Rien de neuf pour les élus locaux qui savaient que Robert Beissel était membre de l’ADR. Pour une partie des habitants, en revanche, sa présence sur la liste de l’Est est un choc.
Le petit village viticole de Stadtbredimus, collé à Remich le long de la Moselle, avait déjà été privé de l’élection communale en juin dernier, faute de candidats. Il n’y avait que neuf inscrits sur la liste unique, donc ces derniers ont élu le maire en interne sans demander l’avis des électeurs. Membre du conseil échevinal sortant, Robert Beissel semblait le mieux placé pour exercer le mandat et n’a jamais caché sa couleur politique aux huit autres candidats.
Il n’en est pas de même pour les habitants dont une partie découvre que leur bourgmestre est membre du Parti réformiste d’alternative démocratique (ADR), le parti national-conservateur de la chambre des députés, eurosceptique et affilié au Parti des conservateurs et réformistes européens, créé par les conservateurs britanniques, chantre du Brexit.
Au pays des trois frontières, à quelques encâblures de Schengen, la nouvelle passe mal. «Il n’avait jamais dit qu’il était d’extrême droite! Nous sommes nombreux à être choqués de voir que notre bourgmestre a choisi un parti aussi clivant que l’ADR», exprime un électeur, déjà terriblement frustré de ne pas avoir eu son mot à dire en juin dernier pour les communales.
«Il a été honnête avec nous, car il a annoncé la couleur avant les élections communales», explique Jean Kox, échevin depuis juin dernier, après avoir, lui aussi, tenté d’être élu au poste de bourgmestre qui lui a échappé. «On savait tous qu’il avait une carte de membre de l’ADR et qu’il avait même essayé de figurer sur la liste ADR aux élections législatives de 2018», ajoute l’élu.
Robert Beissel n’a jamais fait trop de publicité sur son appartenance politique, à en croire ses pairs au conseil communal. «Dès qu’il a été élu maire, il a prévenu le conseil communal qu’il avait l’opportunité de figurer sur la liste de l’ADR pour les législatives», précise aussi Jean Kox.
Alors que les habitants les plus dépités par cette nouvelle essaient de comprendre comment vivre les six prochaines années avec un bourgmestre ADR, l’échevin espère pour sa part qu’il achèvera son mandat car «vu son expérience, il ne pouvait que devenir bourgmestre».
«Chacun avait la chance d’être candidat, mais nous n’en avons trouvé que neuf et franchement, pour moi, ça m’est égal qu’il soit membre de l’ADR, il agit comme un bourgmestre», explique encore Jean Kox, neveu de Henri, ministre déi gréng du Logement et cousin de la députée écolo, elle aussi, Chantal Gary.
«Tous ceux que je connais dans le village sont dégoûtés, notamment pour l’image que cela donne à la commune», déclare de son côté Jean-Paul (nom d’emprunt), que la rédaction du Quotidien avait déjà interrogé lors des communales de juin dernier.
Pas de nouvelle élection
Il y a six ans, les électeurs avaient clairement désigné, au nombre de voix, l’ancienne ministre et actuelle députée, Octavie Modert (CSV), comme future bourgmestre de cette commune au scrutin majoritaire.
La candidate qui habite le village annexe de Greiveldange n’a pourtant pas accéder au poste de bourgmestre, ce que ses électeurs avaient vivement regretté en 2017 alors que le vote du conseil avait désigné Marco Albert, arrivé deuxième derrière elle. Finalement, Octavie Modert avait renoncé au poste de bourgmestre, voyant qu’elle n’avait aucune chance d’être élue, la moitié de ses colistiers l’ayant lâchée.
Six ans plus tard, nouvelle déception des électeurs qui n’ont pas été invités à se rendre aux urnes le 11 juin alors que la quasi-totalité de l’ancien conseil avait disparu de la liste, y compris le maire sortant.
Le seul élu qui restait de l’ancienne équipe, Robert Beissel, désigné bourgmestre, était arrivé huitième sur la liste. Un autre qui n’a jamais été élu sur la liste, faisait son entrée d’office au conseil communal cette fois.
Les habitants qui affichent leur frustration cherchent à savoir s’ils peuvent changer le cours des choses, ne se voyant pas être des administrés dans une commune dirigée par un national-conservateur.
La seule option qui se présente à eux est de voir une majorité d’élus communaux présenter une motion de censure lors du vote du budget qui pourrait déloger le maire, mais aussi, par voie de conséquence, les échevins Jean Kox et Claude Forget. Cette possibilité existe, mais ne sera certainement pas réalisée, même si tous les élus concernés, y compris le maire actuel, resteraient conseillers, comme le veut la loi électorale.
Le ministère de l’Intérieur nous précise qu’en aucun cas, il ne pourrait y avoir une nouvelle élection à Stadtbredimus. Reste à voir combien de voix Robert Beissel va récolter dans sa commune sur la liste ADR de l’Est, histoire d’avoir un aperçu du nombre de ceux qui sont « dégoutés» et ceux qui ne sont pas dérangés d’avoir un bourgmestre étiqueté ADR. Il risque d’y avoir des surprises avec le panachage.
Aarmseileg.
Les frusres de service qui n apprecient pas leur maire n avaient qu a se presenter contre lui aux elections.
Le ministre devrait trouver un moyen d’organiser une nouvelle élection car les habitants de Stadbredimus sont gravement piégés/COCUFIÉS 😇