Un débat de consultation sur la prévention du suicide s’est tenu en novembre dernier à la Chambre des députés en présence de la ministre de la Santé. Retour sur les discussions et le plan national de prévention.
Le viaduc qui relie la gare au centre de Luxembourg est devenu un lieu où les suicides sont de plus en plus fréquents. (Photo : archives LQ)
Le suicide est un tabou social et le gouvernement souhaite le briser : c’est l’objectif majeur qu’il s’est fixé pour la période 2015-2019. Afin de remplir cette mission, les parlementaires se sont livrés à un débat de consultation sur la prévention du phénomène, en fin d’année dernière.
Le constat selon lequel « la société est toujours plus exigeante et en mutation permanente » avait largement animé le débat. Les députés avait en effet mis l’accent sur le rôle qu’ont à jouer les employeurs dans la prévention de ce fléau s’agissant des personnes actives. Le mobbing au travail, ou harcèlement moral, avait été désigné comme cause potentielle d’un passage à l’acte.
Chez les jeunes, la consommation d’alcool et/ou de drogues avait notamment été avancée. Évidemment, une multitude d’autres éléments pouvant expliquer un suicide avaient à cette occasion été mise en exergue : dépression et autres maladies, prédispositions génétiques, décès d’un proche ou tout simplement ennui profond de la vie.
Au cours du débat, la ministre de la Santé, Lydia Mutsch, a salué le consensus de tous les parlementaires quant à la nécessité impérative d’établir un plan national de prévention du suicide.
> Un million d’euros pour le plan national
Les parlementaires ont également tenu la même ligne que le gouvernement, estimant que la question constituait « une priorité en termes de santé publique ». En pratique, le plan national de prévention suicide (2015-2019) est dicté par une stratégie nationale élaborée « conjointement avec tous les acteurs concernés », dont un groupe de travail interministériel composé de représentants de six ministères : Santé, Travail, Famille, Égalité des chances, Éducation nationale et Enseignement supérieur.
« Ce groupe a pris 34 mesures concrètes », a fait savoir Lydia Mutsch en novembre dernier. Avant de rappeler qu’un million d’euros est alloué au plan en question, sur la période s’étalant jusqu’à 2019. « Le plan national est ambitieux et il doit l’être », a estimé la ministre, soulignant que « toutes les populations et toutes les couches sociales sont touchées » par le suicide et qu’il fallait « réagir vite en présence d’un état de détresse chez une personne ».
> Quid de la liberté de se suicider ?
Le plan avait également réuni 77 spécialistes dans le cadre de son élaboration et avait été approuvé à l’unanimité par toutes les fractions parlementaires et sensibilités politiques, bien que des divergences ponctuelles soient naturellement apparues.
Tel ce député de l’ADR qui a brandi la question de la liberté de se suicider et donc de la libre disposition de soi ou de son corps. « Seules des raisons d’ordre public ou, justement, de santé publique peuvent limiter cette liberté », a-t-on chuchoté en coulisses. Quoi qu’il en soit, rappelons enfin que l’intégralité des députés s’est prononcée en faveur d’un service « SOS Détresse » joignable 24 h/24 et 7j/7.
De notre journaliste Claude Damiani