La commune de Schengen n’a rien à se reprocher dans l’affaire de calomnie et de diffamation qui l’opposait au bureau d’architectes Valentiny.
Les trois édiles de Schengen sont soulagés. La 9ᵉ chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg les a acquittés hier après-midi des faits de calomnie et de diffamation qui leur étaient reprochés par le bureau d’architectes Valentiny. Le tribunal n’a en outre pas jugé recevable la plainte du bureau à l’encontre de l’ingénieur du service technique de la commune.
L’avocat des édiles, Me Philippe Penning, a estimé hier que ce verdict était un message important pour toutes les personnes qui s’engagent dans leur commune : «Elles n’ont pas à avoir peur de faire leur travail.» Selon lui, «François Valentiny a gonflé l’affaire et s’est livré à des expériences face au tribunal. Dès le départ, nous étions confiants.
La chambre correctionnelle ne pouvait pas lui donner raison.» Et de poursuivre : «Les débats concernant la suite à donner aux deux contrats devaient avoir lieu lors d’une séance publique du conseil communal. Il n’est pas possible qu’un élu risque d’être cité devant la justice et d’être condamné à une peine de prison pour des propos tenus dans ce cadre. Le tribunal l’a bien compris.»
Le bureau d’architectes avait saisi la justice sur citation directe à la suite d’une séance du conseil communal du 4 mai dernier lors de laquelle il était question du futur campus scolaire de Schengen. L’administration communale avait alors fait part de sa décision de mettre un terme à deux contrats qui la liaient au bureau d’architectes. En présence de certains médias.
François Valentiny n’a pas apprécié que l’affaire soit portée sur la place publique – bien que les séances des conseils communaux soient publiques et les ordres du jour communiqués aux médias – et a accusé l’ingénieur de prise illégale d’intérêt.
Ce dernier aurait voulu l’écarter au profit d’un autre bureau d’architectes. «Il voulait se débarrasser de Valentiny hvp parce qu’il n’appréciait pas son travail. Il l’avait dit quelques mois plus tôt en annonçant que l’ère Valentiny était révolue à Schengen.»
«Dans l’intérêt du projet»
Le célèbre architecte n’avait pas fait le déplacement au tribunal, contrairement à deux des édiles et à certains membres du personnel de la commune de Schengen. Il dispose de 40 jours pour faire appel de la décision de la chambre correctionnelle.
Les débats se sont étalés sur cinq jours en février dernier. Les édiles avaient notamment expliqué avoir voulu mettre un terme aux contrats en raison de mésententes entre les parties et d’un climat de travail exécrable. L’architecte, qui a accusé le collège des bourgmestre et échevins d’avoir prévenu les médias, y avait vu une attaque contre son travail et celui de son équipe. Face aux accusations qui fusaient de part et d’autre, la représentante du parquet avait alors préféré se rapporter à prudence du tribunal.
Un différend portant sur la conception du toit du futur hall sportif à Remerschen a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la commune de Schengen. «Valentiny hvp nous a imposé un toit pour le hall sportif dont nous ne voulions pas. C’était trop complexe et trop cher.» Le bureau d’architectes se serait montré intransigeant au point de tarder à proposer des alternatives.
Les édiles ont vivement contesté ce qui leur était reproché. «La commune n’avait pas l’intention de nommer un autre bureau d’architectes ou de nuire à quelqu’un. (…) Nous avons pris la décision de stopper notre collaboration sur ce projet seulement», avait expliqué le bourgmestre à la barre.
«Notre décision est le résultat d’expériences personnelles et des retours de notre ingénieur qui est une personne de confiance. Elle a été prise dans l’intérêt du projet.» La collaboration ne fonctionnait plus «à plusieurs niveaux», selon lui.
Le bourgmestre et ses échevins n’auraient pas été téléguidés par l’ingénieur, qui a affirmé «n’avoir à aucun moment reçu de faveur de BFF et ne pas avoir d’intérêts dans cette société». Ce bureau d’architectes et d’urbanisme a été choisi pour son expérience en matière de conception de bâtiments scolaires.
Les deux bureaux se sont réparti les tâches de manière cohérente. La commune n’aurait pas cherché à défavoriser l’un au profit de l’autre.