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À la Chambre, il faut suivre une sacrée cadence


À la Chambre des députés, tout a pris du volume. Si le nombre de députés n’a pas changé, leur travail s’est sacrément intensifié.

On savait qu’énormément de travail avait été abattu à la chambre des députés au cours de cette législature qui s’achève. Les statistiques qui viennent d’être livrées sont éloquentes à ce sujet.

L’un ou l’autre député s’est plaint au moins une fois de la couverture médiatique d’une séance plénière, allant jusqu’à fustiger, parfois, un manque d’intérêt total des journalistes pour le travail parlementaire. Alex Bodry avait publiquement formulé ce reproche, légitime, dans le cadre d’un débat sur les aides de l’État à la presse.

Il devait être nostalgique d’une époque où toutes les rédactions étaient représentées à la tribune réservée à la presse, quand les séances n’étaient pas encore retransmises en direct. Les rédactions étaient plus étoffées alors que le nombre de séances plénières et de réunions des commissions était beaucoup plus réduit. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Et autant dire que la cadence est dure à suivre.

Les chiffres sont en hausse et témoignent de l’intense travail des députés et, par voie de conséquence, des 150 personnes travaillant dans l’administration parlementaire, dont l’un ou l’autre a été amené aussi à se plaindre, mais de la surcharge de travail cette fois, et de manière discrète.

Le président Fernand Etgen parlait d’une «législature record», les statistiques ne le contredisent pas. Les députés se sont réunis lors de 310 séances publiques ces cinq dernières années, soit environ un tiers de séances en plus par rapport à la législature précédente (236).

Pour les projets de loi les plus importants, la position de chaque groupe politique est connue bien avant le vote en séance publique. Conférences de presse, communiqués, réseaux sociaux sont autant de canaux dont les députés font usage pour se faire entendre à l’extérieur.

Souvent, ils postent une ou deux citations fortes avec un portrait du député qui résume son discours à la tribune. Cette pratique aussi se multiplie, comme tout le reste.

Il n’y a toujours que 60 députés au Parlement, mais les chiffres bruts montrent à quel point leur travail s’est intensifié par rapport à la législature précédente, en plus d’un record de séances plénières. Les députés se sont réunis à 4 131 reprises ces cinq dernières années, soit 15 % plus fréquemment, avec près de 800 réunions en visioconférence. Le nombre de réunions en commission parlementaire a progressé de quelque 10 % d’une législature à l’autre.

En ce qui concerne les projets de loi, 750 ont été déposés (+50 %), 741 ont été évacués (+18 %) et le plus grand nombre a été voté en fin de législature. À titre d’exemple, 63 projets de loi ont été déposés lors de la session 2018/19, contre 137 en 2021/2022. Les députés ont aussi déposé trois fois plus de propositions de loi et le nombre de questions parlementaires a été multiplié par deux.

Un contrôle accru

Pas question de ronronner quand on est député et qu’il s’agit aussi de contrôler ce que fait le gouvernement. Les groupes politiques ne se sont pas privés de demander des heures d’actualité, dont le nombre, près d’une centaine, a quadruplé entre les deux législatures.

Le nombre d’interpellations a augmenté de 50 % en passant de 26 à 39, les motions adressées au gouvernement ont été multipliées par 2,5 et la tendance est à la hausse également pour les questions élargies (195 contre 32), les questions orales (438 contre 269) et les questions urgentes (775 contre 156).

Dès lors, le renforcement de l’administration parlementaire ne prêtait pas à discussion. Le président Fernand Etgen expliquait récemment, dans une entrevue qu’il a accordée au Quotidien, que des efforts avaient été entrepris dans ce sens pour différents services, y compris la cellule scientifique. Les services des commissions et du compte rendu ont aussi été renforcés, pour suivre la cadence.

Le volume de travail a doublé et la communication s’est continuellement améliorée pour en rendre compte, en plus d’organiser des débats politiques pour éclairer le public sur les enjeux des projets de loi déposés ou sur les grands sujets d’actualité.

«La Chambre est aujourd’hui tout à fait différente de celle qui a entamé la législature en 2018», disait le président Etgen. Il y a eu un sacré coup de fouet pour tout le monde.