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Après Halle : la sécurité des lieux de culte à renforcer, selon le rabbin d’Esch


Alexander Grodensky se dit "surpris" qu'une surveillance policière n'ait pas été assurée à l'entrée de la synagogue de Halle "particulièrement en ce jour de célébration" de Yom Kippour. (archives Isabella Finzi)

L’attentat visant la synagogue de Halle, mercredi, meurtrit une communauté juive déjà la cible d’une recrudescence de haine ces derniers mois. Les autorités religieuses allemandes appellent à davantage de protection des lieux de culte. Un appel relayé au Luxembourg, par le rabbin d’Esch-sur-Alzette.

Alexander Grodensky s’affaire au soin des plantes qui font grise mine dans le jardinet de la synagogue d’Esch, en ce jeudi maussade. Les funestes événements de la veille à Halle, où deux personnes sont tombées sous les balles d’un sympathisant d’extrême-droite et deux autres ont été grièvement blessées, le jour de Yom Kippour, n’ébranlent pas le calme du rabbin. « Malheureusement, le climat actuel rend la menace omniprésente », note Alexander Grodensky. De fait, il se dit « surpris » qu’une surveillance policière n’ait pas été assurée à l’entrée de l’édifice « particulièrement en ce jour de célébration ». L’assaillant, qui a publié un manifeste antisémite détaillant son intention de frapper la synagogue, s’est heurté aux lourdes portes fermées à double tour avant de retourner ses armes contre des passants.

La communauté juive a immédiatement exigé de l’Allemagne une meilleure protection, au regard de la résurgence d’un antisémitisme d’extrême-droite ces dernières années. Cet attentat « n’aurait pas dû arriver à Halle », abonde le rabbin d’Esch, jugeant « que nous devrions être toujours protégés ».

« Nous ne vivons pas dans une bulle »

La tentation extrémiste et les actes qui la traduisent, en Allemagne « mais aussi en France ou en Belgique », obligent le Luxembourg « à rester vigilant », selon Alexander Grodensky : « Nous ne devons pas attendre qu’un tel événement se reproduise, il faut accroître d’ores et déjà le niveau de sécurité aux abords des synagogues du pays ». Il entend d’ailleurs lancer prochainement « des discussions avec les autorités. Nous avons besoin de soutien de la part du gouvernement, de la police, pour trouver ensemble des solutions ». Des réponses, aussi, au fait qu’il règne aujourd’hui « un sentiment d’insécurité dans la communauté, d’une manière générale », observe le rabbin. Un sentiment grandissant depuis janvier 2015 et l’attentat jihadiste contre l’Hyper Cacher à Paris, d’après lui.

Pour autant, il ne souffle aucun vent de panique au Luxembourg, tempère-t-il. Les craintes sont plus diffuses dans l’air vicié par les relents anti-juifs que d’aucuns banalisent. Des discours de haine certes plus fréquents, mais qui trouvent moins d’écho au Grand-Duché que chez ses voisins, estime Alexander Grodensky. Il n’oublie pas, du reste, que « la France et l’Allemagne ne sont qu’à quelques kilomètres ». Et que la xénophobie ne s’arrête pas aux frontières. « Nous ne vivons pas dans une bulle, les gens sont concernés et solidaires. »

Unis, surtout, pour combattre le mal à la racine et empêcher les mauvaises herbes d’envahir le terrain des libertés.

Alexandra Parachini