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Régionales en Allemagne : percée populiste de l’AfD, claque pour Merkel


Leif-Erik Holm, Beatrix von Storch and Thomas de Jesus Fernandez fêtent le succès de l'AfD ce dimanche. (photo AFP)

Un an après la décision d’Angela Merkel d’ouvrir l’Allemagne aux réfugiés, le parti populiste anti-migrants AfD a remporté un succès électoral important dans une région de l’ex-RDA communiste, infligeant un camouflet au parti de la chancelière à un an des législatives.

Si les sociaux-démocrates du SPD arrivent en tête dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale avec environ 30% des voix, soit cinq points de moins qu’en 2011, c’est avant tout l’AfD qui a le coeur à la fête.

Avec 21%, selon les sondages à la sortie des bureaux de vote, le petit parti né en 2013 devance la CDU de Mme Merkel, pourtant élue de la région, qui se classe troisième avec de 19-20% des voix.

« La cerise sur le gâteau c’est qu’on laisse la CDU de Merkel derrière nous (…) et peut-être même est-ce le début de la fin pour la chancelière Merkel », a lancé Leif-Erik Holm, chef de file du parti populiste dans cette région.

Trois ans après sa création, l’AfD renforce ainsi sa position sur la scène nationale, le parti étant désormais représenté dans 9 des 16 Länder avec ses succès électoraux dans trois régions au printemps, dont son record de 24% en Saxe-Anhalt (est). Le scrutin de dimanche, avec celui de Berlin le 18 septembre, fait figure de répétition générale à un an des législatives.

Erwin Sellering, chef du gouvernement régional sortant qui devra former une coalition, a admis se « faire de gros soucis à cause de l’AfD ».

Entrée fracassante

Le secrétaire général de la CDU, Peter Tauber a reconnu une défaite « amère » et a qualifié le vote AfD de « protestataire ». « On l’a senti avec le débat sur les réfugiés ».

Les populistes font ainsi une entrée fracassante au Parlement régional pour sa première participation à un scrutin dans ce Land. Le parti avait fait campagne sur le chaos provoqué selon lui par la décision il y a un an jour pour jour de la chancelière d’ouvrir grand les portes de l’Allemagne aux réfugiés.

La problématique de l’intégration du million de demandeurs d’asile arrivés l’an dernier a monopolisé la campagne électorale. Même si seulement quelques milliers de réfugiés sont installés dans le Mecklembourg, selon un sondage de la chaîne ZDF, un électeur sur deux a jugé ce thème crucial lors du scrutin.

« La politique migratoire a provoqué un grand sentiment d’insécurité », a expliqué avant l’élection à l’AFP Frieder Weinhold, candidat CDU à Wismar, ville de 42.000 âmes sur la Baltique.

En difficulté — seulement 44% lui font confiance pour un quatrième mandat –, la chancelière a fait campagne sur le terrain pour convaincre les 1,3 million d’électeurs du Mecklembourg, où se trouve sa propre circonscription électorale, de ne pas voter populiste.

Mais dans la presse, on s’était fait déjà une raison. « Désormais l’Allemagne a ce qui n’avait jamais existé depuis la fin de la guerre (en 1945): un parti d’extrême droite », regrettait dimanche matin le quotidien Die Welt.

Les néo-nazis du NPD, dont le Mecklembourg était le bastion, n’ont pour leur part pas réussi à se maintenir au Parlement régional, la percée de l’AfD les privant d’atteindre la barre nécessaire des 5%.

« Lame de fond »

Pour Hajo Funke, professeur de sciences politiques à l’Université libre de Berlin, le succès de l’AfD un peu partout en Allemagne est une « lame de fond ». Car au-delà de la question des réfugiés, l’AfD tire sa force du fait que « beaucoup de gens ne se sentent plus représentés », reconnaît aussi M. Weinhold. Un rejet des élites, nourri par une politique d’austérité régionale, sur lequel les populistes surfent malgré les progrès économiques de ce Land.

Désemparés par le succès des populistes, de nombreux responsables de gauche comme de droite accusent directement la chancelière et sa politique migratoire.

Angela Merkel a souligné ces derniers jours que son choix d’ouvrir le pays aux réfugiés s’imposait en 2015, même si depuis les deux attaques commises fin juillet par des demandeurs d’asile et revendiquées par l’État islamique, elle a donné un accent plus sécuritaire à sa politique.

Le Quotidien / AFP

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