Un des quatre prévenus étant hospitalisé, le procès dans l’affaire dite Lunghi, du nom de l’ancien directeur du Mudam, a une nouvelle fois dû être repoussé à une date ultérieure.
Les protagonistes de l’affaire Lunghi vont encore devoir se montrer patients. Le procès a une nouvelle fois dû être reporté. En mars dernier, à peine commencé, le procès de l’affaire Lunghi avait dû être mis sur pause jusqu’à ce lundi après-midi en raison d’un accident survenu à un des avocats de la défense.
Lundi, c’est un des quatre prévenus qui était absent pour des raisons de santé. Actuellement hospitalisé, il n’a pas souhaité se faire représenter par son avocat et a demandé par le biais de celui-ci à ce que le procès soit reporté. «Mon client aimerait pouvoir lui-même prendre position sur ce qui a été dit à la fin des débats et expliquer certaines choses lui-même», a expliqué Me Reisch.
Le président de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg a donné droit à cette requête. Plutôt que de se lancer dans une forme hybride de procès, qui se serait arrêté après la phase de l’instruction pour reprendre plus tard avec les plaidoiries, il a préféré choisir cette solution. L’affaire est donc remise au 16 octobre.
Traitement de l’information
Alain Berwick, ancien CEO de RTL Luxembourg, Steve Schmit, chef des programmes de la chaîne à l’époque des faits, ainsi que les journalistes Sophie Schram et Marc Thoma sont accusés de coups et blessures involontaires, de calomnie et de diffamation par Enrico Lunghi, ancien directeur du Mudam, le musée d’Art moderne de Luxembourg.
Les faits remontent à septembre 2016. Sophie Schram interviewe Enrico Lunghi dans le cadre de l’émission de RTL Nol op de Kapp. Elle l’interroge sur le cas de Doris Drescher qui s’était plainte que les artistes luxembourgeois soient sous-représentés dans les espaces d’exposition. Une question qui aurait mis Enrico Lunghi hors de lui au point de brutaliser la jeune femme, la blessant au poignet en essayant de se saisir de son micro.
Les images sont diffusées, tronquées. Le montage ne montrait pas que la journaliste aurait posé la même question encore et encore avant le présumé coup de sang de l’ancien directeur. Un premier reportage ne faisait pas état de l’agression. La rédaction en chef s’y serait opposée. L’interview est finalement rendue publique dans son intégralité le 14 novembre. Mais le mal est fait.
Xavier Bettel intervient. Lunghi est mis à pied, une enquête disciplinaire est lancée et l’ancien directeur finit par démissionner avant de porter plainte. Tout s’emballe : perquisitions à RTL et au CHL, commission rogatoire, audit interne à RTL… L’affaire est lancée. Les quatre prévenus sont inculpés le 20 novembre 2020.
Aujourd’hui, Enrico Lunghi demande réparation. Il remet en cause l’approche journalistique et le traitement de l’interview. Il s’est constitué partie civile. Son avocat, Me Jean Lutgen, réclame plus de 50 000 euros en réparation des dommages moraux subis à la suite des faits pour atteinte à son intégrité ainsi qu’en compensation de revenus perdus et en frais de procédure pénale.