Lors de l’«Europe Media Day», un événement organisé lundi à Paris à l’attention des journalistes européens, Aditya Mittal, le président et directeur financier d’ArcelorMittal, s’est exprimé sur un dossier crucial : la compétitivité de la sidérurgie européenne.
Celle-ci est compromise par des normes environnementales qui ne s’appliquent pas à l’acier en provenance des pays non européens, la Chine en premier lieu. Aditya Mittal a lancé un appel afin que Bruxelles instaure un dispositif d’ajustement environnemental aux frontières. Il permettrait d’appliquer à l’acier importé sur le Vieux Continent les mêmes normes en vigueur actuellement sur l’acier produit en Europe, sous le régime du Système d’échange de quotas d’émission (Emissions Trading System en anglais ou ETS). «Il faut des ajustements. Il faut les mêmes règles pour tous» ainsi que des politiques «publiques adaptées pour que cela devienne une réalité». L’ajustement en question exigerait que tout déficit de CO2 soit compensé par l’importateur. Selon ArcelorMittal, il encouragerait une réduction effective des émissions de carbone et empêcherait la dégradation de la compétitivité de l’industrie sidérurgique européenne. Quand la phase 4 de l’ETS sera mise en œuvre, les producteurs d’acier européens supporteront des coûts supplémentaires qui ne seront pas imposés aux firmes produisant de l’acier dans d’autres régions du monde, important en Europe.
«La Chine doit réduire sa capacité»
Le commerce de l’acier est mondial. Près d’un tiers est consommé dans un pays différent de celui où il a été produit, selon ArcelorMittal. En 2019, la demande grandira moins vite qu’en 2018. «En 2015, il y avait une surcapacité exacerbée par la Chine», a rappelé Aditya Mittal. Ces exportations ayant augmenté, «cela a provoqué des pertes dans le monde et même des pertes d’emploi». Pour le patron d’ArcelorMittal Europe, les choses sont claires : «La Chine doit toujours réduire sa capacité à 250 millions de tonnes et a l’intention de le faire d’ici 2023.» Les surcapacités dans l’industrie «ont fait de l’acier un sujet central. Nous voulons soutenir le libre-échange» à condition que «cela se fasse dans des conditions d’équité». Toujours selon le fils de Lakshmi Mittal, «le mécanisme de droits de douane en Europe doit être amélioré». À noter que les importations vers l’Europe en provenance de pays ne disposant pas de politiques climatiques comparables à celles de l’Europe s’élèvent à près de 26 millions de tonnes en 2018.
De nouvelles normes pour l’acier
Au cours de cet «Europe Media Day», le géant de l’acier a déclaré avoir analysé l’application de nouvelles technologies comme le captage, le stockage et l’utilisation du carbone, du carbone renouvelable comme la biomasse renouvelable et le remplacement du carbone par des sources d’énergies renouvelables. Des investissements publics et privés seront nécessaires pour l’expérimentation, l’industrialisation et la commercialisation de ces technologies. ArcelorMittal a également évoqué son initiative appelée ResponsibleSteel. Créée en 2015, il s’agit d’une organisation à but non lucratif qui veut assurer «un avenir plus responsable» à l’industrie sidérurgique. Cette organisation compte 22 membres, dont des producteurs d’acier et des constructeurs automobiles comme BMW et Daimler. Les normes de certification seront lancées officiellement à l’issue d’un «processus d’accréditation rigoureux» qui devrait s’achever vers la fin de 2019.
De notre envoyé spéciale à Paris, Aude Forestier.