Un an après avoir galéré dans le Tour de France, l’Australien Michael « bling-bling » Matthews (Orica) a gagné de brillante manière la 10e étape de l’édition 2016, mardi, à Revel, à la sortie des Pyrénées.
Vainqueur pour la première fois dans le Tour mais déjà nanti de succès au Giro et à la Vuelta, Matthews s’est imposé face au champion du monde en titre, le Slovaque Peter Sagan (Tinkoff), impressionnant de force mais encore deuxième à l’arrivée.
Cette étape, marquant le retour dans la plaine, a laissé en l’état le haut du classement, toujours mené par le Britannique Chris Froome (Sky). Le peloton a rallié l’arrivée avec plus de neuf minutes et demie de retard, au terme des 197 kilomètres.
Matthews, l’un des meilleurs rouleurs-sprinteurs du peloton, a axé sa course sur Sagan dans le final. Il a bénéficié aussi du surnombre dans le groupe issu d’une échappée lancée de loin, avec deux équipiers (Durbridge, Impey).
Dans le brouillard
Surnommé « bling-bling » en raison de son goût assumé pour le clinquant, le jeune Australien (25 ans) avait vécu un calvaire l’an passé lors de ses débuts dans le Tour. Sérieusement blessé dès le début de course, il avait serré les dents pour rallier Paris. Moins de deux mois plus tard, il décrochait la médaille d’argent au championnat du monde derrière… Sagan.
Cette fois, Matthews a réglé au sprint Sagan, qui a récupéré le maillot vert du classement par points. Mais aussi le Norvégien Edvald Boasson Hagen (3e), le Belge Greg Van Avermaet (4e) et le Français Samuel Dumoulin (5e).
Dans cette étape de reprise après la journée de repos en Andorre, l’interminable col d’Envalira, escaladé dès le début de l’étape, a pris à froid les coureurs du Tour. Mais aucun des favoris n’a été en difficulté, bien que Pierre Rolland et le Néerlandais Wilco Kelderman aient été distancés sur les pentes du col le plus haut de cette édition.
Au sommet, à l’altitude de 2408 mètres, le Portugais Rui Costa a basculé en tête et a empoché la prime du souvenir Henri Desgrange, honorant la mémoire du fondateur du Tour. Dans la descente, noyée dans le brouillard, il a vu revenir l’Italien Vincenzo Nibali et l’inévitable Sagan, le plus remuant dans les premiers kilomètres.
Les coups de Sagan
Le groupe s’est étoffé dans la longue descente vers la vallée de l’Ariège. Jusqu’à comprendre quinze éléments, parmi lesquels neuf anciens vainqueurs d’étape dans le Tour (Boasson Hagen, Cummings, Chavanel, S. Dumoulin, Van Avermaet, Nibali, Sagan, Costa, Gallopin). Tous des coureurs d’expérience, sachant gagner.
L’échappée a compté jusqu’à sept minutes d’avance avant que la poursuite, entreprise par Katusha relayée ensuite par IAM, réduise l’écart. Le coup de main de Direct Energie, permettant à Sylvain Chavanel à l’avant de mesurer ses efforts, a encore rapproché le peloton à 4 minutes à moins de 30 kilomètres.
Mais la victoire s’est jouée dans le groupe de tête, désintégré par un coup de boutoir de Sagan à 25 kilomètres de l’arrivée. Sans que les autres coureurs présumés les plus rapides (Matthews, Boasson Hagen, Van Avermaet, S. Dumoulin) se laissent surprendre.
Les autres sprinteurs, frustrés en cette fraîche journée entrecoupée de brèves averses, disposent d’une occasion plus franche mercredi à Montpellier, en conclusion d’une étape dans la plaine du Languedoc.
Pour l’Allemand André Greipel, vainqueur à quatre reprises l’an passé mais encore à zéro victoire dans le Tour 2016, l’arrivée rappellera un bon souvenir. En 2013, le « Gorille » avait réglé le gotha du sprint (dans l’ordre, Sagan, Kittel et Cavendish).
Le Quotidien / AFP