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Denis Baupin et les autres

L’affaire Denis Baupin, en France, a montré la semaine dernière la banalité du machisme. Dans ce cas, il s’agit du personnel politique de l’Assemblée nationale mais celle-ci n’est que le miroir de la société. Croire que ce qui se passe dans les travées du pouvoir est affaire exceptionnelle serait une erreur, tant l’attitude de Denis Baupin est symptomatique d’une certaine marche du monde. L’ancien vice-président de l’hémicycle est accusé d’avoir harcelé, pendant des années, proches et collaboratrices pour son bon plaisir.

Les excès machistes du quotidien ont longtemps obtenu en écho le silence gêné, voire la honte ravalée des victimes. L’affaire Baupin pourrait changer les choses, même si c’est peu probable. Car ce scandale est l’arbre qui cache la forêt de sociétés qui n’ont de cesse d’offrir un bonus, sinon le pouvoir, aux hommes. C’est un fait, combattu au nom du politiquement correct, mais qui a un bel avenir devant lui.

Il suffit de regarder, au Luxembourg comme ailleurs, la composition du gouvernement, de la Chambre des députés ou même la future organisation des élections législatives, pour constater que le machisme a un bel avenir devant lui.

Au Grand-Duché, les femmes sont toujours moins bien payées que les hommes. Elles sont toujours moins nombreuses à des postes à responsabilité et les listes électorales se contenteront l’année prochaine de 40 % de femmes pour être validées. Autant dire que les choses ne sont pas près de changer.

Ce n’est qu’en proposant aux femmes une société égalitaire, où leurs compétences seront reconnues comme celles des hommes, où leurs salaires ne seront pas pénalisés par leur appartenance au sexe dit faible que les «affaires Baupin» cesseront d’être.

Le progrès social passe, avant toute chose, par l’égalité des sexes. Tant que les femmes seront pénalisées parce qu’elles sont des mères potentielles, parce qu’elles courent moins vite ou parce qu’elles parlent moins fort, les harceleurs continueront à s’en donner à cœur joie.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)