Marcel et Jacqueline Jacob, les grand-oncle et grand-tante de Grégory, ont été inculpés et placés en détention proivisoire vendredi pour « enlèvement et séquestration » suivis de la mort de l’enfant, a annoncé le procureur général de Dijon.
Les deux mis en examen, âgés de 71 et 72 ans, ont « nié toute participation aux faits qui leur sont reprochés », a indiqué Jean-Jacques Bosc, lors d’une conférence de presse en fin d’après-midi. Le couple a également été incarcéré pour une durée de quatre jours maximum, à l’issue desquels la chambre d’instruction se prononcera sur un maintien en détention ou un contrôle judiciaire. Cette incarcération provisoire est « dictée par le souci d’empêcher une concertation frauduleuse et toute forme de pressions entre les protagonistes qui pourraient nuire aux investigations et auditions à venir », a précisé le procureur général.
Ceux qui ont enlevé Grégory « sont les auteurs du crime »
La qualification retenue, enlèvement et séquestration, « recouvre la réalisation d’un acte collectif », a-t-il confirmé. « Les personnes qui ont participé à cet enlèvement sont les auteurs du crime », a-t-il poursuivi sans nommer les époux Jacob. Le colonel Dominique Lambert, commandant de la section de recherches de Dijon, est quant à lui certain que « des témoins ont menti par crainte de représailles ».
L’épais dossier de procédure révèle en tous cas « l’existence d’un lien indissociable entre trois lettres anonymes de 1983, le courrier posté avant le crime à 17h15 (le 16 octobre 1984, NDLR) et l’enlèvement », a détaillé Jean-Jacques Bosc. Comme il l’avait déjà révélé la veille, les expertises en écriture indiquent ces trois lettres auraient été rédigées de la main de Jacqueline Jacob. Par ailleurs, des liens du fait de « la similitude des termes » employés existent entre les écrits et les nombreux appels anonymes passés avant le drame par le mystérieux corbeau qui apparaît « double » avec les voix « d’un homme et d’une femme ». En outre, a détaillé le procureur, « la localisation des auteurs des nombreux appels antérieurs au crime n’a jamais été contredite par un quelconque alibi ». En clair, personne n’a jamais pu écarter formellement les époux Jacob du rôle de corbeaux.
« Les antagonismes parfois violents » de Marcel Jacob
S’agissant de Marcel Jacob, il « dissimule contre l’évidence ses antagonismes parfois violents avec les parents de Grégory et rend ses déclarations peu crédibles », a ajouté le procureur. Il cite pour preuve cette dispute en 1982 entre les Jacob et des membres de la famille Villemin, au cours de laquelle Marcel s’en serait pris à Jean-Marie Villemin (le père de Grégory) en lui disant : « Je ne serre pas la main d’un chef », surnom donné à Jean-Marie en référence à sa promotion de contremaître. A 29 ans, il était en effet devenu le supérieur de Marcel à l’usine où ils travaillaient, ce qui suscitait tensions et jalousies dans la famille. Cette expression, « le chef », revient d’ailleurs dans tous les courriers de menaces. Et c’est donc le « clan Laroche », les proches de Bernard Laroche cousin de Jean-Marie et abattu par ce dernier convaincu de sa culpabilité, qui se retrouve de nouveau au centre de l’enquête.
« En vingt ans d’exercice professionnel, je n’ai jamais vu ça de ma vie. Je pense qu’il y a un piège et qu’ils vont nous sortir de nouveaux éléments lundi. Je ne comprends pas. On n’a aucun élément matériel, rien à leur encontre, on a mis la charrue avant les bœufs », a réagi Me Stéphane Giuranna, avocat de Marcel Jacob. L’oncle maternel de Jean-Marie Villemin avait été déféré au parquet général vendredi matin aux côtés de son épouse. Tous deux avaient été placés en garde à vue mercredi.
Marcel Jacob a déjà été soupçonné, durant la procédure, d’avoir endossé le costume du corbeau, d’autant que l’incertitude planait sur son emploi du temps au moment du meurtre, mais il n’avait jamais été inquiété jusque-là. Lors des perquisitions menées mercredi à son domicile d’Aumontzey dans les Vosges, les enquêteurs ont retrouvé des notes du suspect dans lesquelles il affirme qu’il n’est pas le meurtrier de Grégory, retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne.
Le Quotidien
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