Accueil | A la Une | Alcool au volant : 92 mois d’interdiction de conduire

Alcool au volant : 92 mois d’interdiction de conduire


Les juges se sont demandé, hier, si la prévenue était en état de déposer à la barre tellement elle semblait confuse. (photo Didier Sylvestre)

Saskia jure ne pas être alcoolique. Pourtant, elle a été arrêtée ivre au volant à deux reprises par la police. Et son témoignage décousu à la barre lundi ne plaide pas en sa faveur.

«La prévenue est-elle apte à déposer ?», demande la représentante du ministère public. Saskia, 59 ans, semblait totalement perdue. Elle était entendue lundi après-midi par la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg pour conduite en état manifeste d’ivresse, refus du test d’alcoolémie et conduite sous le coup d’une interdiction de conduire. Sa déposition est confuse. Son récit décousu est difficile à suivre. Saskia a visiblement un problème d’alcool.

Vêtue à l’as de pique et d’apparence négligée, la prévenue n’a pas toujours eu cette allure-là. «Je ne suis pas alcoolique. Je suis une artiste. Une alcoolique ne peut créer les œuvres que j’ai créées. Allez voir sur mon site internet», se défend-elle. Un coup d’œil sur son site internet permet de découvrir que la prévenue est bel et bien une artiste exposée.

Elle aurait très mal vécu la crise du covid, tente son avocat pour justifier son état. Quant au jour de son arrestation, Saskia aurait encore été sous le choc d’une bagarre qui se serait produite à Remich la veille. Elle aurait été prise pour cible par des jets de bouteilles en verre après avoir voulu voler au secours d’une personne, a-t-elle expliqué à la barre.

Elle ne tenait pas debout

Le 12 septembre 2021, des personnes ont appelé la police à l’aide : une femme pas état de conduire, conduirait de manière dangereuse dans Remich, selon un enquêteur qui a assisté «à un tumulte sur la place du Marché». Saskia a ensuite pris la direction de Schengen sans remarquer les gyrophares et les sirènes de la voiture de patrouille qui lui faisait signe de s’arrêter.

«Nous avons dû lui barrer la route pour la forcer à s’arrêter», explique le policier avant de détailler «les signes manifestes d’ivresse» qu’elle présentait. «Elle ne voulait pas reconnaître qu’elle était ivre et a refusé à cinq reprises de se soumettre à un test d’alcoolémie. Cela nous a pris 20 minutes pour la faire sortir de la voiture.» Il ajoute qu’elle ne tenait pas debout et que son collègue et lui ont dû la soutenir.

Arrivés au commissariat, Saskia aurait continué à refuser de se soumettre à un test d’alcoolémie. «Ils ont voulu me mettre en cage», lance la prévenue à la barre. Le policier raconte qu’elle a essayé de boire du désinfectant et l’a frappé quand il lui a enlevé la bouteille des mains. Son époux est venu la récupérer au poste. «C’est un pur mensonge», affirme-t-elle à la barre. «Je suis une artiste. J’ai des sautes d’humeur. L’agent ne s’est pas comporté de manière correcte avec moi.»

Des friandises pour son chien

Un an plus tard, le 29 juillet dernier, Saskia, sous le coup d’une interdiction de conduire, a embouti une voiture qui venait de freiner pour laisser traverser un passant à Wasserbillig. Elle est à nouveau sous l’emprise de l’alcool. «J’allais chez mon père pour discuter d’une exposition à Londres. Je m’étais arrêtée à une station-service pour acheter des friandises pour mon chien», indique-t-elle.

La présidente de la chambre correctionnelle lui explique qu’elle n’avait le droit de conduire que pour effectuer des trajets professionnels. «L’histoire de l’exposition est une nouvelle version», avance la représentante du ministère public qui ajoute ne pas vouloir «savoir comment elle est venue jusqu’ici aujourd’hui».

La magistrale a estimé que «ce n’est pas une bonne chose qu’elle récupère son permis de conduire» parce que Saskia «a un problème d’alcool». Elle a requis à son encontre un total de 92 mois d’interdiction de conduire pour les différentes infractions, une amende et une peine de six mois de prison assorti du sursis probatoire pour l’obliger à soigner sa dépendance.

L’avocat de Saskia a appelé à la clémence du tribunal et lui a demandé de ne pas prononcer de peine d’emprisonnement contre la prévenue. Il a noté que «Saskia subit beaucoup de pression et y réagit mal. Elle essaye de régler son problème d’alcool comme elle peut». Il a affirmé qu’elle reconnaît les faits. Saskia a quitté la salle d’audience en s’excusant.

Le prononcé est fixé au 14 octobre.