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À Dudelange, le jazz est grand


Le projet jazzXchange, créé dans le cadre d’Esch 2022, ouvrira le festival Like a Jazz Machine, avant de se produire dans les deux autres capitales européennes de la culture, Kaunas et Novi Sad. (Photo : marc lazzarini)

Du 12 au 15 mai, le festival Like a Jazz Machine, incontournable rendez-vous dudelangeois, fêtera ses 10 ans. L’occasion, aussi, de faire le point sur l’importance du jazz au Luxembourg et de lui ouvrir de nouveaux horizons.

Ce n’est pas évident de relancer la machine. Cependant, nous n’avons jamais chômé!» Loris Spina sait de quoi il parle : à Dudelange, ville dont il est échevin, les amoureux du jazz n’ont jamais cessé d’affluer. Y compris l’année dernière, lorsque la menace de la pandémie continuait de planer lourdement au-dessus des salles de spectacle et que le public se montrait moins prompt à investir les lieux fermés, le succès était au rendez-vous pour le festival Like a Jazz Machine.

Bien que le directeur d’Opderschmelz, John Rech, tempère : «Avec la pandémie, on a observé qu’une partie du public continue de venir coûte que coûte, une autre partie se montre plus hésitante, et nous avons perdu une troisième partie.» Le phénomène est sans doute vrai pour la majorité des lieux, mais le festival ne compte pas laisser la moindre mésaventure gâcher la fête.

Car c’est un anniversaire qui sera célébré à Opderschmelz du 12 au 15 mai, et non des moindres : le dixième! Une décennie durant laquelle le rendez-vous a grandi, de même que sa notoriété. «Aujourd’hui, Dudelange est la capitale luxembourgeoise du jazz», assure le bourgmestre, Dan Biancalana. On ne peut que lui donner raison : de Kyle Eastwood à Ambrose Akinmusire, de Shabaka Hutchings à Cymande, les stars du jazz contemporain, tous courants confondus, ont toujours dit oui à la «Jazz Machine».

Des projets d’avant-garde

Une fois n’est pas coutume, le programme est éclectique : sur scène, autant de place sera donnée au groove de Nabou, jeune groupe belge formé autour de la tromboniste Nabou Claerehout, qu’aux expérimentations de Sebastian Rochford et Kit Downes, sans parler de la plongée dans le «hard bop» des années 1950 promis par The Minor Majors, des improvisations d’Adam Pieronczyk, entouré de Majid Bekkas et Jean-Paul Bourelly, ou de la présence de la légende du saxophone Kenny Garrett. On vient à Like a Jazz Machine pour «nager dans les univers du jazz», dit l’échevin; le bourgmestre, lui, certifie qu’après dix ans, le festival «ne montre pas de signes de fatigue. Bien au contraire…».

Quant au jazz luxembourgeois, il sera encore une fois bien représenté. Le saxophoniste Maxime Bender présentera son nouveau projet, Universal Sky. Il en ira de même pour le bassiste et compositeur Stefano Agostini, qui a élaboré en résidence le projet d’avant-garde Point Cloud Echo; le batteur Pit Dahm et le pianiste Michel Reis, eux, seront rejoints sur scène par le Néerlandais Ben van Gelder et le Canadien Zack Lorber pour un projet inédit et dépassant les frontières. La programmatrice du festival, Patricia Jochheim, souligne l’importance de tels mélanges : «Faire jouer ensemble des artistes luxembourgeois et étrangers, ça fait grandir tout le monde!» «C’est aussi l’occasion de confirmer nos talents et d’en découvrir de nouveaux», ajoute Loris Spina.

L’ampleur du jazz luxembourgeois

Dix ans, c’est aussi l’occasion pour la programmatrice de dresser un état des lieux du jazz luxembourgeois. Elle vient tout juste d’avoir un aperçu de son aura au-delà des frontières du Grand-Duché, elle qui était il y a quelques jours encore à Brême, pour le festival Jazzahead, avec, «pour la première fois», un stand destiné à «présenter et promouvoir le jazz luxembourgeois», initiative soutenue par Kultur:LX. Les deux ans de pandémie n’ont pas été avares en sorties d’albums, montrant toute la richesse du jazz national : Pascal Schumacher, Claire Parsons, Benoît Martiny ou Gilles Grethen, pour ne citer que les absents de cette 10e édition, ont tous sorti d’excellents disques.

Et si ceux-ci n’occupent pas cette année la scène du festival, «nous restons fidèles à « nos » musiciens», soutient Patricia Jochheim. La preuve : Like a Jazz Machine a mis en place à Opderschmelz un espace destiné aux musiciens, aux managers et aux labels, permettant d’ouvrir et d’encourager les connexions entre les professionnels. L’espace «est ouvert uniquement pendant la durée du festival, mais nous continuons à servir de relais tout au long de l’année», dit la programmatrice.

Un univers qui a pris de l’ampleur

John Rech remarque, pour sa part, qu’«il y a 10 ans, le choix dans la programmation des artistes nationaux était très restreint. Cet univers, depuis, a pris de l’ampleur : il suffit de regarder les jeunes artistes luxembourgeois, qui, rien que sur les deux dernières années, ont atteint un niveau dingue!» Et si, à Opderschmelz, le jazz vit 365 jours par an, la période du festival a une importance toute particulière…

Cette année, Esch 2022 a mené à la création du septet jazzXchange, réunissant, pour les deux autres capitales européennes de la culture, des musiciens luxembourgeois, lituaniens et serbes, sous la houlette du pianiste Bojan Z, habitué du festival, qui a dirigé cette résidence «pensée pour durer» : après son premier concert, en ouverture de Like a Jazz Machine, le septet se produira à Kaunas en été, puis à Novi Sad en automne. «Et lorsqu’ils seront de retour au Luxembourg, conclut Patricia Jochheim, ils enregistreront ensemble un album.» Oui, à Dudelange, le jazz est grand!

Like a Jazz Machine, du 12 au 15 mai. Opderschmelz – Dudelange.

Faire jouer ensemble des artistes luxembourgeois et étrangers, ça fait grandir tout le monde!