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Alupse-Bébé : au service du lien parents-enfants


En 2022, 100 familles ont bénéficié d’un suivi par Alupse-Bébé.

Depuis 15 ans, le service Alupse-Bébé veille à renforcer le lien entre des parents et leur bébé, et prévenir les situations à risques.

Parfois, pour des raisons diverses et variées, le lien entre les parents et leur bébé ne se fait pas, ou se fait mal. Un service existe au Luxembourg qui a pour vocation de favoriser ce lien, indispensable au bon développement de l’enfant, et à aider les parents dans leur parentalité : Alupse-Bébé. Partie intégrante de l’Association luxembourgeoise de pédiatrie sociale (Alupse), ASBL conventionnée avec le ministère de la Santé et reconnue d’utilité publique, le service Alupse-Bébé accompagne les familles depuis la grossesse jusqu’aux trois ans de l’enfant.

Les familles (100 en 2022) sont dirigées vers Alupse-Bébé par d’autres travailleurs sociaux, des médecins, la justice parfois. Quelquefois aussi, les parents viennent d’eux-mêmes, dépassés face à un bébé qui pleure beaucoup.

«Il s’agit de repérer les familles susceptibles d’avoir besoin d’une aide, selon certains facteurs : des parents mineurs, des familles monoparentales, des parents isolés socialement, immigrés, présentant des problèmes psychiatriques ou souffrant d’un handicap. Des familles où il y a déjà eu une intervention de la justice par le passé, où l’accouchement s’est mal passé, pour qui la grossesse n’a pas été désirée…», détaille Sandra De Campos, assistante sociale et responsable du service Alupse-Bébé.

Aider les parents à «décoder» leur bébé

Le service Alupse-Bébé est composé d’une équipe pluridisciplinaire (assistants sociaux, psychologue, sage-femme, infirmier pédiatrique et médecin pédiatre) qui intervient au domicile des parents, «dans leurs conditions de vie», la plupart du temps dès la grossesse. Les professionnels dispensent aux parents des conseils pour les soins et l’éducation de l’enfant, vérifient l’état de santé du bébé, les informent de leurs droits en matière d’allocations familiales ou de congé parental par exemple, leur apportent un soutien lorsqu’ils présentent des signes de dépression ou ont eu un passé traumatique.

Stop aux écrans

Les professionnels d’Alupse-Bébé alertent tous les parents sur un nouveau danger qui menace leurs enfants : les écrans. «Zéro écran avant trois ans!», met en garde le Dr Roland Seligmann. Ils ne permettent pas de véritable interaction, risquent de perturber leur développement et les empêchent d’apprendre à gérer leurs frustrations.

«Il y a des familles où les problèmes se cumulent. Ils y en a tant que l’enfant est perçu comme une charge supplémentaire ou est laissé de côté. On le remet au centre et on aide les parents à développer leurs compétences parentales, à parvenir à décoder ce dont l’enfant a besoin, malgré le fait que celui-ci ne parle pas, à savoir si leur bébé a faim, besoin d’être changé ou juste d’être pris dans les bras», explique Sandra De Campos.

S’il arrive que l’association soit confrontée à des situations graves ou très à risques de maltraitance, cela reste plutôt «rare». «Il s’agit essentiellement de prévention primaire. Ce n’est pas parce qu’un parent vient à l’Alupse qu’il maltraite son enfant», précise le Dr Roland Seligmann, pédiatre et président de l’Alupse, dont il est à l’origine.

Certains profils sont particulièrement susceptibles de ne pas être en mesure de réagir aux besoins de leur enfant, bien malgré eux. «On sait qu’une mère qui a elle-même été négligée étant bébé aura un certain handicap relationnel. Ainsi, quand un bébé sourit à sa mère, cela va produire chez elle une sécrétion de dopamine, l’hormone du plaisir. Mais ce phénomène ne se produit pas chez une mère qui a été négligée», indique Roland Seligmann. C’est ainsi que dans certaines familles, la situation se dégrade de génération en génération. «Les handicaps s’additionnent. Nous sommes là pour y mettre un stop, et remonter la pente. C’est tout à fait possible!»

«On est là pour renforcer le lien entre les parents et l’enfant, car un lien d’attachement qui est bon, est un vrai facteur de protection de l’enfant», poursuit Sandra De Campos. Tous les milieux, des mères de tout âge, peuvent être concernés par cette difficulté à créer du lien avec l’enfant. Roland Seligmann estime même que 3 % des femmes enceintes devraient être suivies par Alupse-Bébé.

Créé en 2007, le service Alupse-Bébé risque de voir son champ d’intervention s’accroître au vu de l’augmentation de la population, et donc des maternités. «Au CHL par exemple, on est passé de 1 800 à  3 000 naissances par an, ce qui implique plus de personnes à suivre potentiellement. De plus, il y a un besoin de lits, donc on va vers une sortie au 2e jour après l’accouchement. Or le baby blues par exemple se déclenche souvent le 5e jour après l’accouchement, il ne pourra donc plus être vu par le personnel hospitalier, il va se passer à la maison», prévient le Dr Seligmann.

Une boîte en guise de lit pour bébé

Depuis quelques années, l’Alupse offre à ses familles une boîte en carton tout-en-un : l’AlupseBébéBox, 100 % made in Luxembourg, qui contient des indispensables pour nouveau-né (vêtements, turbulette, serviette…), de l’information au sujet du syndrome du bébé secoué (voir par ailleurs) mais aussi un matelas en son fond.

Car l’AlupseBébéBox est également un lit pour les tout-petits de 0 à 6 mois. Le concept vient de Finlande où les bébés y dorment depuis 1938 et a fait ses preuves en matière de prévention face à la mort subite du nourrisson. «D’une part, cette boîte est pratique pour les parents qui n’ont pas de place pour un berceau et peut aussi servir de lit d’appoint. Mais d’autre part, elle est petite, ce qui évite d’ajouter tout objet qui pourrait mettre en danger le bébé pendant qu’il dort, comme des peluches par exemple», résume Sandra De Campos (voir notre édition du 21 décembre 2019).