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Esch : les disciples de St. Patrick’s sont là !


Impossible de ne pas croiser d'Irlandais dans le centre d'Esch depuis lundi. Ils sont 80 à avoir fait le déplacement ! (Photos Hubert Gamelon)

Difficile de les manquer. Les supporters du FC St. Patrick’s déambulent en maillot rouge dans Esch depuis mardi matin. Leur club affronte la Jeunesse Esch en début de soirée, en coupe d’Europe.

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« Nous sommes 80 en tout », lâche un petit groupe attablé au Casablanca, un café de la rue de l’Alzette. Les cinq potes ont pris leurs marques : ils ont carrément tendu un drapeau entre deux parasols ! Arrivés lundi, ils repartent mercredi.

Trois jours de congés pour un match finalement assez mineur, car il s’agit d’un premier tour de qualification : c’est ça la passion du ballon rond. « Je suis mon propre patron, je n’ai pas d’autorisation à demander », blague l’un d’eux, qui empile les verres de bières comme Obélix les casques romains dans la fameuse BD. « Moi j’ai un patron, reprend un autre, qui bosse dans une boucherie. Mais quand St. Patrick’s joue, il le sait, c’est au revoir tout le monde. »

Comme ça, pour trois jours en pleine semaine ? « Attend mec, St. Patrick’s est l’équipe du plus vieux quartier de Dublin, ça fait partie de notre histoire… bien sûr qu’il faut se déplacer. » Et commencer la bière des 10h du matin, « parce qu’il est impossible de trouver un vrai breakfast dans cette ville », raille un supporter. « Votre ville est sympa, tempère un autre, barman de profession. Mais il y a un autre truc qui cloche : les cafés ferment à 1h du matin, j’étais scié quand j’ai vu ça hier ! »

Tous les Luxembourgeois invités à Dublin

Le type en question tient le Malt House de Dublin. Un autre barman sert au The Clock. Les deux établissements constituent le siège des Liberty Saints, le nom du groupe de supporters. L’occasion de parler bière… « Celle qu’on boit depuis toute à l’heure passe bien », acquiesce le groupe. On est assez surpris, puisqu’il s’agit de la Diekirch blonde, pas vraiment dans les gammes brunes que l’on connaît chez les Celtes. On cite la Murphy’s pour l’exemple, histoire de se la jouer. Et c’est le drame. « Non mec, tu ne peux pas dire ça ! La Murphy’s c’est la bière de Cork. À Dublin, c’est la Guinness, point barre. » Toute en reconnaissant que les deux se sifflent très bien. Les barmans lancent du coup fièrement : « tu sais que nos pubs sont justes à côté de la brasserie historique de Guinness (NDLR : St James, fondée en 1759 par Arthur Guinness himself) ? C’est dans le quartier de Liberties, on fait des concerts, des karaokés, tout. Tu peux passer des soirées mémorables chez nous, faut venir un jour, vraiment. » L’invitation est lancée à tous les Luxembourgeois peu importe le score de la rencontre.

Pas copains avec les Anglais…

La discussion s’étire, on en arrive à parler politique et Brexit. « Les Anglais ont fait une grosse erreur, commente un supporter dépité. En Irlande, on veut rester en Europe. » Un autre supporter a visiblement assez peu d’avis sur le Brexit. Mais sur les Anglais, oui. « Je vais vous dire un truc : les Anglais devraient déjà se casser d’Irlande avant de se casser de l’Europe. S’ils sont dans cette mentalité de partir, qu’ils quittent d’abord l’Irlande du nord. »

L’invective passée, l’ambiance se détend de nouveau. Ces types-là sont vraiment sympas. Ils mettent un point d’honneur à véhiculer l’image chaleureuse des Irlandais en dehors de leur pays. « St. Patrick’s est un club familial. Pour nous le foot c’est les potes, la famille, boire un coup, voir l’équipe gagner si possible. Notre stade est petit, 3000 places assises, mais il est souvent rempli. »

« Oui c’est ça, le foot repose sur un esprit fraternel, conclut le plus anciens de la bande. Regarde, on prend même du temps de répondre à ton interview, on est des types vachement sympas non ? » Éclat de rire général suivi d’un chant puissant en l’honneur de Dublin. Clic-clac la photo, une dernière gorgée de bière pour se donner le courage d’un  « Allez Jeunesse ! » en guise d’au revoir. Et oui Messieurs, à Esch aussi, le foot c’est toute une histoire !

Hubert Gamelon