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Messi devant les juges pour s’expliquer sur l’affaire de fraude fiscale


Lionel Messi et son père Jorge Horacio Messi, le 2 juin 2016 devant le tribunal de Barcelone. (Photo : AFP)

L’attaquant star du Barça Lionel Messi est arrivé jeudi au tribunal de Barcelone pour s’expliquer sur l’affaire de fraude fiscale qui empoisonne sa brillante carrière depuis trois ans, à quelques jours du premier match de sa sélection argentine à la Copa America. Lionel Messi, 28 ans, est arrivé au tribunal vers 10h15 en compagnie de son père Jorge Horacio et de son frère Rodrigo.

Barbu, le joueur vêtu d’un costume sombre et d’une cravate noire sur chemise blanche était attendu par des dizaines de journalistes et de curieux massés derrière des barrières. La majorité a applaudi et ovationné le quintuple Ballon d’or. Mais à son passage ont aussi fusé les cris «petit voleur», «va jouer à Panama!». La star du FC Barcelone et son père doivent s’expliquer sur une fraude fiscale de 4,16 millions d’euros sur ses droits à l’image.

«S’il a fraudé il faudra qu’ils le condamnent. Peu importe que ce soit une idole ou un ballon d’or», disait un jeune homme de 25 ans, Jose Seco de Herrero, resté pour faire une photo de Lionel Messi. «Ce sont quatre millions d’euros en moins pour financer les hôpitaux, les écoles, les pompiers, les routes», a-t-il ajouté. «Bien sûr, je ne trouve pas bien ce qu’il a fait mais les supporteurs continueront à le soutenir», estimait un retraité de 70 ans, Andrés Lopez, lançant «avec le petiot, nous gagnons tout!» Le procès, entamé mardi, a repris avec l’audition d’experts du fisc.

«Maximiser la valeur» de Messi

Messi prendra la parole moins d’une semaine avant le match contre le Chili de sa sélection argentine pour la Copa America prévu le 6 juin à Santa Clara, en Californie (Etats-Unis). Les faits ne sont pas contestés. A partir de 2005, alors qu’il était encore adolescent, sa famille a fondé une première société offshore au Belize, petit Etat d’Amérique centrale considéré à l’époque comme un paradis fiscal.

Une structure destinée à encaisser les bénéfices tirés de l’utilisation de l’image de l’Argentin. Puis en 2007, cette société est remplacée par une autre compagnie fondée, cette fois, en Uruguay. L’objectif: «maximiser la valeur» des gains du footballeur, a expliqué mercredi devant le tribunal un avocat fiscaliste, Angel Juarez, chargé de mettre en place cette structure. Ce conseiller avait choisi l’Uruguay car les rendements des droits à l’image «n’y étaient pas fiscalisés». Car le jeune prodige, qui avait traversé l’Atlantique à 13 ans pour rejoindre le Barça, avait déjà un avenir.

Le 1er mai 2005, il était même devenu le plus jeune joueur de l’histoire du club à inscrire un but en Liga, face à Albacete. Il avait alors 17 ans, 10 mois et 7 jours… Le montage imaginé par les fiscalistes aurait permis au footballeur d’éviter de verser 4,16 millions d’euros d’impôts au fisc espagnol, correspondant à ses gains avec des compagnies comme Danone, Adidas ou Pepsi-Cola entre 2007 et 2009.

Messi, pas le gestionnaire

Une évasion fiscale présumée qui a valu à Messi – aujourd’hui l’un des quatre sportifs les plus riches du monde selon Forbes – 21 contrôles fiscaux à partir de 2013. Sans contester les faits, ses avocats tentent depuis le début du procès de démontrer qu’il ne gérait pas ses affaires, déléguant tout à son père, comme il l’affirme depuis le début. Les conseils n’ont cependant pas été en mesure d’expliquer quel rôle exactement avaient joué deux autres sociétés évoquées dans le dossier, l’une britannique et l’autre suisse. Selon le parquet, il s’agissait uniquement de sociétés écrans visant à masquer la fraude.

Ils n’ont pas non plus dit pourquoi Lionel Messi n’avait pas déclaré au fisc qu’il possédait 100% d’une société en Uruguay. Le joueur et son père ont déjà versé la somme qu’ils devaient au fisc plus les intérêts de retard, soit quelque 5 millions d’euros. Ils risquent une peine de prison de 22 mois et une amende équivalente au montant de la fraude. Cependant, s’ils étaient condamnés, ils ne devraient pas être incarcérés car en Espagne, les peines inférieures à deux ans ne sont en général pas exécutées en l’absence d’antécédents judiciaires.

Le Quotidien/AFP

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