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Grand-Est : les premières briques à l’édifice


Philippe Richert a défendu un budget qui pointe les forces et les faiblesses de la nouvelle entité géographique et politique. (Photo : RL)

Acte fondateur de la région Grand-Est, les 169 élus ont sacrifié hier au vote du budget de ce nouveau territoire. Adopté en soirée, à l’issue d’une séance marathon, sans les voix contre du FN et l’abstention des socialistes.

Critiques à gauche. Dézingage sur les bancs FN. Sans surprise, le vote du budget primitif (2,541 milliards d’euros) a suscité lundi à Metz le feu nourri de l’opposition.

«Manque de souffle», fuse Pernelle Richardot. La coprésidente du groupe PS déplore ainsi un exercice « pas à la hauteur des enjeux ». « Budget certes de transition, mais budget à part entière », épingle la Haut-Rhinoise, considérant là un rendez-vous « toujours emblématique de l’ambition que l’on se donne ». Soit tout de même un bémol au réquisitoire à la sulfateuse, dressé quelques minutes plus tôt par le frontiste Thomas Laval.

Fustigeant « la médiocrité d’un budget concocté à la va-vite », l’élu lepéniste s’en est pris à « l’envolée folle de l’endettement » que l’exécutif entend contenir entre 50 et 90 M€/an.

Cinq mois après le coup d’envoi, la mandature Richert maçonne la maison commune. Découlant – pour cette entrée en matière – d’une triple addition, le bouclage de l’enveloppe budgétaire pointe forces et faiblesses de la nouvelle entité géographique et politique. Laquelle résulte, grince Philippe Richert, d «une loi dite de décentralisation [qui] n’a jamais été aussi peu réfléchie dans ses effets et dans ses conséquences».

«Surmoi»

Tout en dessinant les dimensions XXL de ce territoire – « 1re région éolienne », « 1re région agricole », « 2e région industrielle », « 1re région pour la ponctualité des TER » – les superlatifs en pointent aussi et surtout les handicaps : « Chômage à la hausse », « décrochage accentué », « fuite des compétences », « éleveurs à la peine »… « Notre horizon est celui de la construction » entonne le pilote du navire refusant de « confondre vitesse et précipitation ».

Au diapason, le Vosgien Gérard Cherpion (Groupe majoritaire) renchérit : « Le plan 500 000 emplois, c’est 25 000 places supplémentaires dont 6 000 dès juillet, identifiées par rapport à des branches, des acteurs ».

Plus de 900 dispositifs articulent les orientations. Le transport capte à lui seul ¼ du budget (600 M€). Richert somme la SNCF de parer à la dégradation des 700 km de petites lignes TER, redoutant qu’une ardoise de 300 M€ ne plombe les comptes. Les marges de manœuvre sont certes maigrichonnes – absence de levier fiscal, baisse des dotations (- 40 M€) – elles n’en imposent pas moins des choix qu’articulent la révision du CPER (Contrat de plan Etat-Région) (2,120 Mds €) et la mise en musique des programmes européens (1,4 Md €)…

Faute d’un quelconque bilan, cette « année de transition » reste propice aux procès d’intention. Gauche et extrême droite intentent à Philipe Richert celui en partialité géographique. Julien Vaillant (PS) ironise sur « ce surmoi alsacien qu’il m’arrive parfois de ressentir ». Thomas Laval (FN), plus saillant encore, dénonce cette manière de « penser et d’agir en Alsacien qui ne laisse à Metz et à Châlons que les miettes ». La forme au secours du fond.

Xavier Brouet (Le Républicain Lorrain)

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