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[Exposition] Luxe, calme et volupté à la Villa Vauban


Jeunes Napolitaines (Les Filles de Procida), toile de Guillaume Bodinier (1835).

Un peu de douceur dans un monde de bruts… Voilà comment pourrait se résumer cette nouvelle mise en lumière des collections de la Villa Vauban, autour des peintures du romantisme européen.

La musée présente une quarantaine de tableaux de peintres français, belges, néerlandais et allemands, en provenance de ses propres fonds. Parfois naïfs et kitsch, ils témoignent de l’attrait de la bourgeoisie du XIXe siècle pour la peinture romantique.

Difficile, d’emblée, de cerner l’ampleur d’un sujet tel que le romantisme dans la peinture européenne. Il y a, certes, des sujets récurrents (couples d’amoureux, paysages, foi et piété, nature et chasse…) et d’autres, plus généraux, propres au genre et à l’époque, post-rationaliste, comme le repli de l’individu sur la sphère privée, le sentiment et l’imagination. Mais, comme le reconnaît la Villa Vauban, la sélection proposée ici est «très éclectique», sautant de pays en pays (Belgique, Pays-Bas, France, Allemagne), et en équilibre entre différents mouvements picturaux (réalisme, orientalisme, naturalisme, peinture en plein air…).

Une palette bigarrée, donc, dont le «kitsch» et la «naïveté» n’empêchèrent pas les collectionneurs bourgeois d’y jeter leur dévolu au XIXesiècle, dont notamment Jean-Pierre Pescatore, qui «en a acheté beaucoup», explique encore le musée, lequel dispose dans ses fonds propres d’un ensemble de toiles témoignant des passions artistiques du philanthrope, comme en atteste d’ailleurs l’exposition «Images d’un monde serein». Aussi, pour éviter toute confusion dans ce fouillis chronologique, les œuvres sont classées par thèmes.

Les originaux à l’hôtel de ville

Le premier d’entre eux évoque les petits plaisirs du quotidien, dont semblent bien profiter Les Trois Commères de Louis-Aimé Grosclaude aux regards pétillants, œuvre toutefois mal accueillie à l’époque au salon de Paris (1841), sûrement en raison de sa trop grande simplicité. Plus loin, ce sont les amours et les rapports humains qui sont «idéalisés» – une autre habitude du romantisme – avec notamment Le Baiser d’adieu, de Jacques Edmond Leman (1856), représentant un couple d’amants étroitement enlacés sur un balcon rappelant Roméo et Juliette. Willem Johannes Martens pose ses amoureux devant un arbre, dans la fleur de l’âge puis sur le déclin. Deux «reproductions», révèle la Villa Vauban, les originaux étant restés à leur place… à l’hôtel de ville de Luxembourg.

Moins de sourires, ensuite, car la perspective devient plus large. Suivent ainsi quelques paysages avec plan d’eau et des marines qui imitent encore les maîtres néerlandais de l’âge d’or. En comparaison, les toiles datant du romantisme sont, dans de grands formats, plus démonstratives et plus réalistes – moins mystiques, donc. Par contraste, des exemples de l’école française mettent l’accent sur l’effet de la lumière et de l’atmosphère.

Une autre salle célèbre la chasse, passe-temps privilégié de la haute bourgeoisie, sous forme de natures mortes, elles aussi plus brutes, décoratives, mais d’une qualité technique indéniable. Dans la salle suivante, des tableaux aux sujets méditatifs et religieux montrent que les saints et les épisodes de la Bible ont disparu, pour laisser place à une croyance intériorisée et individuelle. Les deux muses représentées de manière antiquisante (Jeunes Napolitaines) semblent accepter en silence.

Grégory Cimatti

Villa Vauban – Luxembourg. Jusqu’au 5 mars 2017.

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