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Mondorf-les-Bains : une amicale passerelle anticrue 


L’ancien petit pont qui reliait les deux territoires était dix fois moins long que la passerelle en bois qui le remplace. La végétation était luxuriante.  (photo dr)

Pour éviter que la Gander ne déborde à l’avenir dans la Cité thermale, il a fallu élargir son lit du côté français, non construit. Une mesure anticrue, une renaturation et une passerelle de l’amitié.

Le 31 mai 2016 était un jour «pluvieux mais normal», se souvient le bourgmestre Steve Reckel, encore échevin à l’époque. Au fil de la journée, avec cette pluie incessante, la Gander ne cessait de grossir. «Nous avons surveillé toute la journée avec Lex Delles qui était encore bourgmestre, et Steve Schleck. Nous avons contrôlé tous les points sensibles et on ne pouvait pas imaginer ce qui allait se produire», raconte-t-il au public venu assister à l’inauguration de la nouvelle passerelle, pièce maîtresse de la troisième et dernière mesure anticrue réalisée par la commune.

La Gander, le ruisseau faisant frontière avec la France, est sortie de son lit comme jamais auparavant. «La nuit fut longue. Tout le monde a été surpris, les médias sociaux diffusaient plein de photos, au début tout le monde trouvait ça drôle, mais ce ne l’était pas du tout, c’était une grande catastrophe qui nous a tous surpris!» Ce soir-là, la commune a tout tenté pour limiter les dégâts. Tous les personnels disponibles, les élus au premier rang, ont apporté de l’aide à la population sinistrée, le ruisseau ayant fini par envahir les caves, les garages et les rez-de-chaussée.

«Heureusement, personne n’a été blessé, mais les dégâts constatés le lendemain étaient considérables», relate Steve Reckel qui a encore les images très présentes à l’esprit. Les premières questions se sont vite posées. Comment une telle crue était-elle possible alors que des mesures avaient déjà été réalisées selon le programme qui en comprend douze, dont six mesures anticrues permettant de diminuer le niveau des hautes eaux et de limiter les débordements vers les zones urbaines, et six mesures de compensation permettant de retenir l’eau dans les zones non urbaines? Le by-pass dans le parc thermal et le parking écologique à Altwies en sont les meilleurs exemples, mais cela n’était pas suffisant.

Après ce 16 mai 2016, les choses se sont accélérées et une nouvelle mesure anticrue a démarré de la place Émile-Krieps, jusqu’au Domaine thermal.

La passerelle de 40 mètres de long change le visage de cette entrée, jusque-là plus discrète, du parc thermal. Le clou de cette mesure anticrue qui achève le programme pour la Gander à Mondorf. Photo : dr

Le lit du ruisseau a été élargi sur 300 mètres de longueur et 30 mètres de largeur et deux mètres de profondeur pour diminuer jusqu’à 17 centimètres, les crues qui se produisent en général tous les vingt ans. Et pourtant, la commune n’était pas au bout de ses peines. «Personne ne pouvait se douter de ce qui allait nous arriver dans la nuit du 14 au 15 juillet 2021», poursuit le bourgmestre de Mondorf-les-Bains.  Bien que les travaux entrepris aient permis de limiter le débordement, les pluies torrentielles ont provoqué d’importantes inondations à des endroits précis. «Nous étions mieux préparés, nous avons déclenché l’alerte orange et rouge assez rapidement, nous avions des équipes sur place et la population était alertée.» Cependant, personne ne souhaite revivre cette expérience.

Un jour plus tard, alors que la commune se relevait péniblement de la catastrophe de la veille, Mompach, Rosport et Echternach affrontaient à leur tour, et de bien pire manière encore, des crues exceptionnelles et dramatiques.

Collaboration tous azimuts

Aujourd’hui, Steve Reckel espère pouvoir souffler avec la réalisation de cette troisième mesure sur la Gander, entre le pont de la pharmacie et la place Aalbach (ou rue Saint-Christophe à Mondorff (F)). Il a fallu débroussailler et abattre des arbres sur une surface d’environ 5 000 m2, enlever soigneusement quelque 700 m3 de plantes invasives en plus de déblayer et d’évacuer plus de 7 000 m3 de berges de la Gander. La réalisation d’une passerelle en bois de 40 mètres de long complète la mesure qui représente un volume total de terrassement de 11 500 m3 et offre surtout un tout nouveau visage à cette entrée, côté coulisses, du parc thermal.

Les travaux devaient durer un an, les délais ont été respecté. Des riverains tenaient fidèlement informé la population de l’avancée du chantier, louant les mérites des ouvriers, peu nombreux, qui ont accompli le travail de bien belle manière.

Une autre mesure moins visible a été réalisée. Elle consistait à passer en revue toutes les canalisations de la commune pour évaluer leur état et leur capacité pour savoir comment réagir en cas d’urgence.

Le lit de la Gander peut s’étendre sur 30 mètres et les mesures entreprises permettent de diminuer jusqu’à 17 centimètres la montée des eaux en cas de grandes crues. Photo : geneviève montaigu

Mercredi soir, l’ambiance était à la fête, du côté français de la passerelle. «C’est plus joli et plus verdoyant que notre côté avec le béton et les voitures», admet le bourgmestre, souriant, qui s’apprête à couper le ruban à quatre mains. À côté de lui se tient la maire de Mondorff, Rachel Zirovnik, venue avec son conseil municipal. L’élue a offert sa pleine collaboration en facilitant le contact avec les propriétaires des terrains longeant le ruisseau qui se situent tous en France, seule possibilité d’élargissement de la Gander. Ils ont été remerciés chaleureusement et applaudis par le public présent à l’inauguration, car sans eux, rien n’aurait pu être fait aussi rapidement. D’ailleurs, la majorité d’entre eux ont mis gracieusement leurs parcelles à la disposition de la commune de Mondorf-les-Bains.

Rachel Zirovnik souligne «l’excellente collaboration» entre la commune et les instances françaises. Cette passerelle, pour les deux édiles, représente aussi la longue amitié entre Mondorf-les-Bains et Mondorff, et qui devrait même «la fortifier».

Une ministre reconnaissante

La ministre de l’Environnement, Joëlle Welfring, constate combien cette dernière réalisation est importante aux yeux de la population, vu le nombre de personnes venues assister à l’inauguration de la passerelle mercredi soir, à la veille d’un jour férié. À Bettembourg la semaine dernière, le sujet avait aussi largement mobilisé.

Le projet, subventionné à 100 % par l’État, est une belle réussite. La renaturation permettra à la flore et à la faune de se développer davantage et d’offrir une belle réserve naturelle. Mais les hommes ne doivent pas oublier que ce sont eux qui sont en partie responsables du dérèglement climatique qui entraîne des crues et des sécheresses exceptionnelles, rappelle la ministre en substance. «Les gens remarquent que les mesures agissent et c’est super ce que vous avez fait ici à Mondorf», encourage-t-elle, avant de remercier les hôtes français qui accueillent la buvette luxembourgeoise.

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