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Abus sexuels au Luxembourg : le grand tabou ?


Comme le précise Sandra Visscher, directrice d'Unicef Luxembourg, la volonté des femmes d'évoquer des abus sexuels varie d'un pays à l'autre. (Photo : Didier Sylvestre)

Treize pour cent des Luxembourgeoises entre 18 et 29 ans indiquent avoir été abusées sexuellement durant l’enfance.

Le chiffre a de quoi interpeller : d’après le dernier rapport Innocenti de l’Unicef, 13 % des Luxembourgeoises âgées entre 18 et 29 ans déclarent avoir été victimes d’abus sexuels commis par un adulte avant l’âge de 15 ans. Sachant que la notion de «violences sexuelles» englobe à la fois les relations sexuelles imposées, les attouchements non désirés des seins ou des organes génitaux, l’obligation de poser nue et les faits d’exhibitionnisme de la part d’un adulte.

En moyenne, dans les pays riches, une femme sur 16 indique avoir subi des abus sexuels de la part d’un adulte (6,3 %). Comme le précise Sandra Visscher, directrice d’Unicef Luxembourg, il faut prendre en considération le fait que la volonté des femmes d’évoquer des abus sexuels varie d’un pays à l’autre. Toujours est-il que le bilan Innocenti indique clairement que le Luxembourg se situe au-dessus de la moyenne internationale et tout en bas de l’échelle, derrière des pays tels que la Grande-Bretagne ou la France.

Troubles mentaux en augmentation

Mais il y a d’autres raisons qui expliquent que le Luxembourg arrive à la 14e place. À isoler les transferts sociaux et leur impact dans les statistiques concernant le Luxembourg, on arriverait presque à une «société en noir et blanc», explique Paul Heber, de l’Unicef, autrement dit à une société avec 50 % d’enfants pauvres. En moyenne, un enfant sur cinq vit dans la pauvreté dans les pays riches (37,5 %). Ce qui prouve «l’importance des transferts sociaux pour lutter contre la pauvreté, y compris au Luxembourg», comme le souligne Sandra Visscher, directrice d’Unicef Luxembourg.

Est considéré comme pauvre tout ménage dont le revenu représente moins de 60 % du revenu médian (les 50 % de la population ayant un revenu supérieur et les 50 % ayant un revenu inférieur). Il s’agit la plupart du temps d’une «pauvreté invisible» explique encore la directrice, pour qui le développement des «Centbutteker» (qui revendent à prix bas des aliments consommables mais invendables en grande surface) en est un «symptôme».

Dans le rapport de l’Unicef, on rencontre également le terme de pauvreté multidimensionnelle, qui désigne la privation matérielle dont peuvent souffrir les enfants (en termes de vêtements, matériel scolaire, accès à l’information ou encore qualité du logement). Il suffit que deux des conditions citées ne soient pas remplies pour que le terme de pauvreté multidimensionnelle s’applique. En moyenne, un enfant sur quatre est concerné (34 %) contre 24 % au Luxembourg.

Ce qui a clairement augmenté, et les jeunes sont les premiers à le reconnaître, ce sont les troubles mentaux. Ainsi, concernant la santé et le bien-être, ils sont 27,9 % au Luxembourg à indiquer souffrir au moins une fois par semaine d’au moins deux des symptômes suivants : dépression, nervosité ou difficulté à trouver le sommeil. La moyenne internationale est, elle, de 23,1 %.

Mais il y a également une bonne nouvelle, celle concernant le rapport à l’alcool des jeunes. Ainsi, dans la tranche d’âge des 11 à 15 ans, seuls 5,3 % des Luxembourgeois indiquent avoir été sous l’influence d’alcool au cours du mois précédent.

Frédéric Braun

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