le slogan du gouvernement, «Let’s make it happen» («Faisons en sorte que cela arrive»), fer de lance de la stratégie de l’État visant à mettre en avant les compétences du Luxembourg et de ses acteurs économiques. «Il s’agit d’une opportunité gâchée, alimentant un cercle vicieux pénalisant doublement nos architectes : en perdant l’opportunité de concourir pour des projets nationaux emblématiques, ils ne peuvent s’illustrer par leurs talents ni gagner de références pour s’exporter et participer à des concours à l’étranger», souligne Pierre Hurt dans sa lettre ouverte.

Pour apporter un peu plus de poids à cette lettre ouverte, Pierre Hurt rappelle également que le pays dispose de 480 bureaux d’architectes «expérimentés et talentueux». D’ailleurs, pour se faire une idée du savoir-faire luxembourgeois, le président de l’OAI invite le Premier ministre à se rendre sur le site laix.lu (Luxembourg architectes ingénieurs-conseils) qui met en avant de grands projets et constructions réalisés par des bureaux du pays.

Jeremy Zabatta

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