Le Luxembourg s’est donc rallié comme un seul homme à l’ultimatum lancé à la Grèce lundi soir par l’Eurogroupe.
Athènes est sommé de mener à son terme un plan d’ « aide » dont les résultats sont édifiants : davantage de dette, récession, chômage, baisse des revenus, etc.
Doit-on déduire que ce ralliement luxembourgeois reflète la position du gouvernement sur la question de la dette grecque et, au-delà, des politiques économiques à mener en Europe pour sortir de la crise ?
La réponse est loin d’être évidente, à entendre les déclarations évasives livrées par Pierre Gramegna à l’issue de la réunion de lundi. Le ministre luxembourgeois des Finances a assuré le service minimum, se contentant de répéter une position commune principalement dictée par l’Allemagne.
Comme le relatait déjà Le Quotidien le 4 février, le gouvernement se limite à des réponses purement techniques sur des questions éminemment politiques. Et à l’exception notable de déi Lénk, les partis luxembourgeois, tant de la majorité que de l’opposition, semblent s’en contenter.
Le gouvernement se montre-t-il aussi frileux par peur de déplaire à Berlin ou à Athènes ? Ou est-ce plus prosaïquement une position attentiste, le temps de voir dans quelle direction le vent va souffler ?
Quoi qu’il en soit, ce ralliement à l’ultimatum de l’Eurogroupe témoigne d’un certain culot, le Luxembourg ayant contribué et contribuant toujours, avec d’autres paradis fiscaux en Europe, à assécher les finances publiques grecques. Il en va ainsi des fameux tax rulings permettant à des sociétés grecques d’échapper à l’impôt dans leur pays.
Il y a aussi ces grandes fortunes grecques – armateurs et autres – qui contournent totalement l’imposition par de savants montages de sociétés écrans passant ou aboutissant au Luxembourg.
Vu sous cet angle, l’on peut comprendre que le Luxembourg puisse être quelque peu gêné aux entournures vis-à-vis d’une Grèce dont il plombe, jour après jour, les caisses de l’État.
De notre rédacteur en chef Fabien Grasser