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Affaire Grégory : des détails sur la confrontation entre Murielle Bolle et son cousin


Murielle Bolle, remise en liberté sous contrôle judiciaire strict, a interdiction d'entrer en contact avec les protagonistes de l'affaire et avec les médias. (photo AFP)

Ce devait être le point d’orgue des récents rebondissements qui ont relancé l’affaire Grégory : la confrontation, le 28 juillet dernier, entre Murielle Bolle et son cousin germain sur les présumées violences subies l’adolescente en 1984. Un huis clos tendu, dont des détails ont filtré jeudi.

Une fois encore, une énième depuis 33 ans, ne reste que cette frustration d’une piste menant à l’impasse. D’aucuns annonçaient une issue prometteuse. Finalement, rien n’est vraiment ressorti de cette confrontation. Rien pour démêler ni faire avancer une énigme qui renvoie sans cesse dans la Vologne le reflet de ses fantômes et ses mystères. Le 28 juillet, quelques semaines après l’inculpation et l’incarcération de Murielle Bolle – aujourd’hui libre sous contrôle judiciaire strict – , les deux protagonistes se sont accrochés à leurs versions divergentes : lui accuse, elle nie. Comme elle le fait farouchement depuis le 6 novembre 1984, date à laquelle elle a innocenté son beau-frère Bernard Laroche qu’elle avait auparavant tenu pour responsable de l’enlèvement suivi de la mort de Grégory le 16 octobre.

C’est tout ce qui a alors filtré de ce face-à-face décrit comme glacial, où la Vosgienne âgée de 48 ans a maintenu ne pas connaître Patrick F., 54 ans, et l’a même vouvoyé. De nouveaux détails sont apparus jeudi dans les médias français, dont L’Express qui a pu consulter le procès-verbal du débat houleux dans le cabinet de Claire Barbier, présidente de la chambre de l’instruction de Dijon.

A la question de savoir si elle reconnaît son cousin, « fils de la sœur de [sa] mère », Murielle répond : « Non du tout. Je n’ai pas de souvenir de lui, et même le nom ne me dit rien ». Lui dit tout le contraire, ils se voyaient régulièrement à Granges-sur-Vologne. Il livre des souvenirs et anecdotes de moments partagés. Énumère les surnoms donnés à l’adolescente à l’époque – « Bouboule, poil de carotte » – mais se trompe sur le chien qui ne la quittait pourtant jamais.

Son père « la traitait de putain, de salope »

Il commet également des imprécisions sur les dates, des « failles » qu’il admet volontiers. L’une demeure problématique : le 5 novembre 1984. Dans la soirée, il dit avoir assisté aux violences qu’aurait subi Murielle de sa famille pour se rétracter. Et recueilli ses confidences sur l’enlèvement du garçonnet de 4 ans. Surtout il place sur les lieux un avocat des Bolle, Me Prompt, dont l’épouse affirme qu’il ne se trouvait pas encore dans la région à ce moment-là. C’est lui qui aurait interrompu la raclée administrée par sa mère et sa sœur Marie-Ange, la femme de Bernard Laroche, qui « lui a sauté dessus » avant de lui arracher « une mèche de cheveux ».

Mais il est catégorique. « Je peux faire erreur sur la date mais pas sur l’événement. Pensez-vous que je serais assez fou pour inventer une telle connerie si je n’étais pas certain qu’il était là, cet homme ? Il a empêché un lynchage ! », rapporte L’Express. « Elle s’est fait insulter par son père qui criait même qu’elle couchait avec Bernard. Il la traitait de putain, de salope », raconte encore Patrick F. à la juge, ajoutant qu’ « il y avait deux personnes qu’elle n’a pas pu reconnaître ».

« Je dis que tu es une victime »

Il s’agirait des époux Jacob, selon lui – interpellés à la mi-juin, écroués puis libérés sous contrôle judiciaire. Mais il se défend de tout opportunisme ou de chercher le buzz. « J’ai seulement voulu apporter une vérité sur un secret qu’on m’a confié et que je pensais sans importance, jusqu’à ce que j’apprenne l’arrestation de Jacqueline et Marcel Jacob. J’ai su que Murielle m’avait dit la vérité. »

L’intéressée réfute de nouveau ces allégations : « Pour moi, c’est un mensonge ! », lance-t-elle à Claire Barbier. Le cousin joue sur la corde sensible. Gravement malade, sa conscience a besoin d’être soulagée. « Mes jours sont comptés, je ne viens pas t’accuser de quoi que ce soit. Je dis que tu es une victime », tente-t-il. L’émotion n’atteint pas Murielle, qui se contentera de clamer son innocence et celle de son beau-frère.

Si ses avocats martèlent que Patrick F. s’est décrédibilisé, le procureur général de Dijon a lui estimé que les explications sont « satisfaisantes et crédibles », selon L’Express. « Je le crois et je pense qu’il dit la vérité », a confié Jean-Jacques Bosc.

Alexandra Parachini

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